Je l'avais pas revu depuis l'adolescence et ses émulations (j'étais un yeslife à cette époque, je bougeais partout et je parlais à n'importe qui) où on s'était retrouvé pour fumer nos premiers pétards
On a grandi dans le même petit village, fait les 400 coups ensemble
des petites et des grosses bêtises.
Après l'enfance, où c'était, au final, mon meilleur "copain" comme on dit quand on est petit, je l'ai perdu de vue et retrouvé comme je disais.
Puis on s'est (après l'adolescence) reperdu de vue. J'ai eu un certain parcours, des belles réussites mais aussi de grosses conneries. Et parfois, pendant ce temps, j'avais de très brèves nouvelles de lui et elles étaient pas reluisantes du tout (j'avais appris par un pote commun qu'il était dans la came : héroïne par injection). A ce moment, je fuyais ce genre de personne pour toutes les raisons possibles.
Je l'avais recroisé par hasard peu de temps avant qu'on m'annonce ça, et il semblait plonger dans une sale rengaine : je m'étais retrouvé en rave party (je ne me drogue pas, je fumais juste à l'époque, c'était pour tenter ce genre de fête et faire plaisir à un bon ami à moi qui me soulait pour que je vienne avec lui un jour)
J'avais bu une bouteille de whisky solo pour me la mettre vu que je prenais pas de drogue dure, puis à minuit/1h je gerbais et dormais dans la voiture de ceux qui nous avaient emmenés. J'ai été réveillé à 8h du mat encore bourré par l'ami d'enfance dont il est question, il buvait du rouge à pleines gorgées et avait les dents et lèvres toutes rougies.
Je crois que c'est la dernière fois que je l'ai vu.
Je pense à sa mère qui était littéralement l'archétype de la mère parfaite : douce, affective, tendre, souriante bref ... la mère que, moi, j'aurai voulu avoir.
Je pense à nos tours en vélo dans le bled où on a grandi ensemble.
J'ai perdu ma tante quelques semaines auparavant et j'ai peu pleuré, et pleuré non pas par le manque qu'elle laisse car je la côtoyais peu, mais pour mes 4 cousins et cousines qui se retrouvaient orphelins de père et de mère.
Mais là, ça m'a vraiment affecté personnellement. Ça m'a rappelé que personne n'est éternel. Ca m'a fait remonter touts mes souvenirs d'enfance. J'ai fais un tour dans le village et la campagne où on déambulait et franchement, ça m'a vraiment remué.
Je suis quelqu'un qui intériorise beaucoup et qui exprime peu mes émotions, mais là, seul face à ces lieux, ça m'a vraiment retourner l'estomac, sachant que c'est toute mon enfance qui est là, dans ce village.
J'y ai grandi avec ma soeur, d'autres copains mais lui, on a fait nos premières conneries ensemble.
Je me rappelle qu'il m'avait fait découvrir un immense figuier avec des fruits au gout de miel.
A l'adolescence, on a fumé nos premiers pétards dans ce village sans éclairage nocturne.
La cérémonie à l'église était à 10h le matin, y'avait toutes les vieilles têtes du village bien sur et les anciens potes d'enfance. C'était vraiment particulier déjà dès le départ. Ça peut paraitre un peu égoïste mais j'avais le sentiment d'avoir rendez-vous pour venir enterrer mon enfance en même temps que lui. (Pour précision j'ai 27 ans)
Son père a fait un discours très clair (il a parlé de son addiction à la drogue). Sa mère n'a pas parler.
Je les ai salué, et ils se sont souvenus de moi quand j'ai dis mon nom, ils ont tiltés d'un "Aaaah Snorer". Sa mère avait laissé une pile de photos de lui au funérarium avec son nom et ses dates au dos de chaque photo, écrits à la main. Ça me fait tellement de peine putain.
Parce que évidemment à cause de la came, il s'était isolé socialement (enfin isolé, oui isolé mais aussi mêler avec des mecs de son acabit à ce moment) et quand j'ai vu ces photos, ça m'a vraiment brisé le coeur car je me disais que sa mère hurlait à travers ça "Ne l'oubliez pas s'il vous plait, c'était mon fils"
Je ressens pas de culpabilité de m'être éloigné de lui car c'était logiquement pour mon bien (même si moi aussi je me suis mêler avec des gens tout aussi infréquentables) mais ce qui me fait mal, c'est cette mère qui voit son fils s'isoler dans la drogue dure, quasi impuissante, qui crie symboliquement à ceux qui veulent l'entendre que son fils a existé.
Bref, à l'extérieur de l'église , y'avait la clique (spoiler : de camés) avec qui il trainait avant de se S (parce que oui il s'est S à 26 ans, appelons-le B. pour la suite). Après la cérémonie, ses parents avaient prévu un petit apéro dinatoire pour le midi à la salle des fêtes du village. J'y suis allez un coup avec 3 potes d'adolescence qui, eux, n'avait pas connu B. pendant l'enfance. Et les camés aussi sont venus. Ils ont bu, bien sur, car impossible de se droguer à ce moment. Puis ils nous ont invité à boire une bière ( mes 3 potes d'adolescence et moi) chez un mec qui créchait dans les vignes de village dans un espèce de bungalow.
Arrivé la bas, j'ai compris que c'était la "ruche" (ceux qui connaissent un peu ce milieu apprécieront la métaphore) des qqs camés du coin : ça part, ça revient, ça gueule, ça se met des grammes de cames ... un taudis, un cloaque.
2 de mes potes sont parti et je suis resté un moment avec le 3ème.
Au milieu du taudis de camés, lui même au milieu des vignes, j'ai revu un autre pote d'enfance qui avait connu B. par mon intermédiaire. Dans la clique de camés, c'était les plus proches puisque, on trainait parfois les 3 étant ados. Ils ont surement du s'entrainer l'un l'autre.
Le fameux 3ème pote d'ado est resté pour se cuiter là au milieu ce fou, et moi je suis parti à pieds arpenter le village comme je disais.
Et sur le chemin du retour, à genre 200 mètres du "squat" des camés, j'ai croisé le demi frère de B. qui venait en voiture ... je l'avais vu 1 ou 2 fois max étant petit son demi frère, il a genre 5 ans de plus que nous.
Et j'ai encore pensé à leur mère putain, je me suis dit : 2 fils, 2 camés dont 1 S ...
J'ai tourné un peu dans le village, que je connais forcement par coeur.
J'avais le sentiment de pas vouloir enterrer mon enfance en même temps que B., comme je disais plus haut.
Pire, le sentiment de pas vouloir faire le deuil de mon enfance à travers le S de B.
Y'a un autre truc qui me tracasse même si c'est pas très rationnel : je me dis que lui s'est S alors qu'on a, grosso modo, eu la même enfance. C'est ses choix postérieurs et le chemin qu'il a pris par la suite qui l'ont entrainé là où il a fini c'est sur, mais je sais pas ça me remet en face de moi même et de mon enfance du coup...
Encore une fois c'est pas très logique, mais je me dis pourquoi lui s'est S (je sais pourquoi au fond : il s'est vu dans le miroir accroc à la drogue alors qu'il faisait beaucoup ça pour donner ""bonne image"" aux gens qu'il rencontrait) alors que moi, jamais de ma vie je n'ai eu de telles pensées. Ça me déstabilise énormément. Il serait mort d'une overdose, encore ça aurait été différent, mais là.
Mis à part la drogue, et je dis ça justement, il a eu une belle enfance comparé à la mienne (mère nevrosée, père parti du foyer puis revenu etc ...). Pour la suite (adolescence et début de vie d'adulte), pareil, j'aurai pu tomber la dedans moi aussi, finir alcoolo ou que sais-je.
Je me dis en fait, même si j'ai strictement aucune pensée ou intentions S "Qu'est ce que j'aurai du faire de ma peau si lui s'est S ?"
Au delà du deuil de mon enfance qui a du mal à se faire et je m'en suis rendu compte à ce moment, c'est ça qui me déstabilise le plus. Si quelqu'un de si similaire que moi (dans le vécu de l'enfance car c'est là que beaucoup de choses se jouent, et encore j'ai eu, sincèrement, une enfance bien moins dorée que la sienne qui était un peu pourrie gatée) s'est S, alors moi je ne devrais pas donner cher de ma peau ?
Je savais et sais, au fond de moi, que jamais ça ne m'effleurerait l'esprit, cela le devrait-il ?
C'est vraiment déboussolant. Pas au point de me poser la question/d'avoir des pensées/de remettre cette certitude en doute etc ... mais quand même.
Bref, ça fait du bien de cracher le morceau.
Si vous avez des questions, n'hésitez pas.
Et je certifie le nofake au cas où il y ait besoin.
J'ai tout lu ça fait de la peine pour sa famille.
Et ça rend très mélancolique.
Force à toi khey
Le 29 juin 2023 à 01:15:53 :
J'ai tout lu ça fait de la peine pour sa famille.
Et ça rend très mélancolique.Force à toi khey
Merci clef
J'ai énormément de peine pour sa mère, mais contrairement au décès de ma tante, déjà c'est plus intense que la tristesse que j'avais pour mes cousins/cousines
Mais en plus y'a cette enfance commune qui me fait tout remonter, et me déstabilise.
J’ai pas de question, mais je te réponds juste pour que tu saches que j’ai lu ton texte et que je te souhaites d’être le plus fort possible dans cette épreuve.
Ma sœur a perdu une de ses amies il y a un mois et je vois tous les jours le manque qu’elle peut ressentir.
Je ne sais pas trop quoi te dire, c’est dur dans de genre de situation d’utiliser les bons mots alors bin courage !
Le 29 juin 2023 à 01:17:38 :
Force à toi, c'est très touchant
Merci clef, j'ai encore les larmes aux yeux du message en parlant de sa mère au VDD
Quelle vie
Le 29 juin 2023 à 01:18:43 :
J’ai pas de question, mais je te réponds juste pour que tu saches que j’ai lu ton texte et que je te souhaites d’être le plus fort possible dans cette épreuve.
Ma sœur a perdu une de ses amies il y a un mois et je vois tous les jours le manque qu’elle peut ressentir.
Je ne sais pas trop quoi te dire, c’est dur dans de genre de situation d’utiliser les bons mots alors bin courage !
Merci clef, ça me brasse pas mal
Je voulais juste cracher le morceau
g tou lu
dur dur bon topic khey
quant à tes interrogations sur pourquoi lui et pas toi, et bien c'est le destin simplement
un petit changement suffit à faire tourner la chance d'un homme, ça se joue à chaque seconde, et ce depuis l'éternité
y a pas de comparatif possible entre deux personnes
par exemple un pote d'enfance a perdu sa mère à 20 ans (c'était il y a dix ans) et j'étais triste pour lui à l'époque
mais ça l'a endurci et il a maintenant une meilleure vie que la mienne
chaque situation renvoie une situation différente c'est simplement impossible de démêler les causes exactes qui emmènent un homme vers son destin car trop nombreuses et complexes pour être analysaient's
en fin de compte on revient tout à Dieu et la chance finit par tourner pour tout le monde (comprendre = on finit tous par avoir de la chance car mourir est une bénédiction)
Le 29 juin 2023 à 01:30:18 :
g tou luhttps://image.noelshack.com/fichiers/2018/34/7/1535238761-3135131356136364658468.png dur dur bon topic khey
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/34/7/1535238761-3135131356136364658468.png quant à tes interrogations sur pourquoi lui et pas toi, et bien c'est le destin simplement
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/34/7/1535238761-3135131356136364658468.png
Merci crayon, et c'est ce que je me dis aussi, mais ça me rend ultra mélancolique, ton stiquère me sauve la nuit heureusement
un petit changement suffit à faire tourner la chance d'un homme, ça se joue à chaque seconde, et ce depuis l'éternité
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/34/7/1535238761-3135131356136364658468.png y a pas de comparatif possible entre deux personnes
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/34/7/1535238761-3135131356136364658468.png par exemple un pote d'enfance a perdu sa mère à 20 ans (c'était il y a dix ans) et j'étais triste pour lui à l'époque
mais ça l'a endurci et il a maintenant une meilleure vie que la miennehttps://image.noelshack.com/fichiers/2018/34/7/1535238761-3135131356136364658468.png chaque situation renvoie une situation différente c'est simplement impossible de démêler les causes exactes qui emmènent un homme vers son destin car trop nombreuses et complexes pour être analysaient's
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/34/7/1535238761-3135131356136364658468.png
Des paroles très justes ça mon clef, merci
en fin de compte on revient tout à Dieu et la chance finit par tourner pour tout le monde (comprendre = on finit tous par avoir de la chance car mourir est une bénédiction)
C'est vrai que, même en ayant aucunes pensées S ou quoi que ce soit du genre, je saisis bien la libération de la souffrance que donne la mort quand elle arrive, en dépit de mon agnosticisme