Max Weber montrera que les entrepreneurs protestants, pour la plupart « parvenus » de l'artisanat, ont inventé un « capitalisme moderne » et inventif, prenant de vitesse des banquiers plus riches qu'eux, par l'intériorisation des bénéfices, en baissant les prix pour gagner de nouveaux clients, en dépensant pour adapter les produits et en sélectionnant les meilleurs travailleurs, quitte à payer plus cher et sacrifier la rentabilité à court terme. Ce capitalisme de l'ascèse, vise la croissance, au détriment de la rente et des plaisirs matériels. Il dérive du Monachisme occidental, qui a pu rentrer dans le monde laïque grâce à la Réforme. Le protestant, ayant conquis le pouvoir politique notamment en Europe du Nord et dans les pays anglo-saxons, réinvestit ou intériorise ses bénéfices, pour donner à son peuple une place dans l'avenir et répondre à l'appel de Dieu à une vie éternelle, en espérant qu'il fait partie des élus secrets.
Max Weber cherchera dans la doctrine de la prédestination une des causes du dynamisme économique des États protestants et de la naissance du système capitaliste. En effet, cette doctrine pousse selon lui le croyant à tenter de deviner s'il est un élu. Le succès dans les affaires peuvent être considérés comme un signe de cette grâce, le croyant exprimant ainsi une vocation utile à sa communauté, le fruit du capital devant être réinvesti (du mot allemand de beruf, qui veut dire « vocation » plus que « prédestination »).
Weber remarque aussi que le protestantisme, celui de Luther, Calvin et des autres fondateurs de la Réforme est austère et s'oppose à toute recherche pour elles-mêmes des richesses, qui doivent être réinvesties, afin que l'argent circule et fructifie. Pour Weber, c'est dans cet esprit austère, ascétique qu'il faut chercher la source du capitalisme.
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La plus belle excuse pour profiter de la vie terrestre
Cocasse de faire preuve d'autant de mauvaise foi
Je me méfie toujours des gens qui voient dans une période, un mouvement donné, l’émergence du « capitalisme ». A Chaque fois qu’une nouvelle période est étudiée du point de vue économique, on se rend compte qu’elle répond finalement toujours plus ou moins aux critères du capitalisme. Jusque récemment il était de bon ton de voir en la société féodale une société hermétique à l’économie alors qu’en vérité, comme l’a démontré Jacques Heers, même dans une société aussi cloisonnée il y avait des mouvements de marchandises, des échanges, des enrichissements individuels, des bourgeois,… Je n’ai donc pas de problème à admettre cette sociologie protestante, mais il ne faudra pas surestimer son impact historique.
Je précise simplement que je suis tout à fait au courant du fort esprit de corporation de l’économie féodale, ceci étant ça ne change pas mon propos. Simplement, personne n’a attendu les protestants pour développer un esprit « capitaliste », on pourrait citer d’infini exemples, de l’enrichissement des italiens jusqu’à l’émergence d’une « « « bourgeoisie » » » bien avant le protestantisme.
Le 22 août 2022 à 03:34:14 :
Je précise simplement que je suis tout à fait au courant du fort esprit de corporation de l’économie féodale, ceci étant ça ne change pas mon propos. Simplement, personne n’a attendu les protestants pour développer un esprit « capitaliste », on pourrait citer d’infini exemples, de l’enrichissement des italiens jusqu’à l’émergence d’une « « « bourgeoisie » » » bien avant le protestantisme.
L'idée du transfert d'épicentre de ce capitalisme des banquiers aux industriels est très intéressante, je trouve, dans la théorie de Weber.
On passe d'un capitalisme de rente, très proche des structures inhérentes à la noblesse de l'époque (il faut voir comment les Médicis se sont d'abord enrichis : grâce au crédit, mais surtout grâce aux possessions qu'ils ont pu obtenir par le biais des défauts), à un capitalisme d'innovation, de productivité induite par le travail divisé et le réinvestissement.
Sa théorie est plus intéressante pour évaluer le passage d'un capitalisme à un autre, que pour évaluer précisément où et quand le capitalisme est né.
Le 22 août 2022 à 03:41:07 :
Le 22 août 2022 à 03:34:14 :
Je précise simplement que je suis tout à fait au courant du fort esprit de corporation de l’économie féodale, ceci étant ça ne change pas mon propos. Simplement, personne n’a attendu les protestants pour développer un esprit « capitaliste », on pourrait citer d’infini exemples, de l’enrichissement des italiens jusqu’à l’émergence d’une « « « bourgeoisie » » » bien avant le protestantisme.L'idée du transfert d'épicentre de ce capitalisme des banquiers aux industriels est très intéressante, je trouve, dans la théorie de Weber.
On passe d'un capitalisme de rente, très proche des structures inhérentes à la noblesse de l'époque (il faut voir comment les Médicis se sont d'abord enrichis : grâce au crédit, mais surtout grâce aux possessions qu'ils ont pu obtenir par le biais des défauts), à un capitalisme d'innovation, de productivité induite par le travail divisé et le réinvestissement.
Sa théorie est plus intéressante pour évaluer le passage d'un capitalisme à un autre, que pour évaluer précisément où et quand le capitalisme est né.
Le 22 août 2022 à 03:41:07 :
Le 22 août 2022 à 03:34:14 :
Je précise simplement que je suis tout à fait au courant du fort esprit de corporation de l’économie féodale, ceci étant ça ne change pas mon propos. Simplement, personne n’a attendu les protestants pour développer un esprit « capitaliste », on pourrait citer d’infini exemples, de l’enrichissement des italiens jusqu’à l’émergence d’une « « « bourgeoisie » » » bien avant le protestantisme.L'idée du transfert d'épicentre de ce capitalisme des banquiers aux industriels est très intéressante, je trouve, dans la théorie de Weber.
On passe d'un capitalisme de rente, très proche des structures inhérentes à la noblesse de l'époque (il faut voir comment les Médicis se sont d'abord enrichis : grâce au crédit, mais surtout grâce aux possessions qu'ils ont pu obtenir par le biais des défauts), à un capitalisme d'innovation, de productivité induite par le travail divisé et le réinvestissement.
Sa théorie est plus intéressante pour évaluer le passage d'un capitalisme à un autre, que pour évaluer précisément où et quand le capitalisme est né.
Le 22 août 2022 à 03:41:07 :
Le 22 août 2022 à 03:34:14 :
Je précise simplement que je suis tout à fait au courant du fort esprit de corporation de l’économie féodale, ceci étant ça ne change pas mon propos. Simplement, personne n’a attendu les protestants pour développer un esprit « capitaliste », on pourrait citer d’infini exemples, de l’enrichissement des italiens jusqu’à l’émergence d’une « « « bourgeoisie » » » bien avant le protestantisme.L'idée du transfert d'épicentre de ce capitalisme des banquiers aux industriels est très intéressante, je trouve, dans la théorie de Weber.
On passe d'un capitalisme de rente, très proche des structures inhérentes à la noblesse de l'époque (il faut voir comment les Médicis se sont d'abord enrichis : grâce au crédit, mais surtout grâce aux possessions qu'ils ont pu obtenir par le biais des défauts), à un capitalisme d'innovation, de productivité induite par le travail divisé et le réinvestissement.
Sa théorie est plus intéressante pour évaluer le passage d'un capitalisme à un autre, que pour évaluer précisément où et quand le capitalisme est né.
Le 22 août 2022 à 03:41:07 :
Le 22 août 2022 à 03:34:14 :
Je précise simplement que je suis tout à fait au courant du fort esprit de corporation de l’économie féodale, ceci étant ça ne change pas mon propos. Simplement, personne n’a attendu les protestants pour développer un esprit « capitaliste », on pourrait citer d’infini exemples, de l’enrichissement des italiens jusqu’à l’émergence d’une « « « bourgeoisie » » » bien avant le protestantisme.L'idée du transfert d'épicentre de ce capitalisme des banquiers aux industriels est très intéressante, je trouve, dans la théorie de Weber.
On passe d'un capitalisme de rente, très proche des structures inhérentes à la noblesse de l'époque (il faut voir comment les Médicis se sont d'abord enrichis : grâce au crédit, mais surtout grâce aux possessions qu'ils ont pu obtenir par le biais des défauts), à un capitalisme d'innovation, de productivité induite par le travail divisé et le réinvestissement.
Sa théorie est plus intéressante pour évaluer le passage d'un capitalisme à un autre, que pour évaluer précisément où et quand le capitalisme est né.
D’accord vu comme ça c’est tout de suite plus intéressant (sans doute suis-je simplement ignorant de la finalité de la démonstration de weber). En revanche si je peux pinailler par principe sur un point, est-ce que tu penses que les raisons qu’il évoque sont toutes valables ? quand je lis le passage que tu cites, je ne peux m’empêcher de trouver tiré par les cheveux l’idée que « la prédestination » inhérente au protestantisme les poussent à innover, à entreprendre, afin de voir s’ils sont les élus. D’autres mouvements chrétiens ont repris cette idée de la predetestination (je pense surtout aux jansénistes, pour le dire vite) et je ne suis pas sûr que ça ait marqué, sociologiquement, un rapport différent à l’économie chez eux pour autant (je peux me tromper). Les causes invoquées te semblent bien établies ?
L'éthique protestante a peut-être agi comme un catalyseur des épopées industrielles et commerciales d'Angleterre et d'Allemagne, mais n'en est probablement pas la cause première : examiner, pour s'en convaincre, l'histoire industrielle laborieuse et erratique des pays scandinaves comme de l'Estonie, pourtant acquis au luthéranisme, et par contraste, celle de l'Italie du Nord et de la France, catholiques
S'il faut absolument trouver une cause spirituelle au capitalisme, je les chercherais plutôt dans un amour exacerbé de soi et dans un désir d'hégémonie, lesquels transcendent les découpages religieux en Europe et paraissent davantage épouser les réalités historiques des peuples
Le 22 août 2022 à 04:03:02 :
L'éthique protestante a peut-être agi comme un catalyseur des épopées industrielles et commerciales d'Angleterre et d'Allemagne, mais n'en est probablement pas la cause première : examiner, pour s'en convaincre, l'histoire industrielle laborieuse et erratique des pays scandinaves comme de l'Estonie, pourtant acquis au luthéranisme, et par contraste, celle de l'Italie du Nord et de la France, catholiquesS'il faut absolument trouver une cause spirituelle au capitalisme, je les chercherais plutôt dans un amour exacerbé de soi et dans un désir d'hégémonie, lesquels transcendent les découpages religieux en Europe et paraissent davantage épouser les réalités historiques des peuples
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