kyoko____
2022-12-22 01:21:30
Si en effet, quelque chose est, soit l'étant est, soit le non-étant, soit l'étant et le non-étant. Or l'étant n'est pas, comme on l'établira ; ni le le non-étant, comme on le soutiendra ; ni l'étant et le non-étant comme on l'enseignera. Par conséquent rien n'est.
Eh bien, donc, le non-étant n'est pas. Si, en effet, le non-étant est, quelque chose sera et en même temps ne sera pas ; en tant qu'il est conçu comme non-étant il ne sera pas ; mais en tant qu'il est non-étant, en revanche, il sera. Mais il est parfaitement absurde que quelque chose à la fois soit et ne soit pas ; par conséquent, le non-étant n'est pas.
En outre, si le non-étant est, l'étant ne sera pas , ce sont en effet des choses contraires l'une à l'autre, et si l'être s'accorde avec le non-étant, alors le fait de n'être pas s'accordera avec l'étant. Mais que l'être ne soit pas ce n'est certainement pas le cas, et, dès lors, que le ne non-étant ne sera pas non plus.
Et, en outre, l'étant n'est pas non plus. Si, en effet, l'étant est, en vérité ou il est éternel, ou engendré, ou éternel et engendré en même temps ; or il n'est ni éternel, ni engendré, ni les deux à la fois comme nous le montrerons ; donc l'étant n'est pas. Si, en effet, l'étant est éternel (c'est pas là qu'il faut débuter), il n'a aucun commencement ; tout engendré a un commencement, alors il est bien établi que l'éternel inengendré n'a pas eu de commencement. Et n'ayant pas eu de commencement, il est infini. Or s'il est infini, il n'est nulle part. Si, en effet, il est quelque part, ce dans quoi il est est autre chose que lui, et ainsi l'étant, contenu par quelque chose, ne sera plus infini ; le contenant est, en effet, plus grand que le contenu, alors que rien n'est plus grand que l'infini, de telle sorte que l'infini n'est nulle part. Et il n'est pas non plus contenu en lui-même. Ce sera alors le même que le ce-dans-quoi-il-est et le ce-qui-y-est, et l'étant deviendra deux, et le lieu et le corps ; le ce-dans-quoi-il-est, en effet, est le lieu, et le ce-qui-y-est est le corps. Or certes, voilà qui est absurde ; assurément, l'étant n'est pas en lui-même. C'est pourquoi, si l'étant est éternel, il est infini, s'il est infini, il n'est nulle part, et s'il n'est nulle part, il n'est pas. Ainsi donc, si l'étant est éternel, il n'est pas du tout.
Et en outre, il n'a pas la faculté d'être engendré. Si, en effet, il a été engendré, alors il a été engendré à partir de l'étant ou du non-étant. Mais il n'a pas été engendré à partir de l'étant ; si, en effet, l'étant est, alors il est dès savant ; il ne provient pas non lus du non-étant ; le non-étant, en effet, n'a pas la faculté d'engendrer quelque chose, parce qui engendre quelque chose doit par nécessité participer à l'existence. L'étant n'est donc pas engendré.
Pour les mêmes raisons, les deux ensemble, éternel en même temps qu'engendré, il ne l'est pas ; l'un et l'autre chose, en effet, sont destructives l'une de l'autre, et si l'étant est éternel, il n'est pas engendré, s'il est engendré, il n'est pas éternel. Par conséquent, si l'étant n'est ni éternel, ni engendré, ni les deux ensemble, l'étant ne sera pas.
Et d'ailleurs, s'il est, en vérité, ou il est un, ou il est multiple ; or il n'est ni un, ni multiple, comme il sera étable, donc l'étant n'est pas. Si, en effet, il est un, ou bien il est une quantité, ou il est un continuum, ou il est une grandeur, ou il est un corps. En tout état de cause, quelque réalité qu'il soit parmi celles-ci, il n'est pas un mais quantité il sera divisé, et continuum il sera fractionné. De même, conçu comme grandeur, il ne sera pas indivisible, et comme corps il sera triple : car il aura à la fois la grandeur aussi bien que la largeur et la profondeur. Dans tous les cas, il est absurde de dire que l'étant n'est rien de tout cela : par conséquent, l'étant n'est pas un.
Et de plus, il n'est pas multiple. Si, en effet, il n'est pas un, il n'est pas multiple non plus ; le multiple, en effet, est une combinaison de toutes les unités prises une à une, et c'est pourquoi, lorsque l'un est détruit, le multiple est détruit avec lui.
Il ressort clairement de toute cela que l'étant n'est pas, et le non-étant non plus ; que ni l'un ni l'autre ne soient, ni l'étant ni le non-étant, est facile à démontrer.
S'il est vrai, en effet, que le non-étant est et que l'étant est aussi, le non-étant sera même que l'étant du point de vue de l'être ; et à cause de cela ni l'un ni l'autre n'est. Il y a accord, en effet, sur le fait que le non-étant n'est pas ; or il a été démontré que l'étant est le même que ce dernier ; ainsi donc, lui-même ne sera pas. Néanmoins, si l'étant est le même que le non-étant, il n'a pas la faculté d'être les deux à la fois ; si, en effet, l'un et l'autre sont, ils ne sont pas le même, et s'ils sont le même, ils ne sont pas deux.
Il suit de cela que rien n'est ; si, en effet, l'étant n'est pas, ni le non-étant, ni les deux à la fois, et que cela excepté rien ne soit conçu : rien n'est.