Ambition
2022-03-14 15:48:10
J'ai (notamment) deux étudiants en classe de seconde. L'un est plutôt doué, l'autre ne l'est vraiment pas.
Pour le premier, j'ai d'abord volontairement réduit au minimum mon effort pédagogique. Un récapitulatif de cours, et on passe directement aux exercices. Je lui donne quelques vagues indications, et il se débrouille tout seul ensuite. En changeant de méthode pour voir s'il serait capable de devenir encore meilleur qu'il n'était (exercices plus progressifs mieux ciblés sur ses difficultés, système d'aides par paliers, problèmes plus exigeants pour le confronter à ses propres limites), je n'ai vu que des changements minimes dans sa compétence réelle. Peu importe la méthode, il demeure toujours plus ou moins au même niveau, c'est-à-dire bon mais pas excellent.
Le second étudiant n'est, pour sa part, rien qu'on puisse qualifier de bon. Il galère systématiquement sur des exercices triviaux. J'ai essayé plusieurs méthodes, je suis repassé sur des bases du collège mal maîtrisées, et j'ai réussi à le faire passer de mauvais à mauvais-moyen. La différence existait, et elle était observable en test. En continuant ainsi je pense pouvoir le rendre moyen.
Cependant, j'ai trouvé ça quelque peu déprimant. J'ai vite eu le sentiment d'être seulement capable de tirer nuls un peu vers le haut (ce qui n'est pas si mal), mais complètement impuissant quant à rendre les bons excellents, à leur faire passer un cap. Comme si le fait pédagogique pouvait se résumer au fait de rattraper très modestement ceux que la Nature met brutalement de côté. À faire du bricolage, du rattrapage.
D'autres ont ressenti la même chose ?
Si je prends l'exemple inverse de mon père : il vient d'un milieu plutôt modeste, il était très précoce et ses parents l'ont remarqué et lui ont donné des ouvrages en mathématiques, en sciences, et en informatique quand il était encore super jeune. Il a tout appris tout seul avec ces bouquins-là puis d'autres, sans prof, aller à l'école ne lui servait absolument à rien, il passé son bac scientifique avec presque trois années d'avance. Il a rattrapé son retard dans les matières littéraires en autodidacte en quelques années, a appris à parler anglais, allemand, italien. Personne n'a jamais eu besoin de l'y pousser, de l'entraîner, il était comme aspiré vers le haut.