Dans la capitale française, la « coke » coule à flots.
Quelques dizaines de minutes suffisent pour en prendre commande sur une messagerie cryptée type WhatsApp ou Signal et la faire porter chez soi comme une pizza. En matière de stupéfiants aussi, « l’ubérisation » a révolutionné le marché.
En 2021, quelque 3,5 millions d’Européens ont goûté au moins une fois à la cocaïne, selon l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT). Un niveau « historique », quatre fois supérieur à celui mesuré il y a vingt ans.
La demande de poudre blanche suit la même progression que l’offre. Vertigineuse.
Le volume des saisies sur le Vieux Continent, seul baromètre officiel en la matière, a battu un nouveau record en 2021 avec 240 tonnes, selon l’Office de police européen (Europol), contre 213 tonnes en 2020 et 49 dix ans plus tôt.
2022 s’annonce encore meilleure: 162 tonnes ont été saisies l’an dernier dans les seuls ports d’Anvers (Belgique) et Rotterdam (Pays-Bas), selon les douanes des deux pays. « Un tsunami », résume le patron de la police judiciaire fédérale belge, Eric Snoeck.
« Les enjeux financiers sont tels que les organisations criminelles ont importé sur notre sol les méthodes des cartels: règlements de comptes, enlèvements, tortures », décrit la cheffe de l’Office antidrogue français (Ofast), Stéphanie Cherbonnier.
Les grands ports d’Europe du Nord sont aujourd’hui gangrenés par les violences de mafias locales qui déstabilisent de vieilles démocraties comme la Belgique ou les Pays-Bas.
Jets de grenades ou fusillades de rues à Anvers, assassinats à Amsterdam, projets de rapts de personnalités politiques dans les deux pays cet automne, les trafiquants menacent l’ordre public et ébranlent toute la société.
Au point que la Belgique pourrait bientôt être « qualifiée de narco-Etat », avertissait en septembre le procureur général de Bruxelles, Johan Delmulle.