GrosDechetAAH
2021-12-07 04:56:05
Aussi étonnant que cela puisse paraître, je désire avoir des enfants. De préférence de sexe masculin. Étonnant, en effet, puisque j'ai toujours eu du mal à dialoguer avec eux. Au fond, je suis toujours un grand enfant, au profond désarroi de ma famille et de mes amis. Je suis encore jeune, ayant à peine dix-neuf ans, la question ne se pose donc pas dans l'immédiat. Cependant, il m'arrive parfois d'y réfléchir, de me projeter en tant que père, d'imaginer, quelques instants, ma vie avec un ou plusieurs enfants. Cela peut sans doute paraître étrange, et j'avoue moi-même être incapable de l'expliquer clairement, mais je me sens prêt. Prêt non pas financièrement, ni même sentimentalement parlant, mais prêt à assumer.https://image.noelshack.com/fichiers/2017/31/5/1501862610-jesus56bestreup.png
Mon père est parti lorsque j'avais un an. Lui, justement, ne souhaitait pas m'assumer, moi et mon handicap. La question se pose dès lors : S'agit-il en quelque sorte d'un moyen de réparer les erreurs de mon père avec mes propres enfants ? Un moyen d'apporter une réponse à mes souffrances ? Une justification supplémentaire ? Peut-on correctement élever et éduquer ses enfants tout en ayant peu connu son propre père, et de connivence, aucun cadre paternel ? Mes doutes sont légion, mais s'il n'en n'est un auquel je suis convaincu, c'est bien mon désir d'avoir des enfants. Bien sûr, "l'abandon" de mon père y est sans doute pour quelque chose, mais pas que. Il y a un vrai désir au fond de moi, et non un simple jeu de miroirs. Encore me faut-il trouver une personne avec laquelle je puisse concrétiser ce projet, et à ce sujet notamment, cela semble affreusement compliqué. La différence entre rêve et réalité est souvent cruelle. Je sais bien que je ne réaliserais sans doute jamais ce projet, qu'il restera perdu dans les méandres de mes pensées. Un petit espoir surgit de temps en temps, aussitôt étouffé par la dure réalité.https://image.noelshack.com/fichiers/2017/07/1487382298-risitasdepressif.png
Outre la difficulté évidente de me rapprocher de ce genre de relation, une autre problématique s'impose à moi de façon laconique. Celle de la défaillance génétique, et du risque qui me concerne. En effet, étant moi-même autiste asperger, il y a une chance sur deux que mes enfants le soient aussi. En d'autres termes, mon sperme présente le syndrome de l'autisme. À l'intérieur de celui-ci réside mon caryotype, et donc ma génétique. Puisque je suis un homme, le risque est d'autant plus important. Cela signifie plus globalement que ceux et celles souffrant du syndrome autistique sont également condamnés à un poids moral terrible lorsque ceux-ci souhaitent donner la vie. On dit souvent qu'un enfant ne décide pas de vivre, et qu'il s'agit d'un acte profondément égoïste de la part de ses parents. Pour le cas de l'autisme, cet "accablement" moral est d'autant plus difficile, en sachant à l'avance le risque que vous encourez. Il s'agit en quelque sorte d'une potentielle condamnation à vie de vos futurs enfants. Pourrez-vous également l'assumer ? Et lorsque j'évoque le risque qu'ils développent une forme d'autisme, il s'agit le plus souvent d'autisme profond.https://image.noelshack.com/fichiers/2017/39/3/1506463227-risitaspeur.png
Parvenez-vous désormais à comprendre le doute qui m'assaille ? D'un côté, mon envie, sans doute égoïste, d'avoir des enfants un jour, de l'autre, une fatalité abominable quasi certaine. C'est un dilemme auquel tous les autistes sont confrontés, et malheureusement la réponse la plus courante semble la plus évidente : Ne pas avoir d'enfants. Ainsi, les autistes sont privés de cela. Quelle violence...https://image.noelshack.com/fichiers/2016/38/1474490235-risitas434.png
Au fond, si mes propres enfants se révélaient lourdement handicapés, je pense reproduire la même faute de mon père, préférant la fuite à la confrontation. Comme déjà dit, je ne suis pas un battant, et je ne dispose pas d'une telle force. Souvent, lors de mes diverses lectures sur le domaine du handicap (lourd), les mères (et pères) sont de véritables lionnes. Elles se battent corps et âme pour leur progéniture. Magnifique combat, plein d'émotions et de sensibilité. Pour ma part, je n'en serais pas capable, c'est au-delà de mes forces, déjà si faibles. Je reproche à mon père son abandon, pour la simple raison qu'il restait de l'espoir pour moi. Je ne suis pas lourdement handicapé, que ce soit intellectuellement ou physiquement. Cela semble donc plus facile que d'élever un enfant trisomique par exemple. Si tel fut le cas me concernant, je l'aurais sans doute compris.https://image.noelshack.com/fichiers/2017/10/1488777374-bloggif-58bceff420dff.png
Que dois-je faire les kheyax ?https://image.noelshack.com/fichiers/2016/38/1474490235-risitas434.png