Le 04 mai 2022 Ă 14:47:10 :
<spoil><spoil><spoil><spoil>Jean-Alexander avait 66 ans. Il était à neuf mois de la retraite. Il travaillait pour la Ville de Paris, comme agent rattaché au service Jeunesse et Sports. Il était « physiquement, psychologiquement et socialement fragile ». Ce sexagénaire, d’origine polonaise, avait perdu son appartement dans le XVe arrondissement. Il était sans domicile fixe. Il dormait dans un local technique municipal attenant à un terrain de foot en plein cœur de la capitale. Il avait la clé. « Les gens fermaient les yeux », glisse un témoin. C’est là , lundi, que l’un de ses collègues qui faisait une ronde l’a découvert, mort.
Le terrain de sport Charlemagne, rue des Jardins-Saint-Paul, au cœur du Marais, résonnait ce mardi de rires d’enfants et de lancers de ballon de foot. Seul le petit local en question, barré par de la rubalise police, attestait du drame qui s’est joué en plein week-end du 1er mai, dans une solitude totale.
Ce mardi, les policiers du commissariat de Paris Centre, à qui le parquet a confié l’enquête, tentent de démêler ce fait divers silencieux, d’éclaircir les circonstances de la mort, d’auditionner les témoins, de retrouver sa famille…
Un homme fragile psychologiquement
Lundi, à 14h30, l’agent qui a fait la macabre découverte dans ce local, qui servait aussi de bureau et de lieu de pause aux fonctionnaires, a appelé les pompiers et la police. La victime gisait sans vie, allongée, à même le sol, sur le flanc droit.
Au vu de la rigidité cadavérique, les premiers intervenants ont établi que le décès remonterait à plusieurs jours. L’officier de police judiciaire a constaté, lui, que le corps ne présentait pas de traces suspectes. Le certificat de décès a été signé. La dépouille a été transportée par les services funéraires de la Ville de Paris à l’Institut médico-légal, quai de la Rapée (XIIe). Ce mardi, les médecins légistes devaient procéder à une autopsie pour confirmer ce premier diagnostic d’une mort naturelle et préciser la date.
« Une enquête est en cours pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame », indique la Ville qui « adresse ses plus sincères condoléances à ses proches ».
En plus de l’enquête de police, la Ville a ouvert « une enquête administrative », ajoute Pierre Rabadan, adjoint à la maire de Paris, en charge du sport, des Jeux olympiques et paralympiques et de la Seine. Le « patron » de ce service Jeunesse et Sports qui employait la victime se dit « très affecté ». « C’est triste pour lui mais aussi pour nous, pour son équipe. J’ai une pensée pour l’agent qui l’a trouvé. Il y a d’ailleurs une cellule de soutien psychologique à sa disposition. »
L’élu dit vouloir « comprendre les circonstances du drame ». L’agent en question, diagnostiqué fragile par le médecin du travail, extrêmement maigre, sortait d’un arrêt maladie d’un an. Il était suivi par les services ressources humaines et par une assistante sociale. Un mi-temps thérapeutique lui avait été spécialement aménagé. Voussad Challal, secrétaire de la CGT pour la Ville, confirme « la grande précarité de l’agent et de gros soucis perso ». Et précise que la victime « était rentrée à la Ville il y a plusieurs années via des dispositifs sociaux ».
Une attitude de plus en plus marginale
Selon un témoin, Jean-Alexander s’était marginalisé. Ce qui lui avait valu une « mutation » et cet aménagement à mi-temps, quatre heures par jour, quatre jours par semaine. Auparavant, l’agent était affecté au gymnase Jean-Dame dans le IIe arrondissement. « Son comportement, son laisser-aller vestimentaire et son absence de relations avec les usagers » avaient alerté les services médicaux et sociaux de la Ville.
L’enquête se poursuit. « Le plus difficile, poursuit cette source, va être de trouver des proches ou des parents ». D’après les premiers éléments de l’enquête, Jean-Alexander « était dans une solitude abyssale ».</spoil></spoil></spoil></spoil>