Réflexions d’Olivier Mathieu et éloge de Dibu Martinez.
Récemment, j’ai fait un tour à Paris. Un tour qui a duré trois semaines. Artiste pauvre, dans la ville où je suis né, j’ai pu constater beaucoup de choses que, à la vérité, je savais déjà.
Par exemple, que beaucoup de mes amis, ou présumés tels, disparaissaient à ma vue ou, de préférence, évitaient carrément d’y apparaître, désormais. Ou encore que d’autres, quand nous nous sommes rencontrés, et bien qu’ils ne soient pas censés ignorer la situation dans laquelle je me trouve, ne poussaient pas la générosité jusqu’à me payer un café. Il est toujours cocasse, quand vous n’avez ni famille, ni amis, ni travail, ni argent, ni domicile, et même si vous ne voulez rien de tout cela, d’entendre des homoncules vous expliquer la gravité de leurs graves problèmes à eux, et les subtiles raisons pour lesquelles ils sont dans l’impossibilité de vous apporter le moindre secours.
Un ancien facho, aujourd’hui pseudo-artiste parfaitement intégré au Système (comme tous les fachos) et largement enrichi à millions, a soigneusement évité de me proposer la moindre aide, ce qui lui aurait pourtant été facile, étant donné ses moyens et le peu que j’eusse demandé.
Inutile de préciser que les amis de Roland Jaccard, suicidé en 2021, ont eux aussi gardé un silence total à mon égard. Ils n’étaient pas contents, il y a quelques années, que Roland ait (et manifeste publiquement) de l’amitié pour moi. Ou qu’il préface un de mes livres, et participe à un autre, et dise du bien de moi dans la presse (par exemple dans le “Service littéraire”, numéros 116 et 126). Cela les choquait amèrement. Cela les surprenait. Cela les emmerdait. Ils prenaient leur mal en patience. Une fois Roland mort, ils ont été débarrassés du souci d’avoir à faire semblant de m’apprécier, ou du fardeau d’avoir à fréquenter un infréquentable. (Les droitards, en France, n’aiment que les “infréquentables” qui leur ressemblent, les faux infréquentables, c’est-à-dire les néo-réacs suceurs de toutes les bites de la médiocrité et du conformisme).
Il y a tellement d’années que dure toute cette triste comédie. Mes conclusions sont inchangées. Dans un pays, la France, où il suffirait probablement d’aller sur Internet pour consulter les statistiques au sujet du nombre des réfugiés ukrainiens, ou des réfugiés russes qui fuient leur pays pour échapper à la conscription, ou des migrants, qui sont je suppose (de leur point de vue, c’est à espérer) logés et nourris ou bénéficient d’aides étatiques, il ne fait pas bon être un artiste, encore moins si on est un vrai artiste, et un artiste pauvre. Je n’appartiens évidemment pas à une communauté régie par des règles d’entraide. Je n’appartiens pas à une catégorie protégée. Et il en a été ainsi dès ma naissance. Or, qui n’appartient pas à une catégorie est mal vu. Les personnes qui sont des “hapax” ont toujours suscité incompréhension ou haine. Malheur à qui est un homme libre dans des milieux, par exemple les milieux de fachos obtus, où tout le monde se proclame “homme libre”.
L’idée que les pauvres - les vrais pauvres, sans exception - devraient avoir droit à une aide concrète et réelle est enracinée en moi. En particulier les artistes. Ce qui surprend est que certains soient aidés, d’autres pas. Ce qui frappe est de voir à quel point les Occidentaux en général, et les Européens en particulier, ont perdu tout sens de la solidarité, à supposer qu’ils l’aient jamais possédé. La solidarité est un devoir moral, résultant de la prise de conscience d’une quelconque forme d’interdépendance existant dans des groupes humains, et qui inciterait des hommes à s’unir, à se porter assistance réciproque, en tant que membres d’un même corps social. C’est là que surgit le problème pour moi, car je n’ai jamais fait ni voulu faire partie d’un corps social, et je suppose que cela se sent. Le petit bourgeois le renifle. Il se méfie. Pas d’humanité pour qui n’a pas sa carte de quelque parti, de quelque coterie, de quelque faction, de quelque chapelle, de quelque secte à l’intérieur d’un ”corps social”.
L’individualisme est ce qui caractérise les petits bourgeois d’aujourd’hui, c’est ce qui les a toujours caractérisés. Pas l’individualisme de génie, qui est une merveille rarissime. Mais l’individualisme des tous pareils et tous égaux, égaux à zéro. L’individualisme et l’avarice sont les mamelles de la modernité. L’indifférence. L’incapacité à avoir de l’admiration pour qui la mériterait.
Dans les déplorables milieux fachos, combien de cervelles aussi creuses que les nuques y sont rasées se lamentent sur le sort des écrivains de la Collaboration. Unique problème, s’ils avaient vécu à l’époque, ces militants n’auraient strictement rien fait pour les écrivains qu’ils disent admirer (et que, la plupart du temps, ils n’ont d’ailleurs jamais lus et encore moins compris). On pourrait en dire autant au sujet de plusieurs grands écrivains communistes. Les milieux fachos et communistes ont pour dénominateur commun d’avoir traité au plus mal leurs artistes. Chez les communistes, Nizan en a su quelque chose.
La seule vérité est que les petits bourgeois prétendent “aimer” des écrivains ou des artistes, mais seulement quand ces derniers sont morts. Rarement quand ils sont vivants et qu’il pourrait être question de songer à leur offrir l’hospitalité, leur acheter un livre ou une oeuvre d’art, ou leur payer un repas. Aujourd’hui Baudelaire est au programme du bachot mais de son vivant, les gens qui en 2023 disent “aimer” ses poèmes l’auraient laissé crever la gueule ouverte. Idem pour l’écrivain vénitien Ugo Foscolo, mort en exil dans la misère totale, aujourd’hui étudié par tous les écoliers d’Italie.
Les petits bourgeois aiment les écrivains et les artistes tant que cela leur permet d’ostenter de la “culture”. Et que c’est gratuit. Le Dieu des petits bourgeois, leur seule divinité, c’est le Fric.
Détail très amusant, ils me reprochent parfois de “dépendre d’autrui”. C’est très cocasse. Ils dépendent, eux, de leur salaire, ou des aides qu’ils quémandent à l’Etat. Mais c’est à moi qu’ils reprochent une “dépendance” vis-à-vis de je ne sais qui ou quoi.
Eux, qui se trouvent à mon avis dans une condition inférieure à celle des esclaves des temps antiques, reprochent à l’unique homme libre de cette époque d’être “dépendant”. Je ne suis pas allé à l’école, eux si. Je n’ai jamais travaillé, eux si onze mois sur douze pendant toute leur inexistence. Je n’ai pas fait mon service militaire, eux si. Je n’ai jamais voté, eux si. Je n’ai jamais regardé la téloche, la quasi totalité d’entre eux n’ont apparemment rien fait d’autre. Je n’ai jamais gobé leurs mythes, dont ils ont été gavés comme des oies. Récemment je ne me suis pas fait vacciner contre le Covid, eux si.
Et ce sont eux, les dépendants de tout, fils à papa qui ont dépendu toute leur vie de leur papa et du chèque qui tombait à la fin du mois, eux qui dépendent de qui leur a accordé un salaire d’esclavage, qui m’accusent d’être “dépendant”. Ils n’auraient pas supporté pendant deux jours ce que je subis et ce que j’ai fièrement provoqué la tête haute depuis des dizaines d’années mais ces braves gens m’expliquent ce que je devrais faire. Il y a quarante ans que je dis ce que je pense à ce sujet, il y a quarante ans que je mets en application ce que je dis, mais il y a quarante ans qu’ils ne pigent pas un mot à ce que je dis et continuent à me proposer leurs solutions minables.
Je me souviens avec émotion des derniers aristocrates que j’ai encore connus. L’un d’eux habitait Faubourg Saint-Germain. Jean-Charles, ancien résistant, descendant d’une des plus anciennes familles de France, me donnait plusieurs fois par an trois ou cinq mille euros en s’excusant de ne pas pouvoir faire davantage, mais pris de remords me demandait si cela me suffirait et, au dernier moment, ajoutait une petite liasse.
Je me souviens avec émotion des gens du peuple que j’ai encore connus. Aristocrates et gens du peuple sont généreux, en argent et en émotions. Les petits bourgeois, eux, ne sont généreux qu’en discours moralisateurs. Jamais un aristocrate, jamais mon ami sculpteur Arno Breker, jamais mon ami Roland Jaccard, jamais un homme du peuple (certains ne savaient ni lire, ni écrire) ne m’ont dit ce que, selon eux, je “devais” faire. Ils ne se seraient jamais permis.
Les petits bourgeois de pseudo-”droite”, eux, me disent ce que je “devrais” faire. Ils me suggèrent par exemple de demander le RSA ou de travailler. Eux qui ne semblent pas nourrir de sympathies pour la France de Macron, voilà que quand il s’agit de ne pas mettre la main au portefeuille, ils me conseillent soudain de m’adresser aux institutions qu’ils sont censés détester. (Ils travaillent, ils me parlent de leurs difficultés à eux, puis me conseillent de travailler: le ridicule ne tue pas).
Une de mes connaissances, de pseudo-”gauche”, me cause depuis des années de son rejet du salariat et du capitalisme. Quand je lui ai suggéré de me recevoir quelques jours, ses discours sont devenus identiques aux discours des droitards et, pourvu de ne pas devoir m’aider personnellement, il s’est mis à me vanter les mérites des aides sociales accordées par l’Etat. Il suffit de leur demander quoi que ce soit pour que les plus niais des droitards ou les plus farouches des gauchistes se mettent à couvrir d’éloges, en des termes quasi pétainistes, les vertus du “travail”. L’humanité est si drôle que c’est un régal.
Pendant mes trois semaines à Paris, j’ai aussi rencontré par hasard des gens que je n’avais pas vus depuis cinquante ans. Ils m’ont hébergé pendant quelques jours, non sans quelque difficulté. Comme j’avais pris froid, et que je toussais, ils étaient terrorisés à l’idée que j’aie le Covid. Le monde moderne, il suffit dorénavant que tu tousses pour qu’on te regarde comme le propagateur de l’imaginaire peste. Relisez les “Promessi sposi” de Manzoni.
Ils m’ont exposé aussi qu’ils avaient lu des livres de moi, des romans qui datent d’il y a plus de vingt ans, où je décrivais mon expérience de clochard. Ainsi ces chers amis, propriétaires de plusieurs maisons et appartements à Paris, en banlieue et en province, toutes maisons desquelles ils ont hérité (voilà sans doute l’avantage d’avoir une famille, dont j’ai par bonheur été préservé par l’existence), m’ont-ils déclaré que comprenant que j’étais clochard, ils avaient décidé de rompre toute relation avec moi. Amusante sincérité. Bouleversante sincérité.
Ces bourges n’avaient nullement pensé que tiens, puisque j’étais clodo, ils allaient m’aider (ou m’héberger dans l’un de leurs appartements vides). Non, ils avaient décidé qu’ils n’allaient surtout pas m’aider. On ne prête qu’aux riches, CQFD. Ces richards m’ont même traité “d’anarchiste”, non sans un frisson dans la voix à l’idée de fréquenter un anar.
Tout cela consent maintes conclusions sur la nature humaine, où 99% des hommes obéissent au conformisme, à l’individualisme de masse, et à l’avarice. Et maintes conclusions, aussi, sur l’évident destin de l’Europe et de la société française en particulier.
Bref (à quelques exceptions près, celles de rares personnes qui m’ont apporté leur concours, notamment mon éditeur et aussi un poète parisien), j’ai pu vérifier de nouveau à quel point le conformisme ne cesse de gagner du terrain. Il suffit aussi de regarder dans les vitrines des galeries d’art les merdes parfaites qui y sont exposées. Je défie qui que ce soit de me montrer une seule œuvre d’art belle dans quelque galerie d’art “moderne” ou “contemporain”. Les rarissimes personnes qui sont (ou semblent) douées au moins en apparence d’un rien de goût sont très souvent, tout pareillement, des “consommateurs”. De la sorte, dans la société d’aujourd’hui, qui osait encore il y a quelques années se dire ou se croire “avancée”, tout se caractérise par la multiplication des faux désirs et des besoins individualistes de masse et collectivistes. Au moins depuis 1945, la consommation la plus capricieuse règne, et porte les gens à convoiter des objets futiles mais aussi des oeuvres d’art qui sont elles aussi des « gadgets » dépourvus de toute vertu esthétique, philosophique ou artistique.
Ceci vaut naturellement aussi pour les amateurs, ou pseudo-amateurs de David Hamilton, souvent de simples frustrés, et toujours - je me répète - des consommateurs. Ils ingurgitent, ils avalent, sans comprendre quoi que ce soit, sans savoir quoi que ce soit, sans sentir quoi que ce soit. Ils ingurgitent, ils avalent, ils chient, ils ne vivent pas et à peine - les bienheureux - s’ils meurent. Une salade, au demeurant, a-t-elle conscience de la mort? D’ailleurs mourra-t-on encore alors que Moderna annonce des vaccins (obligatoires?) contre le cancer et contre l’infarctus? A quand les vaccins contre la mort? Les petits bourgeois consomment de la “culture”, ou de la non culture, ou de la sous-culture, histoire de passer le temps de leurs vies inutiles. Et j’ai décidé de fermer le blog sur le photographe, au bout de six ans, parce qu’à part Roland Jaccard je n’ai guère connu pour s’intéresser à David Hamilton que des médiocres, des suivistes, des pédants, des voyeurs, des malades mentaux ou des nullités. Un blog comme celui-là demande des centaines d’heures de recherches. Il demande d’engager des frais. Le résultat a été que certains étaient ravis de lire des articles originaux, de se faire offrir des livres par mes soins, ou de consulter des documents dont ils n’auraient jamais entendu parler autrement. Mais pas un ne songeait à faire jaillir un billet de dix euros de sa poche et s’il le faisait, c’était à croire qu’on lui eût arraché le coeur. Toute cette épaisse et trop humaine nullité a fini par me péter les couilles.
Pourquoi mes amis, ou parfaitement présumés tels, devraient-ils m’aider? Ils devraient le faire par simple admiration, pour commencer. “On n’est jamais très sensible au beau sans être vivement blessé par les impressions que fait le laid. Je suis en cela fort différent d’opinion avec les gens du monde qui se plaisent en général dans une atmosphère de médiocrité qui étouffe les sentiments d’admiration ou de haine”, écrivait E.-J. Delécluze dans son Journal, en 1825. Il avait tout dit.
Mais le petit bourgeois d’aujourd’hui n’a plus aucune idée de ce qui est laid. A moins qu’il ne soit carrément amoureux de la laideur. Il ne sait plus ce qui est beau. Il raffole, comme l’écrivait Delécluze, des atmosphères de médiocrité, qui étouffent le sentiment de l’admiration. L’aristocratie est morte, il n’y a plus de peuple. Tout au plus demeure-t-il une plèbe de petits bourgeois.
Il n’est donc que parfaitement logique que le dernier homme libre refuse l’esclavage du tripalium, refuse d’aller mendier dans les bureaux des assistantes sociales, refuse le conformisme du centre et le conformisme des extrêmes, refuse d’obéir aux slogans grégaires, refuse de s’affubler des drapeaux aux couleurs qui, en 2023, sont à la mode. Il est logique qu’il se retrouve clochard, artiste pauvre, sans amis et sans aide.
Aider un artiste, aider un homme libre, aider l’homme libre de cette époque, voilà quelque chose dont l’idée dépasse mes contemporains. Ils passent leur temps courbés sur leurs téléphones, ils publient leurs immondices sur les réseaux sociaux, la société d’Internet leur permet d’exprimer leurs opinions à condition que ce soit des opinions autorisées. Big Brother encourage d’autant plus les illettrés à donner leur avis que, de la sorte, ils se placent tous sous surveillance.
Mais si je suggère à qui que ce soit de faire de la publicité à mes romans, soudain tous font marche arrière. Ils ne sont ni courageux, ni intelligents, ni originaux, c’est certain. Ils évoluent comme des poissons dans l’eau dans la société actuelle. Les moins ignares d’entre eux cultivent des lectures dont ils vivent la lettre, jamais l’esprit. La liberté de pensée est devenue elle aussi un slogan et une activité à pratiquer en secret. De la masturbation intellectuelle pour des personnages snobs, passifs et privés de la moindre sève créatrice.
Le concept d’humanitaire, qui s’attachait hier à soulager l’humanité souffrante et à venir en aide aux hommes dans le besoin ou dans la détresse, a été dévoyé et ne considère plus l’humain que dans sa dimension massifiée et collectiviste. Les destins individuels n’intéressent plus personne. L’individualisme a tué l’individuel. Tout ceci serait désolant, si ce n’était risible.
Et voilà quelques-unes des réflexions que j’ai pu faire à Paris, tout en essayant de ne pas être renversé par un vélo. Les conducteurs de vélos, à Paris, se prennent apparemment pour les rois de la rue et, très souvent, le code de la route ne semble pas les concerner. Ne parlons pas, sur les trottoirs, de la nouvelle mode des trottinettes conduites par des missiles humains, ou présumés tels, souvent munis de casque et parfois de masques anti-covid. Ce qui veut dire qu’en cas de collision avec un passant, par exemple une vieille dame ou un enfant, le chauffard aura probablement l’opportunité de s’échapper ni vu ni connu en frétillant du fessier sur sa trottinette (malgré les milliers de caméras qui espionnent les faits et gestes des citoyens, en attendant d’ici quelques années, je le crains, la reconnaissance faciale généralisée). En Italie, ces jours-ci, à Milan, un cycliste a tué une vieille dame. D’avance, toutes mes condoléances aux futures victimes des trottinetteurs parisiens.
Aller à Paris n’a pas signifié seulement entamer un parcours du combattant pour éviter de mourir sous les roues d’une bicyclette ou d’un trottinetteur casqué sur son engin d’acier lancé à toute allure. Cela a signifié aussi m’évertuer à comprendre, en quelques occasions, le sens des phrases que m’adressaient les Parisiens ou les banlieusards d’aujourd’hui. Il m’est arrivé souvent de les prier de répéter les syllabes qu’ils proféraient, en les priant de bien vouloir m’excuser si je ne saisissais pas, bien que je ne fusse point sourd, le sens de leurs propos. Et moi, qui ai été élevé dans l’amour de la langue et observe scrupuleusement et comme il se doit les liaisons phonétiques, j’ai pu m’apercevoir que les personnes avec lesquelles je parlais ne comprenaient pas ce que je disais, y compris parfois des phrases qu’il me paraissait pourtant articuler fort convenablement, et malgré que j’évitasse soigneusement d’employer des vocables trop compliqués, ou des passés simples ou des imparfaits du subjonctif, encore parfaitement courants en Italie mais évidemment complètement anachroniques en France. A Marly-le-Roi, ville de mon enfance, j’ai écouté avec une certaine stupeur des groupes d’adolescents: la langue qu’ils parlent n’est déjà plus celle que les enfants de mon époque parlaient il y a cinquante ans.
Dans une semaine ou dans un mois, les protestataires contre la réforme des retraites iront à la niche, comme les gilets jaunes sont allés à la niche. Un pays dont le président a pour projet (parlez-moi d’un projet) de faire trimer les gens jusqu’à 64 ans, et dont les habitants protestent parce qu’ils devraient travailler non pas jusqu’à 62 mais jusqu’à 64 ans, est un pays qui a son avenir derrière lui depuis longtemps. C’est donc acceptable de bosser jusqu’à 62 ans et cela devient intolérable entre 62 et 64 ? Heureusement que Guy Debord ne voit plus tout cela…
Quelqu’un pense donc que s’il n’a rien fait de sa vie jusqu’à 62 ans, tout va changer entre ses 62 et ses 64 ans?… Personnellement, s’il m’avait fallu “travailler” un seul quart d’heure dans ma vie, je dis bien un seul quart d’heure, je serais mort d’ennui et surtout de honte. Et mes aïeux et aïeuls se seraient retournés dans leurs tombes.
La France est minée par l’illettrisme, la France est minée par la perte de toute éducation (à commencer par ce que l’on appelait jadis la politesse épistolaire), la France est minée par son incapacité à créer le moindre art digne de ce nom. L’Occident est entré depuis des dizaines d’années dans sa longue agonie terminale. Elle se prolongera encore un peu et je n’en verrai pas la fin, dommage. L’an prochain, Macron sera remplacé par son successeur. J’ignore qui sera ce successeur mais je regarde les photos de Macron (hier, j’ai exulté de nouveau en regardant la finale entre l’Argentine - merci encore à Dibu Martinez, son extraordinaire gardien de but - et la France, y compris les images où l’on voit Macron) et j’imagine ce que, après Macron, ce sera. Enfin, j’essaye d’imaginer. Il y faut du courage.
Et l’Occident va continuer à glisser sur la pente verticale de sa décadence. La langue est morte, l’art est mort, les amoureux de la servitude volontaire auront le pitoyable sort qui sera aussi celui des fausses élites qui s’imaginent, bien à tort, rebelles. Et en somme, le spectacle de la vaste ignominie me réjouit infiniment.
Il est édifiant de constater que le monde moderne n’a plus besoin d’artistes et d’esprits libres.
Il est dommage que n’existe plus aucun artiste comparable à ce qu’est Dibu Martinez pour le “ballon au pied”, comme écrivaient encore il y a moins de cent ans, les meilleurs écrivains, par exemple Duhamel, et que les Céfranglais d’aujourd’hui appellent, puisqu’ils causent angliche, le “football”.
Olivier Mathieu.
glu quelques mots par ci par là
il a le seum
J'ai tout lu, c'est plutôt nul, que du ressentiment d'un vieillard dépassé par son époque. Pourquoi se croire unique quand littéralement tous les boomer pensent comme lui
On parle bien du Olivier Mathieu qui voulait une minute de silence pour les allemands bords à Dresde ?
https://youtu.be/-z45H4OaJNQ
Le 19 mai 2023 à 12:21:19 :
On parle bien du Olivier Mathieu qui voulait une minute de silence pour les allemands bords à Dresde ?
https://youtu.be/-z45H4OaJNQ
Oui.
le mec critique les petits bourgeois qui au moins lisent des livres et aiment des écrivains, pour ensuite se plaindre de l'illétrisme...
c'est sur que les prolos french dreamer spé tiktok et télévision ils lisent beaucoup eux