RegimeDuCamp7PC
2022-05-22 09:29:53
Assis dans le bureau de son avocate, Marc (prénom d’emprunt) confie son émotion avec beaucoup de pudeur et de recul. D’une voix faible et posée, il évoque une « délivrance » après sept années passées entre parenthèses. Sous ses yeux : le jugement de la Cour d’Appel d’Angers qui reconnaît son innocence et qui signe la fin du long combat judiciaire, entamé en 2014, lorsque son épouse porte plainte à son encontre pour viol et violences conjugales. Mis en examen, le Sarthois est alors incarcéré. Il passe huit mois en détention provisoire, le temps qu’un nombre suffisant de témoignages concordants parvienne chez le juge d’instruction en charge de l’enquête.
« Tant qu’on n’en n’est pas sorti, on doute toujours », témoigne aujourd’hui Marc. « C'est le combat du pot de terre contre le pot de fer. Au fond de moi, je savais que je n'avais rien fait de ce qui m'était reproché. C'est ce qui m'a fait tenir», raconte-t-il. « Ce qui est important, c'est le résultat. La justice a bien fait son travail malgré la lenteur. Pour moi, c'est une nouvelle vie qui commence », confie l’homme qui ne manifeste, en apparence, aucune colère ni rancune.
Quatre jugements favorables
Dès le début de cette tentaculaire affaire, son avocate, maître Jennifer Neveu croit en l’innocence de son client. « C'est mon intime conviction », explique-t-elle. « Peut-être de l’ordre de l’affect », reconnaît la Sarthoise qui s’est battue jusqu’au bout pour obtenir « quatre jugements favorables ». Avec le recul dont elle dispose maintenant, maître Neveu en est certaine : son lient « a été victime d’une erreur judiciaire ».
"La justice ne peut partir de préjugés"
Ce dossier doit aussi certainement être lu dans le contexte actuel de libération de la parole sur les affaires d’agressions et de viol. « Les infractions à caractère sexuel sont nombreuses. Beaucoup de gens ont du mal à les révéler. On sait que peu de victimes portent plainte parce que c’est compliqué et que cela atteint leur intégrité. Par conséquent, lorsque quelqu’un dénonce de tels faits, la justice se dit que c’est nécessairement vrai», explique maître Jennifer Neveu. « C’est peut-être le cas dans l’essentiel des dossiers. Mais pas dans tous. La justice ne peut partir de préjugés », assure l’avocate mancelle.
"La justice s'est emballée"
« A une époque, la parole des femmes n’était pas prise en considération. Aujourd’hui, elle n’est prise qu’en considération », constate maître Neveu. « Le problème avec les extrêmes, c’est qu’ils ne se sont jamais bons. La justice doit peser le pour et le contre. Elle doit être mesurée. Elle doit douter d’elle-même. Parfois, l’institution judiciaire a du mal à le faire ». Pour l'avocate, dans le cas de Marc, accusé à tort par son épouse de viol et de violences, « la justice s’est emballée ». Elle a « du mal à lâcher et à reconnaitre qu’elle s’est trompée », souligne Jennifer Neveu.
Une plainte pour "dénonciation calomnieuse"
L’arrêt rendu par la Cour d’Appel d’Angers, dans cette affaire, est définitif car l’ancienne épouse de Marc ne s’est pas pourvue en cassation (dernière étape judiciaire possible quand on veut contester un jugement). Le Sarthois, lui, va déposer une requête pour obtenir, de la part de l’Etat, une réparation financière de son préjudice. Il a aussi porté plainte pour « dénonciation calomnieuse ». La Procureure de la République du Mans n'a pas encore dit si elle acceptait ou rejetait cette demande.