En remontant à la source de ces 114 plans « empruntés », d’étonnants contresens apparaissent entre le contexte originel des images choisies et le discours que déroule Eric Zemmour :
Le candidat présente la France comme un « pays à la fois littéraire et scientifique » (à 1 minute 52) sur les images d’une sortie dans l’espace d’un astronaute de nationalité américaine, Randy Bresnik, filmant une opération d’installation de nouvelles caméras sur la Station spatiale internationale en 2017.
Il évoque la « disparition de notre civilisation » (3 min 42), en s’appuyant sur les images de la destruction de l’église Saint-Jacques d’Abbeville, en 2013. Or, cette démolition d’église n’est pas un acte volontairement antichrétien, mais répond à des impératifs de sécurité : l’édifice, vétuste et mal entretenu, s’est dégradé rapidement. A la suite de la chute d’une gargouille du clocher sur la nef en 2004, il a fait l’objet d’un arrêté de mise en sécurité pour danger immédiat.
Par ailleurs, M. Zemmour diffuse également la vidéo d’une statue équestre de Napoléon, décapité, et soulevée par une grue, pour appuyer son propos : l’image rappelle des déboulonnages aux Etats-Unis de statues de personnages historiques contestés (par exemple pour leurs activités esclavagistes). En réalité, il s’agit du démontage de la statue de Napoléon à Rouen pour restauration.
Le candidat d’extrême droite vante le patrimoine naturel de la France (4 min 34) en l’illustrant par des montagnes non identifiées, extraites d’un clip publicitaire de la marque italienne Sergio Tacchini.
Enfin, il utilise des images prétextes de maillets (5 min 15) lorsqu’il propose de reprendre le pouvoir « aux juges qui substituent leur férule juridique au gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple ». Mais, contrairement aux magistrats américains, les juges français n’utilisent jamais de marteaux pour prononcer les jugements.