L'ontologie du paradigme scientifique en vigueur est celui de la connaissabilité de la nature, alors que précisément le monde tel qu'il est appréhendé par les différents champs scientifiques est phénoménale
Du moins si la cybernétique avait définitivement liquidée le paradigme scientiste actuelle pour la remplacer par une ontologie de l'expérimentation, de l'inconnaissable et du non-maîtrisable ; l'argument selon lequel la science est ridicule car elle n'étudie que des rapports dans le principe de causalité n'aurait pas lieu
Néanmoins ce n'est pas le cas et la philosophie explose complètement les autres disciplines scientifiques (particulièrement la physique) car précisément le monde observable et mesurable n'est jamais que le monde tel qu'il est une représentation de la conscience, un phénomène ; et que tout les rapports que la science étudie sont des phénomènes, raison pour laquelle elle devient vaine sur des échelles macros et micros
Pour finir, il faudrait bien mieux diriger les investissement vers la philosophie afin qu'elle puisse par des expérimentations magico-cybernétiques découvrir et étudier le domaine nouménale en profondeur
Le 08 janvier 2023 à 19:20:18 lemmedeletoile a écrit :
non
Les mathématiques sont fondées sur la logique, champ appartenant à la philosophie
La physique moderne est mathématisée, donc reposant sur la logique, donc reposant sur la philosophie
Pas de philosophie = pas de forum JVC (informatique fondée sur la logique propositionnelle) = pas ton post de merde
Le 08 janvier 2023 à 19:21:03 ElKheysitas a écrit :
C'est mal écrit. Et faux.
Alors montre nous la voie vers la chose en soi par les disciplines scientifiques le gelem
Où sont nos zététiciens scientistes ? Lorsqu'il s'agit de s'attaquer à la religion ils crachent leur bile comme des rats, mais quand il s'agit de justifier la position de leurs sciences ils disparaissent
Perso mon boulot est de faire avancer la Science, je suis pas payé à philosopher comme un rmiste zététicien
Le 08 janvier 2023 à 19:32:12 DibuGOAT a écrit :
Perso mon boulot est de faire avancer la Science, je suis pas payé à philosopher comme un rmiste zététicienhttps://image.noelshack.com/fichiers/2021/08/1/1613997318-zidane.png
Premier non-être bloqué dans la Prison de Fer Noir, pendant que tu étudies en long et en large un monde phénoménal qui n'est fait que d'apparences, je procède à des expérimentations kabbalistiques pour échapper aux conditions a priori de l'expérience
Les golems machiniques du forum complètement brisés
Le scientisme, ou l'idée que "la science est le seul moyen valide d'acquérir des connaissances", et que la philosophie ne serait donc qu'un repère de mecs qui discutent en boucle et se touchent la nouille sans jamais rien démontrer ni apprendre, se réfute tout seul
Car même s'il était vrai il serait faux et inconnaissable :
I) Thèse : La science est le seul moyen valide d'acquérir des connaissances
II) La thèse de la prémisse I) n'a pas été apprise par des moyens scientifiques
Conclusion : Donc selon la thèse de la prémisse I), on ne peut pas savoir I)
La vérité c'est qu'il est tout simplement impossible de faire de la science sans philosophie
Car la science présuppose bon nombre de concepts qui ne sont pas empiriques mais philosophiques (plus exactement métaphysiques, comme les concepts de "cause", "d'effet", de "méthode", etc.).
En fait, la philosophie est au début, et à la fin (pour l'interprétation) de toute démarche scientifique, car la rationalité englobe la méthode scientifique
Ce que le scientiste veut faire, c’est dire que les sciences empiriques représentent un domaine autonome d’enquête rationnelle, et le seul qui génère des connaissances à l’exclusion des domaines comme la philosophie, la théologie, etc.
Sauf que l’idée que les sciences empiriques soient un domaine d’enquête rationnelle autonome pose de sérieux problèmes. Par exemple, une chose que les sciences empiriques ne peuvent pas faire, c’est dire pourquoi elles sont une enquête rationnelle.
Si elles le pouvaient, elles éviteraient la question puisque leur rationalité, qui est la chose à prouver, devrait d’abord être présumée pour le démontrer.
Comme je l'ai dit, les sciences empiriques importent également de nombreux concepts tels que « existence », « cause », « objet physique », « changement », « nature », qui nécessitent un point de vue extra-scientifique pour être établis, comme la métaphysique ou la philosophie de la nature.
En outre, les sciences empiriques ne peuvent pas se prononcer sur certaines questions concernant les objets posés par leurs théories, par exemple : « est-ce que le réalisme est vrai ? », ou « est-ce que l’instrumentalisme est vrai ? », ou quoi que ce soit d’autre. C’est ici le terrain de la philosophie des sciences, et non de la science empirique.
À mon avis, les scientistes et les naturalistes doivent assumer un certain degré de réalisme scientifique s’ils veulent faire leurs revendications, et la position réaliste doit être établie au niveau de la philosophie des sciences et non de la science empirique. Les sciences empiriques ne peuvent pas non plus dire si le réalisme en général est vrai ou faux, c’est-à-dire s’il existe des objets abstraits comme les universaux, les propositions, etc.
C’est une autre question qui doit être débattue au niveau de la métaphysique, et non des sciences empiriques, mais qui a une incidence directe sur ce que nous disons que les sciences empiriques font ; soit qu’elles étudient des essences ou natures réelles, comme le suggérerait le réalisme, soit des choses radicalement individualisées, sans essence ni nature communes, qui se regroupent seulement sous un nom commun, comme le suggérerait le nominalisme, soit quelque chose d’autre.
Les sciences empiriques ne répondent pas à ces questions et ne peuvent même pas, en principe, y répondre, car ces questions sont logiquement antérieures à toute recherche empirique ; c’est-à-dire que l’on doit d’abord avoir une réponse avant de commencer à faire des affirmations sur la nature exacte de sa recherche et de ce qu’elle apporte.
Car la recherche scientifique elle-même repose sur un certain nombre d’hypothèses philosophiques : qu’il existe un monde objectif extérieur à l’esprit des scientifiques ; que ce monde est régi par des régularités causales ; que l’intellect humain peut découvrir et décrire avec précision ces régularités ; et ainsi de suite. Puisque la science présuppose ces choses, elle ne peut pas tenter de les justifier sans argumenter en rond.
Et si elle ne peut même pas établir qu’elle est une forme d’enquête fiable, elle peut difficilement établir qu’elle en est la seule forme fiable. Ces deux tâches nécessiteraient de « sortir » complètement de la science et de découvrir à partir d’un point de vue extra-scientifique que la science transmet une image exacte de la réalité - et dans le cas du scientisme, que seule la science le fait.
Il y a aussi la question de savoir comment interpréter ce que la science nous dit sur le monde. Par exemple, le monde est-il fondamentalement constitué de substances ou d’événements ? Qu’est-ce qu’une « cause » ? N’y en a-t-il qu’une seule sorte ? Aristote soutenait qu’il y en avait au moins quatre. Quelle est la nature des universaux auxquels les lois scientifiques font référence - les concepts comme le quark, l’électron, l’atome, etc. Existent-ils en plus des choses particulières qui les instancient ? Les découvertes scientifiques peuvent éclairer ces questions métaphysiques, mais ne peuvent jamais y répondre complètement.
Donc, si la science doit s’appuyer sur la philosophie, à la fois pour justifier ses présupposés et pour interpréter ses résultats, la fausseté du scientisme semble doublement assurée.
Comme le conclut le philosophe John Kekes (lui-même un laïc confirmé) :
- The Nature of Philosophy, p.158
En résumé :
Le 08 janvier 2023 à 19:40:47 Omartio a écrit :
Le scientisme, ou l'idée que "la science est le seul moyen valide d'acquérir des connaissances", et que la philosophie ne serait donc qu'un repère de mecs qui discutent en boucle et se touchent la nouille sans jamais rien démontrer ni apprendre, se réfute tout seulhttps://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Car même s'il était vrai il serait faux et inconnaissable :
I) Thèse : La science est le seul moyen valide d'acquérir des connaissances
II) La thèse de la prémisse I) n'a pas été apprise par des moyens scientifiquesaucun papier scientifique ne conclut que "la science est le seul moyen valide d'acquérir des connaissances"
Conclusion : Donc selon la thèse de la prémisse I), on ne peut pas savoir I)
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png La vérité c'est qu'il est tout simplement impossible de faire de la science sans philosophie
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Car la science présuppose bon nombre de concepts qui ne sont pas empiriques mais philosophiques (plus exactement métaphysiques, comme les concepts de "cause", "d'effet", de "méthode", etc.).
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png En fait, la philosophie est au début, et à la fin (pour l'interprétation) de toute démarche scientifique, car la rationalité englobe la méthode scientifique
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Ce que le scientiste veut faire, c’est dire que les sciences empiriques représentent un domaine autonome d’enquête rationnelle, et le seul qui génère des connaissances à l’exclusion des domaines comme la philosophie, la théologie, etc.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Sauf que l’idée que les sciences empiriques soient un domaine d’enquête rationnelle autonome pose de sérieux problèmes. Par exemple, une chose que les sciences empiriques ne peuvent pas faire, c’est dire pourquoi elles sont une enquête rationnelle.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Si elles le pouvaient, elles éviteraient la question puisque leur rationalité, qui est la chose à prouver, devrait d’abord être présumée pour le démontrer.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Comme je l'ai dit, les sciences empiriques importent également de nombreux concepts tels que « existence », « cause », « objet physique », « changement », « nature », qui nécessitent un point de vue extra-scientifique pour être établis, comme la métaphysique ou la philosophie de la nature.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png En outre, les sciences empiriques ne peuvent pas se prononcer sur certaines questions concernant les objets posés par leurs théories, par exemple : « est-ce que le réalisme est vrai ? », ou « est-ce que l’instrumentalisme est vrai ? », ou quoi que ce soit d’autre. C’est ici le terrain de la philosophie des sciences, et non de la science empirique.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png À mon avis, les scientistes et les naturalistes doivent assumer un certain degré de réalisme scientifique s’ils veulent faire leurs revendications, et la position réaliste doit être établie au niveau de la philosophie des sciences et non de la science empirique. Les sciences empiriques ne peuvent pas non plus dire si le réalisme en général est vrai ou faux, c’est-à-dire s’il existe des objets abstraits comme les universaux, les propositions, etc.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png C’est une autre question qui doit être débattue au niveau de la métaphysique, et non des sciences empiriques, mais qui a une incidence directe sur ce que nous disons que les sciences empiriques font ; soit qu’elles étudient des essences ou natures réelles, comme le suggérerait le réalisme, soit des choses radicalement individualisées, sans essence ni nature communes, qui se regroupent seulement sous un nom commun, comme le suggérerait le nominalisme, soit quelque chose d’autre.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Les sciences empiriques ne répondent pas à ces questions et ne peuvent même pas, en principe, y répondre, car ces questions sont logiquement antérieures à toute recherche empirique ; c’est-à-dire que l’on doit d’abord avoir une réponse avant de commencer à faire des affirmations sur la nature exacte de sa recherche et de ce qu’elle apporte.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Car la recherche scientifique elle-même repose sur un certain nombre d’hypothèses philosophiques : qu’il existe un monde objectif extérieur à l’esprit des scientifiques ; que ce monde est régi par des régularités causales ; que l’intellect humain peut découvrir et décrire avec précision ces régularités ; et ainsi de suite. Puisque la science présuppose ces choses, elle ne peut pas tenter de les justifier sans argumenter en rond.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Et si elle ne peut même pas établir qu’elle est une forme d’enquête fiable, elle peut difficilement établir qu’elle en est la seule forme fiable. Ces deux tâches nécessiteraient de « sortir » complètement de la science et de découvrir à partir d’un point de vue extra-scientifique que la science transmet une image exacte de la réalité - et dans le cas du scientisme, que seule la science le fait.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Il y a aussi la question de savoir comment interpréter ce que la science nous dit sur le monde. Par exemple, le monde est-il fondamentalement constitué de substances ou d’événements ? Qu’est-ce qu’une « cause » ? N’y en a-t-il qu’une seule sorte ? Aristote soutenait qu’il y en avait au moins quatre. Quelle est la nature des universaux auxquels les lois scientifiques font référence - les concepts comme le quark, l’électron, l’atome, etc. Existent-ils en plus des choses particulières qui les instancient ? Les découvertes scientifiques peuvent éclairer ces questions métaphysiques, mais ne peuvent jamais y répondre complètement.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Donc, si la science doit s’appuyer sur la philosophie, à la fois pour justifier ses présupposés et pour interpréter ses résultats, la fausseté du scientisme semble doublement assurée.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Comme le conclut le philosophe John Kekes (lui-même un laïc confirmé) :
- C’est pourquoila philosophie, et non la science, est un candidat plus fort pour être le paradigme même de la rationalité.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png - The Nature of Philosophy, p.158
En résumé :
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/33/6/1629551348-lmao.jpg https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png
Pavay absolument introllable qui a définitivement enterré les sciences : aucune réponse du forum n'y a jamais été apporté
La physique pose comme connaissable et maîtrisable la nature alors qu'elle n'accède qu'aux phénomènes de la nature
salut je ne lis pas
cependant je tenais à dire que sciences > philo
même si certains considèrent que la philo est une science
même si ce n'est pas une compétition et que chaque discipline nous permet de comprendre le monde qui nous entoure, mais d'une manière différente
Le 08 janvier 2023 à 19:40:47 :
Le scientisme, ou l'idée que "la science est le seul moyen valide d'acquérir des connaissances", et que la philosophie ne serait donc qu'un repère de mecs qui discutent en boucle et se touchent la nouille sans jamais rien démontrer ni apprendre, se réfute tout seulhttps://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Car même s'il était vrai il serait faux et inconnaissable :
I) Thèse : La science est le seul moyen valide d'acquérir des connaissances
II) La thèse de la prémisse I) n'a pas été apprise par des moyens scientifiquesaucun papier scientifique ne conclut que "la science est le seul moyen valide d'acquérir des connaissances"
Conclusion : Donc selon la thèse de la prémisse I), on ne peut pas savoir I)
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png La vérité c'est qu'il est tout simplement impossible de faire de la science sans philosophie
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Car la science présuppose bon nombre de concepts qui ne sont pas empiriques mais philosophiques (plus exactement métaphysiques, comme les concepts de "cause", "d'effet", de "méthode", etc.).
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png En fait, la philosophie est au début, et à la fin (pour l'interprétation) de toute démarche scientifique, car la rationalité englobe la méthode scientifique
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Ce que le scientiste veut faire, c’est dire que les sciences empiriques représentent un domaine autonome d’enquête rationnelle, et le seul qui génère des connaissances à l’exclusion des domaines comme la philosophie, la théologie, etc.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Sauf que l’idée que les sciences empiriques soient un domaine d’enquête rationnelle autonome pose de sérieux problèmes. Par exemple, une chose que les sciences empiriques ne peuvent pas faire, c’est dire pourquoi elles sont une enquête rationnelle.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Si elles le pouvaient, elles éviteraient la question puisque leur rationalité, qui est la chose à prouver, devrait d’abord être présumée pour le démontrer.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Comme je l'ai dit, les sciences empiriques importent également de nombreux concepts tels que « existence », « cause », « objet physique », « changement », « nature », qui nécessitent un point de vue extra-scientifique pour être établis, comme la métaphysique ou la philosophie de la nature.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png En outre, les sciences empiriques ne peuvent pas se prononcer sur certaines questions concernant les objets posés par leurs théories, par exemple : « est-ce que le réalisme est vrai ? », ou « est-ce que l’instrumentalisme est vrai ? », ou quoi que ce soit d’autre. C’est ici le terrain de la philosophie des sciences, et non de la science empirique.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png À mon avis, les scientistes et les naturalistes doivent assumer un certain degré de réalisme scientifique s’ils veulent faire leurs revendications, et la position réaliste doit être établie au niveau de la philosophie des sciences et non de la science empirique. Les sciences empiriques ne peuvent pas non plus dire si le réalisme en général est vrai ou faux, c’est-à-dire s’il existe des objets abstraits comme les universaux, les propositions, etc.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png C’est une autre question qui doit être débattue au niveau de la métaphysique, et non des sciences empiriques, mais qui a une incidence directe sur ce que nous disons que les sciences empiriques font ; soit qu’elles étudient des essences ou natures réelles, comme le suggérerait le réalisme, soit des choses radicalement individualisées, sans essence ni nature communes, qui se regroupent seulement sous un nom commun, comme le suggérerait le nominalisme, soit quelque chose d’autre.
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https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Car la recherche scientifique elle-même repose sur un certain nombre d’hypothèses philosophiques : qu’il existe un monde objectif extérieur à l’esprit des scientifiques ; que ce monde est régi par des régularités causales ; que l’intellect humain peut découvrir et décrire avec précision ces régularités ; et ainsi de suite. Puisque la science présuppose ces choses, elle ne peut pas tenter de les justifier sans argumenter en rond.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Et si elle ne peut même pas établir qu’elle est une forme d’enquête fiable, elle peut difficilement établir qu’elle en est la seule forme fiable. Ces deux tâches nécessiteraient de « sortir » complètement de la science et de découvrir à partir d’un point de vue extra-scientifique que la science transmet une image exacte de la réalité - et dans le cas du scientisme, que seule la science le fait.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Il y a aussi la question de savoir comment interpréter ce que la science nous dit sur le monde. Par exemple, le monde est-il fondamentalement constitué de substances ou d’événements ? Qu’est-ce qu’une « cause » ? N’y en a-t-il qu’une seule sorte ? Aristote soutenait qu’il y en avait au moins quatre. Quelle est la nature des universaux auxquels les lois scientifiques font référence - les concepts comme le quark, l’électron, l’atome, etc. Existent-ils en plus des choses particulières qui les instancient ? Les découvertes scientifiques peuvent éclairer ces questions métaphysiques, mais ne peuvent jamais y répondre complètement.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Donc, si la science doit s’appuyer sur la philosophie, à la fois pour justifier ses présupposés et pour interpréter ses résultats, la fausseté du scientisme semble doublement assurée.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png Comme le conclut le philosophe John Kekes (lui-même un laïc confirmé) :
- C’est pourquoi la philosophie, et non la science, est un candidat plus fort pour être le paradigme même de la rationalité.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png - The Nature of Philosophy, p.158
En résumé :
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/33/6/1629551348-lmao.jpg https://image.noelshack.com/fichiers/2021/32/1/1628468300-8be1d18d-c1ef-4ac7-90b5-9f10976e42de.png
l'auteur de ce pavé avait du avoir 20 à sa disserte
Le 08 janvier 2023 à 19:47:06 [Glycosylation] a écrit :
salut je ne lis pascependant je tenais à dire que sciences > philo
même si certains considèrent que la philo est une sciencehttps://image.noelshack.com/fichiers/2023/01/6/1673051888-1601461987-pazification-du-terreau.png
Je c/c à ce titre, mon message plus haut
Les mathématiques sont fondées sur la logique, champ appartenant à la philosophie
La physique moderne est mathématisée, donc reposant sur la logique, donc reposant sur la philosophie
Pas de philosophie = pas de forum JVC (informatique fondée sur la logique propositionnelle) = pas ton post de merde
Le 08 janvier 2023 à 19:43:00 :
Le 08 janvier 2023 à 19:40:47 Omartio a écrit :
Pavay absolument introllable qui a définitivement enterré les sciences : aucune réponse du forum n'y a jamais été apporté
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/25/1/1624307173-img-20210621-222603.jpg
C'est même pire que ça : même philosophiquement, le matérialisme s'auto-détruit
En effet, une compréhension naïve du matérialisme ontologique repose sur une compréhension naïve de la matière. La matière, dit le bon sens, est plus ou moins comme elle nous apparaît dans l'expérience ordinaire. C'est une matière solide et colorée qui a toujours un goût, une odeur, des sons et des sensations. Le matérialisme, dans sa compréhension naïve, est l'idée que tout ce qui existe est comme ça. Même les particules inobservables sont supposées être de minuscules objets solides et colorés qui ont leurs propres goûts, odeurs, sons et sensations. Comme des petites pierres ou des billes.
Bien sûr, tout cela est faux. La conception de la matière que les matérialistes ont héritée de Galilée, Descartes, Boyle, Locke et des autres scientifiques et philosophes du début de l'ère moderne élimine ces caractéristiques de la compréhension du sens commun de la matière. La couleur, l'odeur, le son, le goût, l'odorat, la chaleur et le froid, tels que les comprend le bon sens, n'existent pas du tout dans la matière, mais seulement dans la représentation qu'en a l'esprit. La matière est davantage caractérisée en termes mathématiques, d'une manière purement quantitative plutôt que qualitative. Par exemple, pour Descartes, la matière est essentiellement ce qui peut être saisi dans le langage de la géométrie analytique.
La compréhension moderne de la matière la dématérialise donc, dans le sens où elle supprime la plupart des caractéristiques que le sens commun considère comme définitives de la matière. Le bon sens suppose que la matière est essentiellement le genre de chose que nous voyons, entendons, goûtons, touchons et sentons. Selon la conception moderne, pour bien comprendre la matière, il faut en fait ignorer presque entièrement, ou entièrement, ce que l'on voit, entend, goûte, touche et sent. La matière n'est pas ce que les sens nous disent qu'elle est. Connaître la vraie nature de la matière implique un exercice intellectuel abstrait plutôt qu'une simple expérience sensorielle. Il s'agit d'une sorte de mathématiques appliquées.
Vu sous cet angle, l'affirmation matérialiste selon laquelle tout est matériel est moins claire dans sa signification qu'elle ne le semble à première vue. Car que signifie "matériel" si nous ne considérons pas la matière en termes naïfs de bon sens ? Qu'implique exactement l'affirmation selon laquelle tout est matériel et qu'est-ce qu'elle exclut ?
Les philosophes et les scientifiques de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle ont souvent jugé que, compte tenu de son penchant pour les mathématiques, la conception moderne de la matière ne nous dit pas grand-chose sur la matière. Ce qu'elle nous donne, c'est la structure mathématique de la matière, mais pas la nature des choses qui ont cette structure. Vous voyez ce point de vue, sous différentes formes, dans les travaux de Poincaré, Duhem, Russell, Eddington, et d'autres. Maintenant, si vous lisez la thèse selon laquelle tout est matériel à la lumière de ce point de vue, alors la thèse s'avère très indéterminée. Elle dit en réalité que tout a une structure mathématique. Cela n'est pas sans fondement, mais ce n'est pas non plus aussi instructif que le matérialisme semble l'être à première vue.
Supposons que je dise que tout est descriptible en termes de logique formelle. Cette affirmation n'est guère significative d'un point de vue ontologique. En effet, elle n'exclut rien du tout, puisque dans un certain sens, tout ce qui existe ou pourrait exister est descriptible en termes de logique formelle. Il est certain que l'affirmation selon laquelle tout a telle ou telle structure mathématique n'est pas aussi peu informative sur le plan ontologique que cela. D'une part, certaines propriétés mathématiques (telles que les propriétés géométriques) sont moins générales que les propriétés logiques. D'autre part, même interprété comme l'affirmation que tout a telle ou telle structure mathématique, le matérialisme est attaché à l'idée que la structure en question est ce que la physique nous dit qu'elle est, ce qui exclut beaucoup de choses.
Il y a tout de même beaucoup de choses qu'il n'exclut pas. Par exemple, dire que "tout a telle ou telle structure mathématique'' n'exclut pas en soi la possibilité que tout soit aussi un composé d'acte et de puissance, ou que les qualia soient aussi parmi les propriétés que toute chose possède. En d'autres termes, cela n'exclut pas l'idée que la matière doive être comprise selon les principes aristotéliciens ou panpsychiques.
La raison pour laquelle ça n'exclut pas de telles revendications est que dire que ''tout a telle ou telle structure mathématique'' n'implique pas que la nature de tout ce qui existe soit épuisée par une description de sa structure mathématique. Il pourrait s'avérer que tout ce qui existe a la structure mathématique que la physique découvre, mais a aussi d'autres propriétés, en plus de celle dont la physique ne nous dit rien. C'est ce que pensait Russell, et c'est ce que des écrivains contemporains influencés par Russell (comme David Chalmers et Galen Strawson) ont également proposé. Or, si nous admettons que les qualia peuvent faire partie des caractéristiques intrinsèques de la matière, alors, comme le note Chalmers, nous nous retrouvons avec une position soit panpsychiste, soit dualiste des propriétés. Et une position qui est compatible avec le panpsychisme et le dualisme de la propriété n'est pas le genre de chose à laquelle on pense habituellement quand on pense au matérialisme. Mais c'est ce que nous obtenons lorsque nous lisons l'affirmation selon laquelle ''tout est matériel'' à la lumière de la conception moderne de la matière.
La vision russellienne est parfois appelée réalisme structurel épistémique. Elle soutient que la description du monde que permet la physique mathématique est vraie aussi loin qu'elle aille (c'est donc une sorte de réalisme), mais que ce n'est pas toute la vérité. La physique ne peut connaître que la structure mathématique de la matière (d'où l'adjectif "épistémique"), mais il y a plus que cela. On pourrait évidemment plutôt soutenir qu'il n'y a pas plus de matière que cela. C'est ce que l'on appelle parfois le réalisme structurel ontique. Cela soutient à la fois que la description mathématique offerte par la physique est vraie (d'où l'appellation "réalisme") et qu'elle est la vérité tout court. La matière doit être identifiée à sa structure mathématique. Sa réalité n'est rien de plus que cela (d'où l'adjectif "ontique").
Cette opinion est défendue par des philosophes tels que James Ladyman et Don Ross dans leur livre Every Thing Must Go : Metaphysics Naturalized, et par le physicien Max Tegmark. Edward Feser critique cette position dans son Aristotle's Revenge. Il suffit de noter, pour les besoins de la présente étude, que ce type de vision identifie essentiellement le monde physique avec une sorte d'objet abstrait platonicien. Ladyman et Ross tentent de résoudre ce problème en niant qu'il existe une distinction claire entre l'abstrait et le concret. Comme Feser l'affirme dans son livre, cette position est incohérente et les arguments en sa faveur sont entièrement remis en question. En outre, même si on met ça de côté, elle ne résout pas vraiment le problème, parce que (comme le dirait un Aristotélicien) le platonisme lui-même brouille essentiellement la distinction entre l'abstrait et le concret. Car une forme platonique se caractérise à la fois comme un universel (et donc comme abstraite) et comme une substance (et donc comme concrète). Estomper la distinction entre l'abstrait et le concret revient à s'enfoncer plus profondément dans le platonisme, plutôt que de l'éviter.
Le réalisme structurel ontique dit, en effet, que ce qui existe est une certaine forme platonique, c'est-à-dire le monde considéré comme une structure mathématique. Donc, si nous lisons le matérialisme en termes de réalisme structurel ontique, alors le matérialisme finit par s'effondrer en une sorte de platonisme. Ce n'est pas non plus le genre de chose à laquelle on pense habituellement quand on pense au matérialisme.
La façon dont la tradition néo-platonicienne a résolu ce problème de brouillage de l'abstrait et du concret consiste essentiellement à concéder à Aristote la thèse selon laquelle les universels n'existent que dans les intellects, et à situer le domaine des Formes dans un intellect divin infini. Pour Plotin, cet intellect est la première émanation de l'Un, et pour les platoniciens chrétiens, c'est Dieu lui-même. Maintenant, si vous prenez le monde comme une sorte de Forme ou d'objet abstrait et que vous ajoutez la thèse que de tels objets n'existent que dans les intellects, alors vous avez ce qui équivaut à une sorte d'idéalisme ou même (selon la façon dont l'intellect en question est caractérisé) à une sorte de panthéisme. Eddington et James Jeans, un autre physicien du XXe siècle, sont explicitement allés dans une direction idéaliste. Les auteurs contemporains qui suggèrent que l'univers pourrait être une sorte de simulation informatique, et la structure abstraite décrite par la physique comme étant le logiciel sous-jacent à la simulation, se rapprochent assez de l'idéalisme ou du panthéisme. L'univers en tant qu'ordinateur correspond à peu près à l'esprit absolu d'un idéaliste et d'un panthéiste comme Hegel, et la simulation informatique au déploiement de cet esprit dans l'histoire. Là encore, ce n'est pas le genre de chose que l'on associe habituellement au matérialisme.
Ainsi, si nous partons de la conception matérialiste moderne de la matière et que nous commençons à la déballer, le matérialisme finit par se transformer en l'une ou l'autre des diverses vues que l'on aurait pu croire en contradiction avec le matérialisme - dualisme, panpsychisme, platonisme, idéalisme ou panthéisme.
Un résultat tout aussi surprenant s'ensuit si nous partons plutôt de la conception de l'esprit du matérialiste. Depuis des décennies, la tendance dominante chez les matérialistes est de penser l'esprit en termes fonctionnalistes. C'est-à-dire qu'elle consiste à analyser les phénomènes mentaux en fonction de ce qu'ils font plutôt qu'en fonction de ce dont ils sont faits. Cette idée, à son tour, est généralement développée en fonction de la thèse selon laquelle l'esprit est une sorte de logiciel qui peut être exécuté sur un grand nombre de types de matériel différents. Selon cette analyse, l'esprit, comme la matière, se révèle être une sorte de structure abstraite. Comme la matière, il est essentiellement dématérialisé, au nom du matérialisme. Et vous obtenez d'autres résultats qui semblent étranges de la part d'un matérialiste, comme l'idée qu'un esprit puisse sauter d'une incarnation à une autre par le biais d'un logiciel téléchargé de son ancien matériel et téléchargé sur un nouveau matériel (qui a parlé de transmigration des âmes ? ))">).
Lorsque vous combinez l'idée de l'esprit comme logiciel avec celle de l'univers comme ordinateur, vous obtenez le résultat que l'esprit humain individuel est comme un des nombreux programmes fonctionnant sur le fond du même système d'exploitation. Cela rappelle la relation entre les âmes individuelles et "l'âme du monde" dans certains systèmes panthéistes et idéalistes.
Je suppose que si les matérialistes ne voient pas à quel point ces diverses implications sont proches de points de vue que l'on pense généralement opposés au matérialisme, c'est parce que beaucoup d'entre eux ne connaissent tout simplement pas grand-chose à l'histoire de la philosophie non-matérialiste, ou à l'histoire de la philosophie en général. En particulier, ils ont souvent une conception extrêmement grossière de l'âme (comme un morceau d'ectoplasme, ou comme un fantôme) et une conception extrêmement grossière de Dieu (comme un très gros morceau d'ectoplasme ou un fantôme particulièrement puissant). D'où le fait que leur compréhension de ce que les philosophes platoniciens, aristotéliciens, scolastiques, idéalistes, rationalistes, etc. veulent dire lorsqu'ils utilisent des termes comme "âme" et "Dieu" est ridiculement fausse, car ils n'ont aucune connaissance de ce que ces penseurs ont dit. Ironiquement, ils matérialisent plus ou moins ces réalités immatérielles, tout comme ils dématérialisent la matière
En effet, le matérialisme a hérité de Galilée, Descartes, Locke, et d’autres penseurs modernes, une conception hautement mathématisée du monde matériel, selon laquelle la matière ne possède que des « qualités premières » quantifiables, comme la localisation spatiale, le mouvement, la taille, etc., et est dénuée de tout ce qui correspond à ce qui est nommé les « qualités secondaires », comme la couleur, l’odeur, le son, le goût, le chaud, le froid, etc., au moins de la façon dont le bon sens commun comprend ces qualités.
Dans cette compréhension, si vous voulez redéfinir une qualité, comme « être rouge » par exemple, en termes de « tendances qu’ont certains objets à absorber et refléter certaines longueurs d’onde de la lumière », alors seulement vous pouvez dire qu’ « une pomme est rouge ». Mais si par « être rouge » vous entendez ce que le bon sens commun entend par « être rouge », à savoir « ce à quoi le rouge ressemble pour un observateur normal », mais ne ressemblerait pas pour un observateur daltonien, alors il n’y a rien dans la pomme en soi qui corresponde à ça, et vous ne pouvez pas vraiment dire qu’ « une pomme est rouge ». Et il en est de même pour les autres couleurs, pour les goûts, les odeurs, les sons, etc.
Les caractéristiques irréductiblement qualitatives étaient prises par les premiers philosophes et scientifiques modernes comme existant seulement en tant que qualia de l’expérience - comme des parties du voile des perceptions à travers lequel nous somme conscients du monde matériel, et non comme des parties du monde matériel lui-même.
Mais si vous définissez la matière de cette façon, alors vous vous êtes déjà implicitement engagé dans une forme de dualisme, que vous le réalisiez ou non.
Car si vous dites que les couleurs, odeurs, sons, goûts, etc., tels que le bon sens commun comprend ces caractéristiques, n’existent pas dans la matière, cela implique qu’elles n’existent pas non plus dans le cerveau, puisque le cerveau n’est pas moins matériel que les objets en dehors de lui. Dès lors, si vous dites aussi que ces caractéristiques existent dans l’esprit, dans notre expérience consciente de la matière, alors vous dites que l’esprit n’est pas matériel.
Ainsi, un dualisme de type cartésien n’est en aucune façon une sorte de résistance étrange au mode d’explication scientifique moderne, mais au contraire en découle.
En effet, les premiers penseurs modernes, comme Malebranche et Ralph Cudworth, insistaient là-dessus. Bizarrement, la plupart des philosophes et scientifiques contemporains semblent aveugles au fait qu’un dualisme cartésien soit logé à la racine de la compréhension scientifique moderne de la matière - bien que Schrödinger soit un des scientifiques qui vit la connexion entre les deux, ainsi que Thomas Nagel parmi les philosophes.
Et ce qui est vrai des qualia est aussi vrai de l’intentionnalité, car un autre aspect clef de la conception mathématisée de la matière c’est qu’elle laisse de côté tout ce qui pourrait embrasser, de près ou de loin, la notion aristotélicienne de cause finale ou de téléologie. Essentiellement, la téléologie implique qu’une chose soit dirigée vers, ou pointe vers une fin. Par exemple, on peut dire d’un gland qu’il est dirigé vers le fait de devenir un chêne, ou un œil peut être dit dirigé vers le fait de pouvoir permettre à un organisme de voir. Dire que la matière est dénuée de téléologie revient donc à dire qu’il n’y a pas de telle « directionnalité » comprise en son sein.
Mais l’intentionnalité est une espèce de directionnalité. Donc s’il n’y a pas de téléologie inhérente à la matière, il n’y a pas non plus d’intentionnalité inhérente à la matière. Mais l’intentionnalité existe dans l’esprit, en particulier dans nos pensées - vu qu’une pensée est toujours dirigée vers, ou est à propos de, un certain objet ou sujet. L’intentionnalité existe aussi dans nos choix, qui sont orientés vers la réalisation de certains buts. Ainsi, affirmer qu’il y a de l’intentionnalité dans l’esprit tout en soutenant une conception mathématisée de la matière revient à implicitement vous engager à une forme de dualisme.
Et nier l’intentionnalité revient à nier tout sens dans le langage. En résumé : tant que le matérialisme moderne aura une conception mathématisée de la matière, il contiendra en lui-même les graines de sa propre destruction via le dualisme qu’il présuppose.