Parce qu’il faut être clair, que veut dire voter pour Emmanuel Macron ? C’est d’abord approuver son bilan, la destruction du droit du travail, la poursuite de celle du système de santé, entériner l’affaiblissement drastique des institutions avec la disparition de la séparation des pouvoirs, la violence contre les mouvements sociaux et en particulier la répression jamais vue depuis la guerre d’Algérie du mouvement des gilets jaunes, s’accommoder des multiples lois liberticides, de la mise en place d’un système ultra autoritaire où la liberté d’expression et de manifestation sont tous les jours malmenée, ne voir aucun inconvénient aux privatisations réservées aux copains, à la poursuite du dépeçage de l’outil industriel français, à la corruption géante du sommet de l’appareil d’État… On s’en tiendra là, mais la liste est encore longue.
Voter pour Emmanuel Macron c’est ensuite lui donner carte blanche pour un mandat non renouvelable, dans un contexte où il n’y aura aucune élection intermédiaire avant quatre ans. Alors, on connaît cet homme, on sait quels sont ses projets et quels intérêts il défend, ce sera donc « all inclusive et open bar ». La sécurité sociale et le système des retraites seront démantelés au profit des fonds de pension. Les amis de chezMcKinsey seront chargés à grands frais de la mise en place, et ceux de Blackrock raflerons la mise. Ce qui reste du tissu industriel français sera vendu à l’encan pour la grande joie des banques d’affaires qui se serviront au passage, notre souveraineté finira d’être démantelée au profit d’une UE dominée par l’Allemagne, à qui nous permettrons de partager notre siège au conseil de sécurité de l’ONU et de disposer de notre force de dissuasion nucléaire. Le tout bien sûr au nom d’une « souveraineté européenne » qui n’existe pas. Et puis il ne faut pas oublier, la disponibilité personnelle d’Emmanuel Macron pour toutes les dérives sociétales. Les bourgeois catholiques qui ont abandonné Valérie Pécresse pour protéger leur portefeuille, boiront le calice jusqu’à la lie. Au bout de ces cinq nouvelles années, la France sera méconnaissable et ce sera irréversible.
Alors quand on entend les antifascistes de pacotille venir nous dire qu’il faut voter Macron pour ensuite mener les luttes au Parlement et dans la rue, on reste interdit devant tant de cynisme ou d’aveuglement. Pendant les mandats présidentiels Hollande et Macron, aucune grève, aucune mobilisation, aucune activité parlementaire n’a permis de s’opposer à l’agenda néolibéral.
Par conséquent, même si c’est difficile de glisser dans l’urne un bulletin portant le nom de Le Pen, il faut s’y résoudre, en refoulant les états d’âme. Malgré le souvenir de ce que le Front National et son chef avaient de détestable, et de ce scrutin de 2002 où pour la seule fois de sa vie on a voté à droite pour le battre à plate couture. Voter Marine Le Pen, c’est bien sûr d’abord voter contre Macron et son système. Mais c’est aussi regarder la réalité en face et ce bloc populaire qui se structure autour d’elle. Et ces ouvriers, ces employés, ces paysans qui disent désormais massivement qu’il faudra de nouveau compter avec eux, leur rendre la place qui est la leur, il est nécessaire à ce moment précis d’être de leur côté. Et pour ma part de leur être fidèle.
Élire Marine Le Pen est bien sûr un pari, mais il est beaucoup moins risqué que de choisir Macron. L’effet de rupture produira des possibles, ce coup d’arrêt provoquera des recompositions politiques, et la dirigeante du Rassemblement National ne pourra pas gouverner seule. Et là, la lutte politique reprendra tout son sens.
Tout est dit.
https://www.vududroit.com/2022/04/presidentielle-voter-avec-les-classes-populaire-et-battre-macron/