Sa compagne soutient son compagnon au quotidien. Elle quitte même son emploi pour s’y dédier à temps plein. À la barre, elle témoigne en ravalant quelques sanglots. « Il est arrivé à 59 kg, et même là, Miguel le faisait encore culpabiliser de ne pas suivre ses protocoles. » Plusieurs fois, la jeune femme désemparée appelle Miguel en cachette pour essayer de le convaincre de pousser Pierre à consulter. En vain. En janvier 2018, l’état de son compagnon s’aggrave.
Le 7 février, il écrit à Miguel : « Peut pas parler. trop mal. Dernière cure trop éprouvante. »
– C’est juste une impression. »
Deux jours plus tard : « Je suis exténué et démoralisé.
– Il n’y a que la purge qui permet d'éliminer. »
Plus tard encore : « Reste en jeûne et bois des infusions en plus. »
Miguel B utilise même une pendule pour repérer d’éventuelles métastases aux poumons, et conclut qu’ils sont épargnés. En réalité, ils sont atteints. « Diagnostic poumon gauche atteint. Tu m'avais dit avoir vérifié. tu comprendras peut-être ma colère », écrit Pierre le 20 février.
Un jour aux urgences, le père de Pierre dit avoir entendu Miguel dire au téléphone à son fils qu’il serait « dommage de faire cette chimio ». Lorsque Pierre décède, en mars 2018, les métastases ont atteint son cerveau.