Au5
2022-11-16 01:03:30
Une famille composée de cinq enfants à charge, des parents et de la grand-mère de 77 ans vivait dans la « misère » au milieu des excréments de 22 chiens qu’elle ne contrôlait plus. Le père et la mère comparaissaient lundi 14 novembre 2022 devant le tribunal de Dax
C’est le vol de confiseries d’un enfant qui a délivré toute une famille enfermée dans la « misère ». Le geste a été « un appel à l’aide », interprète Me Chabrier-Rembert, l’avocate des parents.
Ce jour-là, le 6 mai 2022, l’adolescent, parmi les plus âgés de la fratrie de bientôt sept enfants, n’a pas dérobé par malice dans un supermarché du Grand Dax. Mais par faim.
« Il n’y a pas de mots pour décrire qu’on a honte. Je sais que j’avais baissé les bras, je n’en pouvais plus. Quand j’ai vu mon fils arriver avec les gendarmes, ça a été un soulagement », a témoigné la mère, jugée au tribunal de Dax aux côtés de son compagnon, père de cinq des enfants.
Le couple de 41 et 43 ans comparaissait lundi 14 novembre 2022 pour soustraction d’un parent à des obligations légales, soumission d’une personne vulnérable à des conditions d’hébergement indignes et sévices graves envers un animal.
Au milieu des déjections
Lorsque, le 6 mai 2022, les gendarmes avaient raccompagné l’adolescent au domicile familial, une belle et cossue maison landaise située dans un village du Grand Dax, ils étaient tombés sur l’effroyable.
« Une petite fille nue sur le canapé avec du caca et des mouches partout », des enfants marchant dans des immondices, une dame âgée de 77 ans nue aussi dans ses excréments et ceux d’animaux, en l’espèce une vingtaine de chiens, et une mère de famille nue aussi, de 41 ans, alors enceinte de quatre mois, à qui les gendarmes ont demandé de se rhabiller, dépeint la présidente du tribunal, Laure Vuitton.
Comment cette famille originaire de Paris et de Troyes, aux 600 000 euros d’héritage touchés du côté maternel, a ainsi pu sombrer dans ce que chacun décrit aujourd’hui comme la « misère humaine » ?
Si une partie a notamment servi à l’acquisition de la maison la même année, une autre, au moins 200 000 euros, a été dilapidée au fil des semaines. « Au départ, on sortait beaucoup : restaurant, quad, etc. », indique la mère de famille.
Jusqu’au jour où le fond a été touché, courant 2021. Le budget de 12 000 euros que le couple, sans emploi, s’accordait à retirer de ses comptes, est passé subitement à 12 euros par jour. Une somme qui servait à l’achat de féculents pour nourrir toute la famille et aux trois bières quotidiennes du père.
« Meilleure vie » au foyer
Aux services sociaux qui les ont rencontrés depuis, les plus grands de la fratrie, âgée de 3 à 15 ans, ont décrit avoir vécu dans « une faim permanente ». Eux, « gentils et polis » selon les différents établissements scolaires, raillés dans la cour pour les odeurs, se disent « soulagés de ne plus vivre au domicile familial » et parlent, depuis qu’ils ont été placés, d’« une meilleure vie ».
Ancienne auxiliaire puéricultrice, la grand-mère de 77 ans, personne âgée dépendante, se sent aussi désormais à l’abri à la maison de retraite. Aux enquêteurs qui l’avaient interrogée en mai, elle avait expliqué que c’est sa fille qui lui avait conseillé de se mettre nue pour gérer ses incontinences et que « les chiens rentraient en permanence dans sa chambre », qu’ils lui faisaient mal « en mettant des coups de patte ».
Ce sont eux, les 22 chiens qui composaient le foyer, en grande majorité des malinois, qui avaient pris incontestablement le pouvoir dans la maison. « Ils cassaient tout, on n’était plus chez nous », a expliqué à la barre la mère de famille, pour qui les animaux étaient devenus une sécurité face aux menaces de son premier mari violent.
« Dès que je partais, les chiens devenaient incontrôlables », s’est justifié le compagnon par rapport au fait de ne pas avoir recherché d’emploi, depuis qu’il avait quitté l’armée, traumatisé.
Dépassé par ses chiens, depuis deux dernières portées qu’ils n’avaient pas réussi à maîtriser et évacuer avec les confinements, le couple avait bien tenté de joindre la SPA, la Société protectrice des animaux, en mars et avril de cette année. « Mais il fallait donner 140 euros par chien. C’était soit on payait la SPA, soit on mangeait », poursuit avec pudeur la mère, inconsolable, qui vit aujourd’hui dans un centre mère-enfant avec son dernier bébé, né le 12 septembre. Espérant un jour « retrouver notre vie d’avant, revivre tranquillement ».
Le ministère public a requis deux ans de prison avec sursis intégral, obligations de soins, de travail et de formation et interdiction de détenir tout animal. « Quel serait l’intérêt d’une prison ferme ? C’est une juste réponse », estime Lucie Delage.
La SPA Côte Sud Ouest de Capbreton, qui a recueilli la vingtaine de chiens en très grande détresse, réclame 15 000 euros de dommages et intérêts.
Le délibéré est attendu lundi 12 décembre.
https://www.sudouest.fr/faits-divers/landes-toute-une-famille-vivait-au-milieu-d-immondices-les-chiens-cassaient-tout-on-n-etait-plus-chez-nous-12983768.php
Au5
2022-12-13 10:55:05
Les parents d’une famille de sept enfants, qui vivaient parmi les immondices, dépassés par leurs 22 chiens, ont été condamnés à un an de prison avec sursis par le tribunal de Dax
À l’audience du 14 novembre, la prévenue de 41 ans, mère de sept enfants, avait confié sa « honte » mais aussi son « soulagement » de ne plus vivre dans la situation de misère dans laquelle la famille s’était plongée depuis de trop longues semaines.
Installés dans une belle maison d’un village du Grand Dax, les parents, les enfants et la grand-mère vivaient au milieu des immondices, dans des conditions sanitaires déplorables, avec 22 chiens qu’ils n’arrivaient plus à maîtriser.
Mauvais traitements
Le tribunal de Dax, qui rendait son délibéré ce lundi 12 décembre, a condamné le père et la mère à un an de prison avec sursis probatoire pendant deux ans, obligations de soins, de travail et de remboursements à des organismes de l’État qui ont pris en charge les enfants, aujourd’hui en famille d’accueil, et la grand-mère, admise en Ehpad.
Les parents ont été reconnus coupables de soustraction d’un parent à ses obligations, soumission d’une personne dépendante à des conditions d’hébergement indignes et mauvais traitements sur animaux.
La SPA Côte Sud-Ouest de Capbreton, qui avait recueilli la vingtaine de chiens en très grande détresse, demandait 15 000 euros de dommages et intérêts. Cette question sera traitée ultérieurement en mars 2023.
https://www.sudouest.fr/justice/misere-humaine-et-animale-dans-les-landes-du-sursis-pour-les-parents-13353300.php