Robert1905
2023-01-19 20:08:09
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Les loups.
Céré-la-Ronde, Indre-et-Loire, 1748.
Récit du curé de Céré :
" L'hyver pendant cette année a été de peu de durée mais il a été si âpre et si rude que le Cher a gelé d'un bout à l'autre d'une telle force qu'on y auroit pu passer avec des charettes. on a pu cueillir (moissonner) de bled (du blé) et du vin mais le bled surtout étoit noir parce que les brouillards continuels qu'il fit pendant l'été en furent la cause.
Dans cette année, des animaux inconnus que la plus part néantmoins soutenoit être des loups cerviers, mangèrent et étranglèrent ( le loup attaque à la gorge ses proies) dans cette paroisse cinq filles de quatorze ans ou environ et une femme de quarante ans mais au delà dudit lieu, (il) en fut dévoré sans nombre (beaucoup). Deus super omnia".
Voici les actes des sépultures de ces 6 malheureuses :
30 juillet : " Fut inhumée Catherine, fille de Maurice Deroches, fermier et métayié du Chêne Blanc, âgée de dix-huit ans ou environ, laquelle a été étranglée dans les pacages du Chène Blanc par un animal inconnu et en partie mangée et surtout une cuisse jusqu'à l'os".
7 août : " Fut inhumée Marie, fille de François Dru, laboureur à la métairie de Toucheneau, âgée de 14 ans ou environ, laquelle en gardant ses bestiaux auprès de la dite métairie, a été étranglée et les cuisses presque mangées par une beste inconnue qui étoit si hardie qu'elle la dévoroit en présence de Magdelaine Buisson, sa mère, épouse du dit François Dru, et qui sans le secours du nommé François Marteau, un de leurs plus proches voisins qui y accourut armé, n'auroit pas quitté sa proye (proie) si tôt.
Les uns disent que ce sont des loups du pais (pays) et les autres des loups cerviers, quoy qu'il en soit, ces sortes d'animaux depuis cinq ou six ans, ont bien fait du ravage dans plusieurs paroisses voisines comme à Vallières, diocèse de Blois, à La Leu, à Glissay, à Chenonceaux, à Givray, à Bléré, à la Croix de Bléré, à Souvigny, à Amboise, à Dierre, à Saint Martin le Beau, à Mont Louis et plusieurs autres du costé de Tours, comme cette année cy on a fait la curée dans la forest d'Amboise où ces animaux se retiroient, ils ont passé dans ces païs cy où ils en ont étranglé ainsi que dans cette aproisse, surtout à Saint Georges sur Cher et à Orbigny".
18 octobre : "Fut inhumée Marguerite, fille de deffunt Sébastien Marteau, en son vivant laboureur, âgée de 12 ans ou environ, laquelle a été étranglée par un animal inconnu en gardant ses bestiaux".
2 novembre : "Fut inhumée Magdelaine, fille de Philippe Delavau, laboureur, âgée de 14 ans ou environ, laquelle a été étranglée par un animal inconnu proche la maison en gardant ses bestiaux".
10 novembre 1748 : " Fut inhumée dans le grand cimetière Jeanne Hainault, en son vivant femme de feu René Simoneau, journalier, âgée de 31 ans ou environ, laquelle étoit domestique chez Mathurin Bineau des Priseaux, et a été étranglée proche la maison en gardant ses bestiaux".
11 novembre : " Fut inhumée dans le petit cimetière .... Louise fille d'Etienne Couppechou des Gerbeaux, tailleur d'habits, âgée de 11 ans ou environ, laquelle a été étranglée proche la maison en allant garder ses bestiaux".
Notons que des officiers de justice, assistés de médecins et de chirurgiens, procédaient toujours, en cas de mort violente, à une visite du corps sur le lieu du décès pour en déterminer la cause.
AD Indre-et-Loire, registre paroissial de Céré-la-Ronde, 1748.