FIC : Magalie et Jérôme à la banque

Il est mardi, à 17h20 Magalie et Jérôme arrivent à la banque.

Malgré ses 20 minutes de retard, Magalie ne peut pas s'empêcher de beugler quand on lui dit que la banquière est actuellement au téléphone avec quelqu'un d'autre, ne les ayant pas vus arriver.

Jérôme lui, est silencieux, même si la honte commence à le ronger, il préfère ne pas se risquer à tempérer sa femme au risque de lui aussi, subir son courroux.

Las d'entendre cette grosse femme hurler devant tout le monde (et aussi pour rassurer les autres clients qui commencent à s'affoler), la secrétaire choisit d'appeler la banquière pour lui annoncer que son rdv de 17h est bien arrivé.

Magalie et Jérôme s'engouffrent donc dans le bureau de la dite banquière.
Heureusement pour Jérôme, Magalie sitôt assise face au bureau devint muette comme une carpe.

Il faut dire que le sujet du jour n'est pas des plus réjouissants; il s'agit en effet de discuter des finances catastrophiques du couple et des nombreuses dépenses qui y sont associés.

Jérôme le sait, sa femme ne sait pas gérer son argent, enfin son argent à lui plutôt puisque rappelons-le, Magalie, elle, ne travaille pas. Elle est déjà maman à temps plein avec les deux bout'choux. Et puis de toute manière, il a bien compris que ce n'est pas Magalie qui allait discuter puisque celle-ci regarde désormais le sol, murée dans le silence et dans son sweat Disney en pilou-pilou rose.

C'est donc lui, Jérôme qui va devoir justifier les dépenses faramineuses de son épouse dans des magasins hard-discount.

Il est blanc, sa voix tremble un peu, il sait très bien qu'il doit être bon s'il ne veut pas se faire écraser par les cris de sa femme sitôt rentré.

Il commence à expliquer que ces dépenses sont nécessaires au bon fonctionnement du couple et du foyer et qu'ils servent aussi à investir dans l'avenir (Jérôme avait entendu ça dans une télé novelas que Magalie lui imposait de regarder avec elle).

La banquière elle, écoutait attentivement en montrant des signes d'impatience. Elle connaissait très bien la gestion financière du couple qu'elle avait en face d'elle, elle les suivait depuis plusieurs années et savait à quel point leur rapport à l'argent était désastreux et qu'il fallait désormais mettre en place des mécanismes de restriction.

Elle décida d'interrompre Jérôme, perdu au beau milieu de ses explications sur la nécessité d'acheter 30L de sous-marque Cola par semaine. Elle commença sa présentation par la nécessité absolue de l'introduction de plans de restriction avec mise en place de carte bancaire à solde restreint, etc.

En dépit des regards de la banquière dans sa direction, Magalie elle était toujours enfermée dans son silence, son sweat prêt à exploser. Jérôme quant à lui, regardait la banquière, elle était jolie dans son tailleur noir ajusté et sa coiffure élégante, sans oublier son ton qui lui donnait une autorité certaine. Rien à voir avec sa femme, qui avait une apparence avoisinant celle d'une collégienne de 13 ans en sortie scolaire au parc Disney.

Puis il pensa à sa vie; de sa rencontre avec Magalie, à ce rdv dans ce bureau.
Il voulait avoir une vie stable, sereine avec une gestion équilibrée de l'argent, il voulait de l'aventure, que sa famille soit fière de lui. Puis il se souvint qu'il souhaitait initialement devenir gendarme, il s'imagina dans son uniforme au cuir étincelant devant ses parents émus et tellement fiers de leur fils. Enfin c'était avant que Magalie lui annonce qu'elle était enceinte de leur p'tit gars, un disfonctionnement de sa pilule a-t-elle répondu à Jérôme quand il lui a dit que ce n'était pas le moment pour la parentalité.

Sa famille, parlons-en, depuis quand ne l'avait-il pas vue ? Au moins depuis plusieurs années, à chaque fois, Magalie lui disait que Noël prochain se ferait chez ses parents et puis, hélas, sa belle-mère tombait malade et donc il se retrouvait chez ses beaux-parents. Quelle santé fragile se dit-il, tomber malade chaque Noël, quelle guigne. Les larmes se mirent à monter, sa famille lui manquait, terriblement.

Puis il regarda sa femme qui, étonnamment, s'était redressée et regardait désormais la banquière, blanche comme un vampire. En effet, les annonces de la banquière n'étaient pas du goût de Magalie, elle qui avait envie de s'offrir pour la 20° fois cette semaine un calendrier de l'Avent Kinder, n'appréciait pas les plans de cette banquière.

Encore une allumeuse se dit-elle, avec ses collants de p*te lô et son rouge à lèvres de sal*pe lô. En plus elle veut voler mon argent se dit encore Magalie, enfin par argent, entendez l'argent de Jérôme et nos impôts qui servent à entretenir grassement Magalie à domicile.

Magalie se retourna vers Jérôme pour vérifier s'il ne regardait pas trop cette banquière-péripatéticienne-voleuse. Jérôme, à ce moment-là regardait la banquière, quelle erreur ! Il eu juste le temps de voir que Magalie le regardait que son teint vira au blanc. Il se mit à trembler, de lourdes gouttes coulèrent sur sa tempe. Car elle l'avait VU lui en train de reluquer la banquière. Il savait qu'il allait avoir droit à une crise de plusieurs heures en rentrant et qu'elle allait hurler qu'elle retournerait chez sa mère, la seule qui puisse la comprendre; telle l'être de lumière au potentiel extraordinaire et bridé par la société et son Jérôme.

Jérôme frémit, espérant que les voisins, excédés par les hurlements de leur bruyante voisine, n'appelleront pas encore les gendarmes pour tapage nocturne. Magalie elle, bouillonnait de l'intérieur, son teint était passé du blanc au rouge très vif. Elle ignorait totalement les questions de la banquière, elle était occupée par une seule chose; la tromperie manifeste de son mari. Il allait voir ce qu'il allait voir !