JULIEN vit le FRENCH DREAM

Le Julien avec sa Coralie, petit pavillon à crédit sur 25 ans, deux enfants turbulents, le dej au flunch le samedi, chez ses beaux-parents le dimanche. En prime, les reproches de belle maman ' tu pourras en faire plus au travail pour avoir une promotion et offrir des vacances exotiques à Coralie'. Le Julien qui soupire, se projette 5 ans en arrière, quand il trainait sur le forum, que tout lui semblait possible. ' ' PNJ ? Moi, jamais. J'ai une meuf en or, projet maison et bébé, je vais monter ma boite, from CDI de prolo to Elon Musk ' ' Aujourd'hui, le Julien profite de ses rares moments en solo, dans les toilettes de ce taff qu'il déteste, pour se toucher sur le hub. Et oui, la Coralie fine et caline a laissé place à un orc du Mordor quand il s'agit de glisser la main sous sa culotte. Quand c'est pas un non glacial, c'est ' ' fais vite, je suis fatigué ' '. Le Julien se demande parfois s'il n'est pas redevenu puceau par la magie de cette étoile de mer vénéneuse.

Lui qui rêvait d'une voiture de sport, se ballade, résigné, dans sa scenic avec le pare-soleil Reine des Neiges. Parfois, lorsque Coralie dort, le Julien ne peut retenir une larme, se demande comment il en est arrivé là, piegé par l'illusion d'une vie à réussir en se mariant et fondant sa famille. L'illusion d'une sexualité facile, de l'amour, de repousser le spectre de la sollicitude qui le hantait dans sa jeunesse. Mais le Julien ne peut se permettre de rester réveillé aussi longtemps, il doit dormir, car il se lèvera tôt. Les embouteillages, c'est quelque chose, vous savez.. Et puis, s'il arrive en retard, son patron ne lui pardonnera pas. Il faut bien qu'il decroche un jour cette maudite promotion, ne serai-ce que pour faire taire cette harpie de belle-mère. Alors il dort, le Julien, mais hanté par l'image de Coralie qui envoie des sms discrètement lorsqu'elle le croit occupé à mettre les spaghettis dans l'eau. Qu'importe pour le Julien, de toutes façons, il a déjà perdu. Les kheys avaient raison.

Ma vie.

Jérôme se réveille dans une chambre banale, aux murs blancs et aux meubles Ikea. Il baille, s'étire, puis jette un coup d'œil à sa montre. Il doit partir travailler dans moins d'une heure. Il se lève et se dirige vers la salle de bain. Le lavabo est petit, en porcelaine blanche. Il s'asperge d'eau froide pour se réveiller. Il a l'habitude de ne pas prendre de petit-déjeuner, mais boit un café soluble, avec une tartine de pain de mie. Il regarde distraitement les informations à la télévision, puis éteint avant de partir pour éviter de se mettre de mauvaise humeur.

Jérôme monte dans sa voiture, une vieille Peugeot d'occasion qu'il a achetée sur le bon coin. Les sièges sont déchirés, et le tableau de bord est fissuré. Il met le contact, et la voiture démarre en toussant. Il se rend à son travail dans une SSII, en empruntant les routes embouteillées de la banlieue parisienne. Il voit défiler les mêmes immeubles et les mêmes enseignes, comme s'il était prisonnier d'un labyrinthe sans fin.

Jérôme a un emploi stable, mais le travail qu'il effectue est loin d'être passionnant. Il travaille dans une entreprise de taille moyenne, où l'atmosphère est morose et les collègues distants. Les journées sont longues, répétitives et ennuyeuses, ponctuées de phrases creuses comme "deadline" ou "task force". Il n'a aucune reconnaissance pour son travail, ce qui est normal étant donné qu'il est facilement remplaçable. Les objectifs sont impossibles à tenir, et Jérôme passe la majorité de ses journées à regarder l'horloge en se demandant combien de temps il devra encore rester avant de pouvoir rentrer chez lui.

Il se souvient parfois de son rêve d'enfant, de devenir pilote de chasse ou astronaute. Mais maintenant, il est un simple ingénieur peu qualifié d'une école de rang D, coincé dans un travail aliénant et fatiguant, aussi bien physiquement que mentalement. Il regarde les heures défiler, et les objectifs qu'il doit atteindre sont impossibles. Le stress et la fatigue l'assaillent, mais il doit continuer à travailler.

Le soir venu, Jérôme rentre chez lui, fatigué et anxieux, en sachant qu'il devra recommencer le lendemain. Sa femme, Chloé, est sur son téléphone, scrollant sans fin sur les réseaux sociaux. Elle le critique souvent pour son manque d'ambition, et lui reproche de ne pas offrir une vie meilleure à leur famille. Jérôme se sent jugé et incompris.

15 heures. Stéphane enlève ses crocs. Il s'installe sur son canapé. A la télé, chasseur d'appart' sur M6. C'est Magalie qui a choisi le programme. Bien évidement, sous son plaide, et à force de scroller sur Instagram, elle s'est endormie. Stéphane l'a contemple. Elle n'est pas coiffée. En pyjama, elle n'a pas non plus prit la peine de se maquiller. Elle est là, blottie contre lui.

Il attrape la télécommande et tente de changer de chaîne. Il tombe directement sur un match de foot. Ça fait une éternité qu'il n'a plus regardé un match de foot à la télé. Lui qui y jouait tant quand il était jeune, et célibataire. Il a de la chance, le Real de Madrid reçoit Barcelone. Un sacré spectacle ! Magalie ouvre alors les yeux, lui somme de remettre Chasseur d'appart, puis retombe dans son sommeil une poignée de minutes plus tard.

Stéphane regarde sa montre. 15 heures 30. Il se lève discrètement du canapé. Il fume dans le garage, sans un bruit. Il caresse son labrador blanc, lui qui est si gentil. Le chien remue la queue puis se couche près de son maître. Stéphane a fini sa clope. Il attrape les sièges-enfants et les installent dans le Scénic dont l'aile droite est enfoncée depuis plusieurs mois. Il n'ont pas d'argent pour la changer. Ou du moins, Magalie ne veut pas que son homme mette de l'argent dans les réparations. Ils doivent économiser pour partir rejoindre les parents de Magalie au camping de Saint-Valérie sur Somme au mois d'août.

Il installe les pare-soleils "reine des neiges 2" sur les vitres arrières. Il regarde son téléphone. Tient, le match est fini. Deux partout, un beau match d'après le résumé d'SFR sport. 15h45, il réveille ses "louloutes" et Magalie.

C'est l'heure d'aller à l'anniversaire de Josiane, la mère de Magalie. Stéphane en a pour deux heures de route, il roulera prudemment, même s'il connait très bien la route. Il sont en route pour manger un bout de gâteau et boire une coupe de champagne. L'oncle Laurent racontera sa même histoire "drôle" pour la énième fois. Stéphane espère que Magalie ne racontera pas sa vie à sa mère pendant trop longtemps. Demain, c'est Lundi. Le réveil est déjà prêt. Il sonnera à 05h45.

Loic se leve à 3h00 du matin pour se rendre au travail, c'est long une heure de route mais la région est sinistrée question emploi donc pas le choix. Une heure à se retenir de dormir en route, matinée harassante, chef boomer sur le dos, 8h00 de boulot, à midi enfin le droit de quitter cet enfer, de nouveau une heure de route pour rentrer en écoutant France Bleue.

Une fois arrivé à la maison petit riz au ketchup car madame est trop fatiguée d'avoir du amener Timéo et Emma à l'école à 9h00 pour les recup à 12h00 et d'avoir suivi les "influenceuses" de la TV réalité sur les réseaux sociaux pendant trois heures voir d'avoir rien foutu si c'est les vacances.

Ce Brave Loic est il enfin tranquille ? Bien sur que non, c'est justement les vacances scolaires donc il commence sa seconde journée car Morgane a décidé qu'elle s'était assez occupée des loulous pour aujourd'hui et qu'il faut qu'il assume son rôle de père. Du coup Loic va passer le reste de sa journée à faire le ménage, à s'occuper des enfants, pendant que madame passera du téléfilm de M6 aux émissions de TV réalité en scrollant encore et encore sur son téléphone.

Le soir il aimerait bien regarder un film qui lui plait mais non il regardera The Voice puis ne pourra pas toucher sa femme car les loulous dorment au milieu.

Après quelques heures de sommeil retour dans la boucle infernale.

Quand la famille de Morgane passe à la maison elle le trouve bien con ce Loic peu aimable, après tout ce n'est pas comme s'il était en manque cruel de sommeil et de détente.

Frontal dans un 45 tonnes...

Vrai talent d'écriture, on s'y croit

Le 26 mars 2023 à 07:41:31 :
Frontal dans un 45 tonnes...

N'exagérons rien non plus

Excellent khey. Le french dream fait peur. Par contre quel dream choisir ?

"N'exagérons rien non plus"

Toi tu ne le vis pas encore vraiment le dream pour dire cela...

Le Riche Dream le top du top

C'est quoi l'alternative ressemblait à Stéphane Édouard ?

Le 26 mars 2023 à 07:56:13 :
Le Riche Dream le top du top

Tout devient fade une fois riche car on n'a plus l'espoir que les choses matérielles nous transcende.

Peut être le religieux dream

"D'après une histoire vrai "https://image.noelshack.com/fichiers/2017/39/3/1506463227-risitaspeur.png

Les routines déprimantes

Bien écrit mais il manque les illustrations

Célestin, 27 ans se réveille à 13h dans sa chambre au premier étage de la maison de ses parents. Rien n'a changé dans cette pièce depuis son enfance, les posters de ses animés préférés ornent le dessus de son lit et recouvrent partiellement un papier-peint jauni par le temps et une frise du livre de la Jungle posée au début des années 2000. L'air est humide et une légère odeur marine émane de son tiroir à chaussette.

Il commence sa journée passivement devant son site de jeux-vidéo favori, il clique sur l'onglet FORUMS, scroll frénétiquement en bas de page et clique sur le lien de son espace de discussion favori. Ces mouvements il les connait par cœur et les exécute à la perfection. Le 18-25, c'est son territoire, l'endroit où il a passé le plus clair de son temps libre durant la moitié de sa vie.

Sur ce forum il se sent important, l'absence de like et de follower le met sur un pied d'égalité avec le reste de la communauté. L'anonymat total couplé à un bon VPN lui permet de poster sans crainte et de faire tomber le masque qu'il porte en société. Ici, il se sent exister et compris par les autres membres de la communauté. Dans la vraie vie et sur les réseaux sociaux il n'est personne, mais sur ce forum il est FionDeSchiappa, un forumeur du niveau 9.
Célestin a l'impression d'être important sur ce forum, il s'intéresse à l'économie, à la politique, à la philosophie, il produit des méta analyses sur la société tout en étant incapable de ranger sa propre chambre.

Chacune de ses journée se ressemble, il parcourt le forum à la recherche de divertissement, mais tombe majoritairement sur les mêmes topics ennuyeux, il nomme ce phénomène la boucle. Parmi cette masse de message insipide se cache néanmoins quelques pépites. Ces stimulations aléatoires et intermittentes permettent de renforcer son addiction, exactement comme au casino ou sur un jeu vidéo.
Le forum, cette arme de distraction massive créée de manière organique, cet exoparasite numérique qui se dévore le temps et la motivation de ses utilisateurs.

Cette négativité bordel c'est présenté comme une fatalité alor qu'il y a des dixaine de facont d'en sortir a plusieurs moments dans ton récit

Je comprends trop les riches qui font tout pour défendre leurs privilèges en maintenant Macron au pouvoir, abrutissant les masses avec la télé etc... pour ne pas avoir cette petite vie de golem de merde.

Le Rêve Français (Logement, travail stable, femme et enfants) reste un idéal non atteint pour plus de 90 % des clefs, hein.