Il tue toute sa famille puis ressort LIBRE pour vivre le MOINE DREAM, et on demande à ce que les gens l'OUBLIENT. Je plains la famille
«Jean-Claude Romand vivra caché jusqu’à sa mort» : dans l’Indre, la retraite discrète du faux médecin tueur
Après 26 ans passés derrière les barreaux pour le meurtre de sa femme, de ses enfants et de ses parents et deux ans entre les murs d’une abbaye du Berry, le faux médecin de l’OMS poursuit dans l’Indre sa liberté conditionnelle, sans bracelet électronique et avec un peu plus de 800 euros de retraite par mois.Le boulanger hoche la tête. Bien sûr, il se pose la question. « On se la pose tous ici : où est donc Jean-Claude Romand ? » Dans sa boutique à l’odeur de pain chaud, le long d’une départementale au cœur de l’Indre, le patron dit qu’il ne l’a jamais croisé. Même s’il sait qu’il vit dans le coin. « Et si je l’avais vu, est-ce que je l’aurais reconnu ? Je ne suis même pas sûr… »
Vingt-six ans se sont écoulés depuis le dernier cliché connu de Jean-Claude Romand. Celui d’un homme, le crâne dégarni, le regard vide derrière ses larges lunettes, entrant dans le tribunal de Bourg-en-Bresse (Ain). Un imposteur qui, pendant dix-huit ans, s’est fait passer pour un médecin de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) alors qu’il n’avait ni diplôme, ni travail. Il laissait miroiter d’alléchants placements financiers à ses proches pour leur soutirer de l’argent. Acculé par ses mensonges, le faux gendre idéal a fini par tuer sa femme à coups de rouleau à pâtisserie, ses deux enfants de 5 et 7 ans et ses parents à la carabine.
Montage des photos d'identité non datées de Jean-Claude Romand, de sa femme, Florence, et de leurs deux enfants, Caroline et Antoine. AFP/Gérard Malie
Montage des photos d'identité non datées de Jean-Claude Romand, de sa femme, Florence, et de leurs deux enfants, Caroline et Antoine. AFP/Gérard Malie« J’ai tué tous ceux que j’aime mais je suis enfin moi », lâche-t-il lors de son procès. Le 2 juillet 1996, Jean-Claude Romand est condamné à la réclusion à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de vingt-deux ans. L’affaire a glacé la France. L’écrivain Emmanuel Carrère en tire « l’Adversaire », porté à l’écran par Nicole Garcia. Daniel Auteuil y incarne le personnage principal. Le livre et le film racontent cette vie à errer dans les forêts de l’Ain, à quelques kilomètres de la Suisse, où il prétendait travailler.
Derrière les barreaux, le condamné, le vrai, se fait oublier. D’une maison d’arrêt à l’autre, jusqu’à la maison centrale de Saint-Maur, dans la banlieue de Châteauroux (Indre), Jean-Claude Romand purge sa peine dans la plus grande discrétion. « Un administré qui n’a pas fait parler de lui pendant sa détention », indique François Jolivet, actuel député de l’Indre et ancien maire de Saint-Maur.
Un détenu « discret », pieux et « studieux »Le livret de son parcours pénitentiaire le confirme : « Son attitude n’a jamais varié depuis son arrivée à l’établissement. (…) Il ne se dévoile absolument pas et affiche une indifférence constante. » Jean-Claude Romand est décrit comme « discret », « poli », « plutôt effacé ». « Au tout début, il ne sortait jamais de sa cellule », se rappelle Patrick Guillemin. Cet ancien codétenu devait le convaincre de l’accompagner en promenade. Il parle d’un « gars d’une douceur extrême ». Comme si l’homme et le tueur étaient deux.
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Toutes les newslettersCette « distanciation entre ce qu’il avait pu faire et ce qu’il était » a marqué Patrick Guillemin. « Quand je lui ai raconté que j’avais vécu à Annecy (Haute-Savoie), il m’a dit qu’il aimait y aller avec sa femme et ses enfants. » Un autre soir, l’émission « Faites entrer l’accusé » revient sur l’affaire Romand. L’intéressé glisse un mot à Patrick Guillemin avant la diffusion. « La première image, c’était une belle photo de famille. Je me dis, c’est sûr, Jean-Claude va s’écrouler en voyant ça. » Patrick le croise le lendemain : « Il n’avait pas une cerne de plus. Il m’a juste dit : ils racontent beaucoup de conneries. »
À la centrale de Saint-Maur, Jean-Claude Romand est studieux. Il apprend le japonais, étudie la philosophie, décroche un diplôme en informatique, niveau bac + 4. Dans la journée, le détenu travaille à l’atelier du son de la prison, où il restaure des archives de l’INA et forme les nouveaux arrivants.
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Jean-Claude Romand, de la fiction à la prisonSurtout, Jean-Claude Romand, déjà catholique, se plonge dans la religion. Des images pieuses couvrent les murs de sa cellule. Chaque dimanche matin, sa télévision diffuse « le Jour du Seigneur ». « Il était fidèle aux célébrations, toujours présent à la messe, se souvient Jean-Pierre Devaux, l’aumônier à Saint-Maur de 2013 à 2019. On avait souvent des échanges spirituels et théologiques. »
Depuis sa chambre, le détenu téléphone rarement. Il n’a que quatre numéros enregistrés : son avocat, deux amies et le Conservatoire national des arts et métiers, avec lequel il a passé ses diplômes. Au parloir, il a seulement bénéficié de onze rencontres, entre 2005 et 2013, principalement de visiteuses catholiques. Quand, en 2015, sa période de sûreté s’achève, le détenu s’interroge. « Il avait conscience que le fait qu’il dépose une requête pouvait choquer les gens », relève la Cour d’appel de Bourges dans son arrêt sur la demande de libération conditionnelle.
La requête est formulée en 2018. Un temps, Jean-Claude Romand envisage d’intégrer la communauté Emmaüs de Déols, près de Châteauroux, à quelques kilomètres de la centrale où il a passé deux décennies. Lionel Barthélémy, alors président de la communauté, lui rend visite pour parler du projet : « Emmaüs, c’est l’accueil inconditionnel. » « Nos discussions n’ont jamais porté sur son histoire mais sur la projection sur l’avenir », précise le retraité. Il décrit un homme doté d’un « niveau intellectuel et culturel important », qui « pèse ses mots ». L’information s’ébruite. Trop risqué si Romand cherche la discrétion, Emmaüs est un lieu ouvert.
Accueilli dans une abbaye traditionalisteBordée par la Creuse, l’abbaye bénédictine de Fontgombault s’impose comme solution. Au cœur du parc naturel régional de la Brenne, ses étangs et ses vallées verdoyantes, toujours dans l’Indre. Une partie du monastère est fermée au public. À l’intérieur, une cinquantaine de moines de la Congrégation de Solesmes vivent en quasi-autarcie. Ces traditionalistes en robe noire chantent la messe en latin, élèvent des animaux, fabriquent du pain. Dans les années 1970, l’abbaye romane du XIe siècle avait caché le milicien et criminel de guerre en cavale Paul Touvier.
Abbaye de Fontgombault (Indre), le 10 octobre. Le monastère a été pour Jean-Claude Romand un point de chute à sa sortie de prison en 2019. «Beaucoup nous ont reproché d’avoir reçu une brebis galeuse», se souvient un moine.
Abbaye de Fontgombault (Indre), le 10 octobre. Le monastère a été pour Jean-Claude Romand un point de chute à sa sortie de prison en 2019. «Beaucoup nous ont reproché d’avoir reçu une brebis galeuse», se souvient un moine. LP/Olivier ArandelEt maintenant Jean-Claude Romand ? En février 2019, le tribunal de l’application des peines de Châteauroux rejette sa demande de libération conditionnelle, soulignant les « faiblesses » d’un projet « construit dans la précipitation ». Les juges s’attachent aussi aux conclusions d’experts qui pointent la « personnalité pathologique » du détenu, « intriquant des éléments narcissiques et pervers ». Trois mois plus tard, la Cour d’appel de Bourges infirme le jugement : Jean-Claude Romand peut sortir, sous conditions. Pendant deux ans, il est placé sous surveillance électronique à l’abbaye.
Sa sortie se fait en catimini, le dernier jour de la mise à exécution de la décision. Sous la canicule de la fin juin 2019, à 4 heures du matin, Jean-Claude Romand découvre sa nouvelle chambre : 20 mètres carrés, un tapis, un prie-Dieu, une salle de douche et un lit. Le père abbé Dom Jean Pateau, à la tête de l’abbaye, a justifié son choix de l’accueillir en s’appuyant sur l’Évangile. « Beaucoup nous ont reproché d’avoir reçu une brebis galeuse », reconnaît l’un des moines de la congrégation. Les règles sont strictes. Au monastère, Jean-Claude Romand rentre dans sa petite chambre, bracelet électronique allumé, de 21h30 à 7h30.
Le reste du temps, il vaque dans les six hectares clôturés de l’abbaye, partage les repas au réfectoire, prie au pied de la statue de sainte Thérèse. Dans un bureau attribué par Dom Pateau, il numérise les archives. « De vieilles bandes sonores, des disques, des conférences », détaille un moine. À cette période, personne ne le croise dans ce village de 252 habitants, religieux compris. Pas même le maire, Philippe Confolant : « J’ai appris dans la presse qu’il s’installait chez nous. » « Il n’y a pas eu de tensions », observe Marie Bossu-Plattard, sa première adjointe.
Aujourd'hui à la retraite, l'ancien détenu a quitté Fontgombault, mais vit toujours dans l'Indre.
Aujourd'hui à la retraite, l'ancien détenu a quitté Fontgombault, mais vit toujours dans l'Indre. LP/Olivier ArandelÀ la sortie d’une messe de 10 heures, quelques fidèles de l’abbaye lèvent les yeux au ciel : « On ne l’a jamais vu non plus. Et puis, on ne pose pas ce genre de questions ici », murmure l’un d’eux. Une autre confie : « Un moine m’a dit qu’il pleurait souvent le matin, que c’était dur pour lui. » Aujourd’hui, seize mois après sa période de probation, Jean-Claude Romand ne réside plus au monastère de Fontgombault. Même si, dans les environs, beaucoup pensent qu’il s’y trouve encore. « Un temps, on s’est demandé s’il n’allait pas devenir moine. » Non, l’homme s’est éclipsé, dans la discrétion. Il rend parfois visite à ses anciens colocataires. « C’est devenu notre ami. On veut le protéger », glisse un homme en robe.
L’ancien détenu vit toujours dans le département, délesté de son bracelet électronique. Libre. Ou presque. Pendant les neuf prochaines années, il doit répondre aux convocations du juge d’application des peines de Châteauroux et prévenir de ses changements de résidence ou déplacements de plus de quinze jours. Il n’a pas le droit non plus d’entrer en contact avec les proches de ses victimes, de communiquer dans les médias sur les actes pour lesquels il a été condamné ou d’apparaître dans les régions Île-de-France, Bourgogne - Franche-Comté et Auvergne - Rhône-Alpes.
« Il veut finir sa vie tranquille »« Il ne part pas en vacances de toute façon », note un moine. Quant à la communauté Emmaüs de Déols, qu’il a envisagé de rejoindre une fois la tempête médiatique passée, l’idée a fait long feu. « Il n’est pas compagnon chez nous. Il n’habite pas, ne travaille pas sur place », assure un cadre de l’association. Jean-Claude Romand, petit homme à lunettes et au crâne lisse, est à la retraite. Il touche 833 euros par mois grâce à ses années de travail en prison. Ceux qui connaissent son adresse gardent le secret. « Il n’y a plus rien à dire », coupe court Me Jean-Louis Abad, son avocat depuis trente ans.
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Affaire Romand : 25 ans après, Prévessin-Moëns n’a pas oubliéAu parquet de Châteauroux, on garde le silence. « C’est un aménagement de peine qui se déroule normalement, indique la procureure de la République Agnès Auboin. Le droit à l’oubli s’impose à lui. » Le tribunal, qui avait refusé en première instance sa libération conditionnelle, porte « une grande attention à ce qu’il ne soit pas trop mis en lumière ». « C’est important de lui renvoyer cette part d’ombre », tranche Agnès Auboin.
Prévessin-Moëns (Ain), septembre 2018. Devant l'ancien domicile de Jean-Claude Romand, où il a assassiné ses proches 25 ans plus tôt.
Prévessin-Moëns (Ain), septembre 2018. Devant l'ancien domicile de Jean-Claude Romand, où il a assassiné ses proches 25 ans plus tôt. LP/Frédéric DugitJean-Claude Romand vit aujourd’hui « reclus », confie l’un de ses rares contacts. Il grince : « Vous ne voulez pas l’oublier d’ailleurs ? » D’après lui, Romand « ne demande qu’une chose : finir sa vie tranquille. Il vit avec le poids de ce qu’il a fait. » S’est-il fait des amis ? L’interlocuteur s’agace : « Vous deviendriez ami avec quelqu’un comme lui, vous ? » A-t-il trouvé un logement facilement ? « À votre avis ? Vue l’histoire du monsieur, c’est compliqué. »
Selon lui, le sexagénaire reste, chaque jour, assis dans un fauteuil chez lui. Il lit, il prie. « Il fait le tour de son pâté de maisons dans un sens, puis dans l’autre. Sa vie n’a pas d’intérêt. Ce n’est que solitude et silence. Il se cache et ce sera comme ça jusqu’à sa mort. »
Près de 600 000 euros à rembourserLes parties civiles, les proches de ses victimes, ne savent rien de son quotidien. « Nous ne sommes pas destinés à connaître son sort », précise Me Laure Moureu, avocate de la famille Crolet, le nom de jeune fille de Florence, l’épouse assassinée.
Jean-Claude Romand doit encore payer ses dettes. L’ardoise s’élève à 557 064 euros. Il a commencé à rembourser dès 2009, à hauteur de 60 euros par mois. Il y a quelques temps, selon les Crolet, les versements se sont arrêtés. « Je vais réactiver toutes les demandes, assure Emmanuel Crolet, l’ancien beau-frère. Je ne veux pas qu’il puisse bénéficier d’argent qu’il doit à d’autres. » Pendant longtemps, le frère de Florence s’est battu pour empêcher cette libération. Chaque jour, il souffre encore du drame : « Ce qui me gêne, c’est qu’il ait la possibilité de passer à autre chose, de vivre une nouvelle vie… »
D’après Lionel Barthélémy, l’ancien responsable Emmaüs à Déols, Romand n’aurait pas changé de nom. « Recommencer à mentir, ce n’était pas possible, observe-t-il. Je pense qu’il aborde les choses de face. » L’ancien associatif a accepté de transmettre nos coordonnées à Jean-Claude Romand. On a attendu quelques jours, en vain. Lui-même échange parfois avec l’ex-détenu. Ils s’écrivent à Noël ou au Nouvel An. Lionel Barthélémy sait qu’il aime l’architecture romane. Alors, quand il tombe sur une jolie église, il lui envoie une photo.
Le 29 octobre 2022 à 19:48:07 :
Triste pour ses enfants quand même
Oui
C'est un putain de taré ouais mais je vois peu de risque de récidive. Par contre Patrick Trémeau...
"Par ailleurs, quelques années auparavant, Jean-Claude Romand est le seul témoin de la mort de son beau-père, Pierre Crolet, le 23 octobre 1988. Pierre Crolet fait une chute mortelle dans l'escalier de sa maison, quelques jours après avoir demandé le remboursement d'une partie de son placement financier. Lorsque les secouristes arrivent sur les lieux, ils affirmeront l'avoir entendu balbutier : « Jean-Claude m'a, Jean-Claude m'a.. », avant que ce dernier ne s'interpose pour poser un masque à oxygène sur le visage de son beau-père. Pierre Crolet décédera des suites de ses blessures quelques jours plus tard sans s'être réveillé. La justice s'en tenant à la thèse de l'accident, Romand n'est pas poursuivi17. Ce dernier prend en charge les funérailles de son beau-père et lance même une levée de fonds. Il détournera par la suite la totalité des dons1."
Digne d'un film.
JC qui plaque tout et va vivre le moine dream
J'ai connu un criminel dans le même cas que lui mais qui s'est buté avec une mère de famille que je connaissais.
En gros c'était un tarax qui a raconté pendant 10 années entière des mensonges sur sa vie de A à Z. Quand la vérité commençait à ressortir, celle qui l'a su en premier (sa meilleure amie), il l'a buté et s'est buté avec
En gros le gars s'est noyé dans ses propres mensonges
C'est un beau roman, c'est une belle histoire
C'est une romance d'aujourd'hui
Il rentrait chez lui, là-haut vers le brouillard
Elle descendait dans le Midi, le Midi…
Le 29 octobre 2022 à 20:02:19 :
J'ai connu un criminel dans le même cas que lui mais qui s'est buté avec une mère de famille que je connaissais.En gros c'était un tarax qui a raconté pendant 10 années entière des mensonges sur sa vie de A à Z. Quand la vérité commençait à ressortir, celle qui l'a su en premier (sa meilleure amie), il l'a buté et s'est buté avec
En gros le gars s'est noyé dans ses propres mensonges
Chaud
Le mec a tué sa femme, ses deux enfants, ses parents et même le chien (durant le procès quand on évoque la mort du chien c'est le seul moment où montre des signes de tristesse car selon lui le chien était le seul à qui il pouvait se confier).
C'est difficile d'imaginer comment on peut basculer à ce point, surtout quand tu sais que le départ de cette histoire était tout con, le mec a refusé de passer ses examens alors qu'il avait largement le niveau intellectuel nécessaire pour être médecin. Incompréhensible.
Mais j'espère qu'il a trouvé la paix et Dieu lui a pardonné ses actes monstrueux, il ne représente aucun danger pour la société.