Shantys
2022-04-25 01:46:29
Ils étaient l’un près de l’autre, le regard autour des souvenirs, la bouche tendue : et ils tétaient avec lenteur entre leurs lèvres palpitantes, le silence. Le bras de Kassoumi fit le tour de la taille de Tambira, l’enserrant d’une pression douce. Elle prit, sans colère, cette main, l’éloignait sans cesse à mesure qu’il la rapprochait, n’éprouvant du reste aucun embarras de cette caresse, comme si c’eût été une chose naturelle qu’elle repoussait aussi naturellement. Elle écoutait l’oiseau, perdue dans une extase. Envahie de désirs infinis de bonheur, de tendresses soudaines qui l’irradiaient – révélations de poésie insoupçonnée – elle frémit d’un tel amollissement des nerfs et du cœur qu’elle pressa fort la main de l’homme, qui, à présent, la serrait contre lui ; elle ne le repoussait plus, n’y songeant pas.
Ils restèrent quelque temps ainsi. La femme se taisait, pénétrée de sensations très douces. La tête de Kassoumi reposait sur son épaule ; brusquement il lui baisa les lèvres. Elle eut une révolte furieuse, et, pour l’éviter, se jeta sur le dos. Il la culbuta. Mais elle rabattit vite son habit sur sa cuisse, voulut fuir. Il s’affala sur elle, la couvrant de tout son corps, griffé, tambouriné, harcelé par le cuir des seins et la poitrine orageuse de la femme. Il poursuivit longtemps cette bouche qui le fuyait, puis, la joignant, y noua la sienne. Alors, affolée, elle le caressa, lui rendit, lui labourant les reins, son baiser ; et, flancs gonflés, tout envahie d’un délicieux sentiment de défaite, sa résistance, elle la sentit, comme écrasée par un poids trop lourd, tomber…