LoirEnRut
2022-04-29 12:28:38
Une rixe entre jeunes dans la rue Émile-Duclaux à Aurillac (Cantal) relance les débats sur le centre-ville
Mercredi 27 avril, des pierres ont volé en centre-ville d'Aurillac, à l'angle des rues Duclaux et de la Bride. Les clients se sont réfugiés dans les magasins, une vitrine a été cassée. Une plainte a été déposée.
Les faits
« J'ai entendu rigoler, et comme je n'entendais plus mes clients, j'ai fermé la porte, raconte Prescilla Martinez, à la caisse de la boutique Armand Thierry. Ensuite, on a entendu de gros bruits, des impacts, c'était tellement fort que ça m'ouvrait la porte. » Les bruits, ce sont des pierres, grosses comme le poing, qui s'écrasent sur la vitrine.
Ce mercredi 27 avril, vers 17 h 30, deux bandes de jeunes, voire très jeunes – de 12, 13 ans jusqu'à 15, 16 ans, selon les témoins –, avec des capuches, se sont affrontées pendant une période très courte, entre 15 et 30 secondes selon l'ensemble des commerçants de la rue.
D'un côté, trois individus auraient été pris pour cible avant de filer rue du Prince, par cinq à huit personnes qui se trouvaient rue de la Bride. Les armes utilisées sont des cailloux, certains ronds, d'autres ressemblant plutôt à des pavés.
S'il n'y a pas de blessés, une plainte a été déposée par Armand Thierry pour sa vitrine, fendue par un jet de pierre ; le magasin n'était, semble-t-il, pas visé.
« J'étais dans la réserve quand j'ai entendu un bruit de cavalcade », explique Evelyne Courchinoux, de la boutique de chocolat Thuriès. Des clients se sont réfugiés dans le magasin. « On a fait entrer les clients rapidement, confirme Caroline Barral, à la bijouterie Laroque. Il y avait de gros galets dans la rue. »
Les jeunes ne sont pas connus des commerçants. Ils avaient tous « une capuche, voire une cagoule », souligne Kinda Roussilhe, à la boutique Eva Blue. « Ce ne sont pas des habitués, je ne sais pas d'où ils sortent », certifie Maryline Lac. Si un travail d'exploitation des vidéos a déjà été fait, il sera, selon nos informations, difficile de s'appuyer dessus : les jeunes ont effectivement le visage couvert. Si la rumeur file en centre-ville, rien n'accrédite la thèse d'un « second round », après une bagarre mardi soir au Square, ni aucun lien avec un éventuel trafic de stupéfiants.
Le débat
Mais Aurillac est un grand village de 25.000 habitants. Une mère de famille, obligée de se réfugier dans la bijouterie Laroque, a raconté les faits, sur la page Facebook « Tu sais que tu viens d'Aurillac quand... » (23.500 membres), relançant le débat autour du sentiment d'insécurité en centre-ville. Il a enregistré plus de 130 commentaires, la plupart critiquaient la municipalité en place, d'autres témoignant d'un sentiment de dégradation en centre-ville.
« On ne se défend pas à armes égales, regrette Caroline Barral. Nous, on y croit à notre centre-ville... » « Mais à force d'y vivre, on ne voit pas la solution évoluer, termine Pierre Laroque. Ces événements, cela n'arrive pas tous les jours, mais on sent que cela se resserre. Il ne faut pas que la ville se ghettoïse. »
« Il faut en prendre conscience, explique Anne Delort, dans la boutique voisine d'Aurillac Sport. La dégradation est déjà là. » « Ce genre de chose n'arrivaient qu'au moment du Théâtre de rue », conclut Evelyne Courchinoux.
La réponse
Le maire Pierre Mathonier (PS) s'est rendu sur place quelques dizaines de minutes après l'épisode. « C'est un événement choquant, sur lequel il va falloir agir. Ce n'est pas admissible, commence-t-il. Il y a un agacement, et c'est un agacement que l'on peut comprendre. Je suis moi-même très agacé ».
Puis il relativise :
Il s'agit d'une rixe de 30 secondes, 30 secondes, ça peut se produire n'importe où dans la ville. C'est un vrai sujet, mais qu'il faut traiter sereinement, rationnellement. Le seuil de tolérance étant très faible à Aurillac, on ne s'attend pas à ce que ce genre d'événement arrive. Mais cela arrive à Aurillac, comme ailleurs.
L'édile ne promet rien dans l'immédiat, « il faut essayer d'analyser, trouver les causes de cet incident. Et s'il y a des causes structurelles, il faudra les traiter. »
https://www.lamontagne.fr/aurillac-15000/actualites/une-rixe-entre-jeunes-dans-la-rue-emile-duclaux-a-aurillac-cantal-relance-les-debats-sur-le-centre-ville_14122578/