Rastapopoulos3
2023-02-07 23:54:02
Tiré du journal "Le Tell" (journal des intérêts coloniaux), daté du 20 Novembre 1948
Extrait :
Vers la fusion des races des populations algériennes ?
Après la fusion des races européennes - durant le premier siècle de la présence française en Algérie - par les colons venus s'implanter dans la Colonie, est-il permis d'envisager celle des populations algériennes ?
« Pourquoi donc cette heureuse assimilation ne se réaliserait-elle pas un jour, avec les antiques races berbères et les autres populations que l'histoire a fixées dans ce pays ?
« Comment vivent aujourd'hui sur cette terre d'Algérie, Européens et Musulmans ? Côte à côte, sans interpénétration, sans, au fond, véritablement se connaître. Les relations amicales, cordiales, entre familles musulmanes et familles européennes d'un rang social égal sont la minorité, sinon l’exception. Je sais fort bien que cet état de choses n'est pas le résultat d'un parti-pris délibéré d’ignorance réciproque, mais bien plutôt la conséquence de modes de vie différents, de traditions culturelles et religieuses distinctes.
« Je pense et je dis qu'un très grand effort doit être accompli pour franchir ces barrières, et que cet effort doit venir aussi bien des personnalités musulmanes amies de la France, que des européens amis de l'Islam.
« Je le dis avec sérénité, sachant que de telles paroles peuvent paraître hardies, qu'elles choqueront peut-être plusieurs de mes auditeurs, mais je le dis avec une profonde conviction : je souhaite de toute mon âme qu'après une longue et solide imprégnation de leur esprit, par la langue, par les mœurs et par l'idéal français, je souhaite que tous les enfants qui fréquentent les mêmes écoles françaises, réalisent d’abord l'unité des âmes et des cœurs. Ils pourront ensuite préparer un deuxième centenaire, en l’an 2030, où il n'y aurait plus qu'une seule population algérienne. J'ai l'intime conviction que ce n'est que par ce moyen que l’Algérie remplira durablement sa destinée de terre indéfectiblement française ».
C'est, bien sûr, par une action à la fois prudente et audacieuse sur l'enfance musulmane que sera précipitée l'évolution nécessaire et assurée la réalisation de ces vues hardies.
« A quoi cela sert-il d’instruire une fillette musulmane, de la pénétrer de la culture française et de la mettre en contact avec des fillettes européennes de son âge, et même de lui faire adopter leur mode de vie, si, lorsqu'elle devient jeune fille, elle doit, sans recours possible, prendre le voile ancestral, et se cloîtrer ?
Dès lors s'impose le parallélisme de l'éducation qui permettra à tous nos enfants de se connaître et de s'estimer, « de s'ouvrir réciproquement leurs demeures, de réaliser enfin, en quelques générations, cette grande famille unie que doit être, pour le deuxième Centenaire de l'Algérie, la population algérienne ».
Alors, s'adressant au Gouverneur Général, M. Averseng conclut :
« Mais pour mener à bien cette entreprise, la continuité des vues, des intentions et de la volonté est indispensable. Nous vous demandons d'accepter de rester à la tête de l’Algérie aussi longtemps qu’il le faudra pour assurer les fondations de ce grand œuvre, qu’il n'est pas interdit de voir s'achever au cours du siècle à venir. Alors les trois départements algériens seront vraiment, par le cœur et par la chair de leurs enfants, une partie bien vivante de la grande communauté nationale de la Mère Patrie ».
Source : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5058276p/f4