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2022-03-18 13:18:31
Les populistes que j'appelle les "résignés-réclamants" s'inscrivent dans une vraie bataille idéologique qui n'est pas du tout la même que celle qu'on a traditionnellement repris du XIXe et du XXe siècles, entre libéralisme et social-démocratie. Ce sont ceux qui, dans un monde où l’État a de moins en moins de puissance, de moins en moins de moyens d'agir, continuent à être résignés — c'est-à-dire avoir renoncé à choisir leur vie — et qui sont réclamants des miettes d'une richesse qui ne leur appartient pas.
Ça s'inscrit dans une bataille entre deux idéologies très fortes, deux grands mouvements, qu'on peut caractériser l'une par l'idéologie de la peur : la peur des autres, la peur des étrangers, la peur des femmes, la peur des Ju*f, la peur des Musulmans, et finalement la peur de soi-même, parce qu'on ne croit pas qu'on soit capable de quoi que ce soit. Et ça se traduit inévitablement par une idéologie de : puisque j'ai peur, je me replie sur moi, je fais l'apologie de la pureté, donc de la purification — c'est-à-dire qu'entre ceux qui sont pour la pureté nationale, ceux qui sont pour la pureté ethnique et ceux qui sont pour la purification idéologique qu'on retrouve dans les extrémismes de toute nature et les fondamentalismes, c'est la même chose.
Et face à ça, l'autre idéologie, celle que j'essaye de montrer comme celle qui porte l'avenir, qui est extraordinairement optimiste, c'est l'idéologie du respect : respect de soi-même, respect des femmes, respect des Ju*fs, des Musulmans, des autres ; ouverture et acceptation du nouveau, du changement qui fait qu'on est inévitablement conduits à la bienveillance, à l'empathie, au courage, à l'optimisme, à la volonté de se trouver soi-même — parce que si on se respecte, c'est qu'on a envie de réussir sa vie ! Et si on a envie de réussir sa vie, on se rend compte très vite qu'on ne peut pas réussir sa vie sans altruisme. C'est d'ailleurs tout ce que montrent les technologies modernes, qui font que la réussite suppose le partage, suppose l'empathie, suppose l'écoute des autres, suppose l'ouverture au monde.
Je prends juste un exemple concret, j'étais avant-hier à Mulhouse , j'ai vu des jeunes, qui venaient des communautés dites étrangères, à qui on a simplement tendu la main et donné la chance, en les coachant, de les permettre de réussir leur métier. Je me souviens d'un gamin, venant de Tunisie, devenu prof de plongée sous-marine et maintenant artiste photographe, etc. et qui en même temps passe une partie de son temps à aider les autres du quartier à s'épanouir et à réussir leur vie.
Et ça, je crois que c'est ça qui est le grand changement. Il faut ne pas avoir peur de soi-même, avoir une grande ambition pour soi-même, et là tout naturellement naît un altruisme et une solidarité nouvelle, naît le fait de ce que j'appelle devenir soi, qui n'est pas rester soi, surtout pas ! Parce que devenir soi, c'est créer un soi qui ne soit pas simplement une nostalgie du passé, un retour sur des frontières, la fermeture d'un club où on a été très content d'être admis mais on ne veut que personne d'autre ne rentre après soi, parce qu'une fois que la porte est ouverte pour soi on a envie de la refermer pour les autres — c'est ça qui conduit à la mort d'une nation. Une nation n'est forte que si elle a envie de devenir elle-même, et elle ne peut devenir elle-même que si elle est en permanent changement en accueillant les autres, en considérant le métissage comme positif et en s'inventant en permanence. Ça suppose de l'empathie, de la bienveillance, de l'altruisme : c'est ça, je crois, la grande bataille idéologique d'aujourd'hui