Tinderblacklist
2021-11-25 06:33:42
Ce n’est qu’après la sortie du Consentement en janvier dernier que Gallimard a suspendu la vente du roman comportant le portrait de Mme Gee en couverture. Le Consentement est le premier témoignage à émerger d’une victime mineure de M. Matzneff, Vanessa Springora.
Du jour au lendemain, ce livre a fait du très célébré auteur un paria de la société. Il est parti se cacher en Italie, tandis que ses anciens soutiens parmi l’élite française ont soigneusement pris leurs distances, voire l’ont renié.
Le fait est qu’en 2004, vingt ans avant que Le Consentement n’ébranle la France, Mme Gee avait tenté de faire entendre sa propre histoire. En vain. Elle avait produit un manuscrit qui détaillait sa relation avec M. Matzneff, abordant certains des mêmes thèmes et avec le même vocabulaire que celui utilisé dans Le Consentement.
Aucun des éditeurs auxquels elle l’avait soumis ne l’avait accepté.
Chez Albin Michel, une des plus grandes maisons d’édition, un éditeur réceptif avait présenté le manuscrit à un comité de lecture, mais ce dernier avait fini par le rejeter.
« À l’époque, Matzneff n’était pas le vieux monsieur un peu isolé qu’il est aujourd’hui », explique M. Pfister, joint récemment, qui ne travaille plus chez Albin Michel. « Il était encore à Paris avec ses réseaux, ses amitiés ».
M. Matzneff avait le bras étonnamment long.
En 1973, alors que Mme Gee avait 15 ans et M. Matzneff 37, une amie de l’écrivain leur présenta une gynécologue qui acceptait de prescrire la pilule contraceptive à des mineures sans l’autorisation de leurs parents, ce qui était alors illégal.
Dans son journal de l’époque, Élie et Phaéton, M. Matzneff rapporte que la gynécologue, le Dr Michèle Barzach, « à aucun moment n’a cru devoir faire la morale à ce monsieur de trente-sept ans et à sa maîtresse de quinze».
Le Dr Barzach, qui est également psychanalyste, a été ministre de la Santé de 1986 à 1988 sous la présidence de François Mitterrand.
De 2012 à 2015, elle a été présidente de la branche française de l’UNICEF, l’agence des Nations Unies pour la protection de l’enfance. Arguant du respect de la confidentialité, l’UNICEF a refusé de nous fournir les coordonnées du Dr Barzach, qui n’est plus à l’agence. Dr Barzach n’a pas donné suite à la demande d’interview que l’UNICEF nous assure lui avoir transmise.