Erinaceu
2022-09-18 11:00:14
Vous connaissez tous l'histoire de la fondation de Rome : Rémus est tué par son frère Romulus pour avoir osé franchir par dérision le sillon sacré que ce dernier était en train de tracer.
Et ceci est le mythe fondateur de la cité, dès le départ tout est dit : Rome importe plus que tous les liens du sang.
Ce n'était pas l'enceinte d'un temple ou d'un quelconque lieu religieux que Romulus traçait, non c'était celui de la cité elle-même dans son entièreté ; c'est toute la ville qui se voyait sacralisée, et à travers elle toute la vie et la citoyenneté romaine.
Par la suite Rome connaîtra bien des déboires : lorsque les Celtes descendirent du Nord pour piller la cité en 390 avant notre ère, puis lors des guerres puniques avec les déconvenues de la Trébie, du lac Trasimène et de Cannes.
Pourtant à aucun moment Rome ne songea à déposer les armes, elle s'engagea à la place dans une guerre totale, étendant la conscription aux classes pauvres et utilisant toutes ses forces vives -déjà bien saignées- dans une lutte obstinée, là où n'importe quelle autre cité plus raisonnable aurait déjà demandé la paix.
Les patriciens romains avaient une haute estime de leur cité, elle devait régner sur l'univers, tous les chemins menaient à elle, Rome représentait un absolu.
Nous pouvions déjà retrouver cet état d'esprit dans la Grèce antique, notamment avec les cités d'Athènes et de Sparte.
Pourtant les cités grecques ne poussèrent pas ce raisonnement aussi loin, lors de la première invasion perse de la Grèce, durant la première guerre médique, nous avions vu des cités grecques opter pour la neutralité ou la soumission à Darius.
Mais Rome, elle, aurait préférée être détruite plutôt que de passer sous une domination étrangère.
L'attachement à sa terre natale est un sentiment naturel compréhensible, mais il peut confiner à cet espèce de fanatisme.
Et je me demande dans quelle mesure l'idéal prestigieux de la Rome antique, qui n'a jamais cessé d'irriguer l'Occident, et qui fut une inspiration revendiquée des révolutionnaires français, a joué dans la naissance du nationalisme contemporain au tournant du dix-huitième et du dix-neuvième siècle.