J’avais essayé d’écrire un livre

algeriendechu
2022-01-24 04:26:29

Un passage

Je crains que, quelque part, je me sois aveuglé, laissé prendre au jeu de l'écrivain, voulu me sentir capable d'écrire bien, moi, le vaurien. J'ai par là trahi le seul monde qui mérite d'exister, à jamais, éternellement... Etouffant le coeur au profit de l'inhumain, la technique qui éblouie mais ne laisse rien. Et j'ai si peur d'exprimer les implications, la suite logique de cette affirmation, que je n'ai d'autre choix que de m'en aller. Dans ce paragraphe même je fais ce que j'y devais dénoncer. Reprenant de le poursuivre comme si de rien était, cette religion cachait sa propre pièce de théâtre, sous d'autres acteurs. D'autres noms, d'autres formes, d'autres vêtements. De nouveaux agencements entre lumières et sons. Un décors aux apparences sans pareil si l'on n'y prête pas attention. Des paroles qui prétendent offrir quelque chose sans précédent. Mais tout ce que je retiens de cette scène, c'est que la mort y était présente. Ce dernier point je le retrouve tout le temps, en tout lieu, sans exception. Je ne sais jamais quoi répondre. Alors je garde le silence. Et je repense à un évènement. Un souvenir vivant que je laisse corrompre. La mort le grignote, et j'ignore ce que je deviens. Chaque malheur qui me touche, chaque joyau morbide qui croise ma route, je souhaite l'éteindre avant qu'il ne m'arrache à ce qu'on ne détient qu'une fois. Mais c'est cette unique flamme qui toujours demeure perdante pour s'éteindre dans le noir.

Ô mort, si tu es si présente partout où je m'emporte, c'est bien que les Hommes te chérissent au fond de leurs coeurs. Et pourtant c'est de la mort qu'une personne me sauva un soir. C'est encore toi Maman qui était présente. Tu avais entendu mon coeur et ma respiration prendre un rythme irrégulier lorsque côte à côte nous regardions ensemble la télé, pour venir me les consoler. C'est qu'à mes yeux, un simple film devenait plus vrai que le monde entier, et la mort qui y était présenté me pénétrait au plus profond de moi, sans que le traumatisme qui en naissait ne me parut mauvais en soi. Les artistes aiment se jouer éternellement de cette sensibilité, pour à travers leur art, lui voler le bonheur d'espérer le bien en toutes les choses qu'elle s'imaginait rencontrer. Ne possédant rien d'autres que les oeuvrent qu'ils nous donnaient à apprécier, la pauvreté est ainsi faite, nous ne savions imaginer les pulsions meurtrières qui bercent les coeurs de nos réalisateurs et artistes malades, qu'ils assènent dans leurs oeuvres, qu'un silence universel complice permet sans rancoeur, tout en permettant à ces réalisateurs et artistes en tout genre, de feinter toute leur vie durant d'être irréprochable, le coeur et la main propre. Un sang les souille pourtant, celui qu'ils ont fait symboliquement couler devant nos yeux naïf d'innocence. Le meurtre est omniprésent où que l'on aille, qui que l'on regarde. Tu le vois maintenant ? Il a simplement pris une forme acceptable. De sorte à pouvoir prendre place même dans le coeur d'un enfant. L'entreprise est universelle, faite d'atroces meurtres barbares, qu'un viol terrible souvent accompagne, dont le dépeçage du corps, pour s'en débarasser, finit de réduire à néant l'humanité du malheureux sur qui il s'acharne, que des émissions télé viennent ériger en spectacle, un mercredi après midi, à la sortie de l'école, éduquer les enfants au mal, peu après qu'ils aient quitté leurs camarades. La morbide curiosité crée, entrenu et assouvi, deviendra le terreau de pulsions meurtrières normales. Le mal est fait, il est trop tard. La mort qui frappe au hasard, insouciante de frapper Dieu ou le Diable, voilà ce que nous avons embrassé aux yeux de tous, l'intimité du mal ostentatoire. C'est de cette logique adopté par nos chaines télévisé sans gêne que sont nés des sites internets spécialisés qui rendent hommage à une torture qu'on inflige sans pitié. Des millions de visiteurs s'y pressent enchanté. Ils iront apprécier le sang d'une victime couler. Puis se promenant, ils prendront la mine de gens bien, fier de feinter l'innocence qu'ils ont aimé voir terriblement tué, aimant regarder les plus morbides théâtres existant, pour renvoyer les images dont ils se sont imprégné à un innocent aux yeux brillants, qu'ils croiseront le jour même, ou un week-end lors d'une promenade, ou un matin en semaine, partant au travail. Et le petit garçon, ignorant ce qui se trame, marche au retour de l'école comme si tout était normal. Il a les plus belles intentions dans le regard. La nuit, il fait des cauchemards. Il ne comprend pas d'où vient le mal qui vient le chercher quand il fait noir. Mon pauvre enfant, il est dans chaque atome que tu croises. Que tu donnes ta vie un million de fois n'y changera rien, sa présence se fait éternellement sentir, sans qu'aucun sacrifice ne puisse y changer rien. Humanisme, qu'as-tu fais ? Te voilà inscrit partout en préambule de chaque phrase. Et pourtant, ta dignité en chandelle pend devant chaque table. Ton cadavre n'est que spectacle pour l'Humanité psycopathe.

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