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2023-01-16 00:46:03
« Tomber amoureux ? Cela me paraît difficile quand il n’y a aucune perspective d’avenir en commun… » Théo retourne le problème dans tous les sens. Il n’y voit pas d’issue. « Depuis trois ans, je n’ai jamais passé plus de quatre mois dans la même ville, comment voulez-vous construire une histoire d’amour dans ces conditions ? »
Il y a quelques années, il s’est imaginé passer la bague au doigt de sa fiancée, une ancienne camarade d’école d’ingénieurs avec laquelle il est resté cinq ans. « On habitait ensemble, nos parents se connaissaient, c’était une autoroute en ligne droite, sourit ce fils de famille catholique dont les trois grands frères et sœurs sont tous mariés avec des enfants. Notre séparation a presque été plus mal vécue par ma famille que par moi. Ils n’ont pas compris. De mon côté, je n’aurais pas imaginé être encore seul après tout ce temps. »
Installé en région parisienne dans un appartement confortable et spacieux, Théo y passe pourtant peu de temps. Son travail consiste en effet à effectuer des missions de plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour mettre en place des réseaux informatiques d’entreprise. Il se retrouve ainsi dans des villes de province ou à l’étranger, à l’hôtel ou dans des appartements meublés. Et passe la plupart de ses soirées seul.
Sur les applications de rencontres, « tu retombes très vite sur les mêmes profils »
« Parfois, j’atterris dans un coin où je connais du monde. C’est très sympa même si je ne peux pas non plus les voir tous les jours, et je suis souvent seul après le boulot, explique l’homme de 29 ans. J’aime beaucoup le ciné donc je vois beaucoup de films. Ma vie sociale en revanche est limitée. Et sentimentalement, ce n’est pas facile de rencontrer quelqu’un quand on n’est que de passage. »
« De nature timide », Théo tente sa chance sur diverses applications de rencontre. « Quand tu ne connais personne dans une ville, tu penses au départ que c’est la poule aux œufs d’or, mais tu retombes très vite sur les mêmes profils, explique-t-il. Et quand ça accroche avec une fille, elle me propose souvent de se voir le week-end. Or c’est le moment où je rentre chez moi. » Il a tout de même des rendez-vous. Parfois concluants.
« Même si ce n’est pas exactement ce que je recherche, c’est agréable de se retrouver au lit avec quelqu’un, de dormir avec, reprend Théo. Les rencontres d’un soir, ce n’est pas là que je suis le plus à l’aise. Ce ne sont pas des souvenirs sexuels incroyables (rires). De toute façon, j’ai une sexualité assez banale. Donc une première fois, c’est toujours assez classique… »
Des aventures qui se comptent « à peine plus que sur les doigts d’une main »
Depuis qu’il a adopté ce mode de vie nomade, ses aventures se comptent « à peine plus que sur les doigts d’une main ». Et, deux fois, il a cru qu’il pourrait se passer quelque chose de plus. « J’avais rencontré une fille séparée qui avait ses enfants en garde alternée, c’était parfait car, une semaine sur deux, on avait le temps de se voir, se souvient-il. On ne faisait pas de plan sur la comète mais au bout de deux mois, quand j’ai quitté la région, c’est tout de suite devenu plus compliqué. » Le couple se retrouve à 500 km de distance et ne se voit plus que deux week-ends par mois. « Cela n’a pas duré, c’était trop compliqué et cela n’avait pas trop de sens de se voir aussi peu. »
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Dans une ville étudiante de l’ouest de la France, il fait ensuite la connaissance d’une chercheuse en sciences, de cinq ans sa cadette. « Pendant plusieurs semaines, c’était parfait, résume Théo. Elle était jolie, drôle, fraîche. Et sexuellement, il y avait une vraie alchimie. C’était vraiment très particulier entre nous. »
Las, leurs chemins se séparent vite. « Ma mission s’est terminée et elle avait comme projet de partir à l’étranger, regrette-t-il. C’était cool entre nous mais le timing était mauvais. Elle m’a très clairement dit qu’elle n’envisageait pas de ne pas avoir de relations sexuelles pendant plusieurs semaines ou mois en m’attendant… »
Il gère sa libido en solitaire
Théo gère donc sa libido en solitaire la plupart du temps. « Je suis devenu un spécialiste des sites pornos même si, depuis quelque temps, je fais un peu plus gaffe à ma consommation, remarque-t-il. Il y a beaucoup d’offres et, à force de chercher, j’avais tendance à regarder des choses de plus en plus violentes. C’est un peu la facilité. Mais parfois, ça me dégoûte un peu. »
Ce dont il rêve désormais, c’est de rencontrer une femme de son âge et « prête à s’engager ». Quitte à changer de travail et donc de mode de vie. « Je vois bien que c’est un frein et que j’en ai un peu marre, même s’il y a plein d’avantages. J’ai envie d’un projet de vie à deux. Dans cette configuration, c’est impossible. »
Pauvre théo