Une blogueuse marocaine a été condamnée ce lundi 16 août à deux ans de prison ferme pour atteinte à la religion musulmane. La justice lui reproche d'avoir posté des publications sur Facebook jugées offensantes envers l'islam.
Condamnée pour avoir critiqué l'islam. Fatema Karim, une blogueuse marocaine de 39 ans, a écopé de deux ans de prison, ce lundi 16 août, à cause de publications sur ses réseaux sociaux jugées offensantes envers l'Islam, rapporte son frère à l'AFP. Son « délit » est d'avoir commenté sur un ton satirique, sur sa page Facebook, des versets du Coran et des hadiths du prophète Mahomet, considérés comme sacrés dans la tradition musulmane.
L'article 267-5 du Code pénal marocain, invoqué par la justice, stipule que « quiconque porte atteinte à la religion musulmane » peut être puni de six mois à deux ans de prison ferme. Un article très large puisqu'il punit également toute « atteinte au régime monarchique » et toute « incitation à porter atteinte à l'intégrité territoriale » du royaume. La peine est susceptible d'être portée à cinq ans d'emprisonnement si l'infraction est commise en public, « y compris par voie électronique ».
LIBERTÉ D'EXPRESSION
Deux droits rentrent en conflit dans cette affaire. D'un côté, l'article 267-5 du Code pénal marocain protège la religion musulmane de toute attaque, de l'autre, la Constitution marocaine est censée garantir la liberté d'expression. Fatema Karim compte s'appuyer sur la Constitution pour faire appel de la décision. Elle a par ailleurs présenté publiquement des excuses à « quiconque s'est senti offensé » par ses publications, assurant n'avoir jamais eu l'intention de porter atteinte à l'islam, religion d'État au Maroc. « Ce verdict est très sévère. Il nous renvoie des années en arrière », a regretté son frère auprès de l'AFP. La famille est soutenue par les défenseurs des droits humains, qui dénoncent le texte de loi dont la formulation « ne spécifie pas concrètement les faits qui pourraient constituer une atteinte » et constitue une atteinte à la liberté d'expression.
La blogueuse n'est pas la première personne condamnée au Maroc pour des moqueries sur le Coran. En juin 2021, une Italo-marocaine avait écopé de trois ans et demi de prison ferme pour des faits similaires. La justice lui reprochait d'avoir publié sur Facebook des phrases satiriques imitant des versets du Coran.