Alors qu’Alexandre le Grand, roi de Macédoine, était en route pour l’Inde, il rencontra Diogène sur son chemin.
C’était un matin d’hiver, une brise fraîche soufflait et Diogène était étendu au bord de la rivière. Nu sur le sable, il prenait un bain de soleil. C’était un homme magnifique : d’une belle âme émane toujours une beauté qui n’est pas de ce monde…
C’était un homme d’une telle grâce qu’Alexandre ne put en croire ses yeux. Il fut émerveillé :
« Sire » dit-il… (de sa vie, il n’avait jamais parlé ainsi à personne…)
« Sire, je suis extrêmement impressionné par votre présence et je désirerais faire quelque chose pour vous. Y-a-t-il quelque chose que je puisse faire ? »
« Oui, ôte toi de là, tu me caches le soleil ! » répondit Diogène, « Cela suffira. »
Alexandre le Grand reprit : « Si j’ai une nouvelle chance de revenir sur Terre, je demanderais à Dieu qu’au lieu de me recréer en Alexandre, il fasse de moi un Diogène ! »
Diogène rit : « Qui t’empêche de l’être à présent ? »
« Où vas-tu ? Pourquoi toutes tes troupes sont-elles en mouvement ? »
Alexandre lui répondit : « Je vais en Inde. Je veux conquérir le monde. »
« Et ensuite, que feras-tu ? » s’enquit Diogène.
« Après, je me reposerai. » déclara Alexandre
Diogène éclata de rire : « Quelle sottise. Moi, je me repose maintenant, et je n’ai pas conquis le monde ! Je n’en vois pas la nécessité… Si, à la fin, de toutes façons, tu veux te reposer et te détendre, pourquoi ne le ferais-tu pas maintenant ? Qui t’a dit qu’avant tu devais d’abord remuer ciel et terre ?
En vérité, je te le dis, si tu ne te reposes pas maintenant, tu ne le feras jamais. Assujettir le monde est impossible, tu mourras avant. On meurt toujours au beau milieu du voyage. »
Alexandre remercia Diogène pour ses sages paroles, assura qu’il s’en souviendrait. Il poursuivit sa route, et ne revint jamais…