talmood3
2021-11-07 14:43:27
Bonjour les kheyous et les kheyettes,
Une question a été posée sur le blabla il y a quelque jours et je me suis dit que la réponse-pavé que j’avais écrite pouvait vous intéresser.
La question était : Les femmes trans opérées ont-elles des sécrétions vaginales ?
Voici donc sa version recompilée, enrichie des réponses aux remarques qui avaient été postée.
N’hésitez pas à poster vos remarques et critiques argumentées, respectueuses de tous et toutes.
Les MP sont aussi les bienvenus mais privilégiez les interventions publiques si elle sont dans le sujet, afin que chacun puisse en profiter, et réagir s’ils le souhaitent.
Le pavé :
Oui et non.
Note avant la réponse : Toutes les femmes trans ne passent pas par une opération vaginale.
Certaines gardent leur pénis (et leurs testicules, ou pas, ou juste le scrotum).
Certaines font une opération pour avoir une vulve mais ne demandent pas la création d’un vagin (c’est essentiellement pour une question de convalescence, moins lourde du coup, avec des soins post-op plus simples).
C’est aussi parce qu’elles peuvent se dire : « bon, ce vagin ne sera pas un vagin à proprement parler. Ce ne sont pas les mêmes tissus, pas les mêmes sécrétions, les sensations sexuelles sont en générales limitées. En plus j’ai un anus par lequel je sais prendre du plaisir. Est-ce qu’une vulve, avec son clitoris, ses petites et grandes lèvres, ne me satisferaient pas très bien en fait ? »
C’est pour l’instant l’alternative qui me séduit le plus pour la future opération.
Bien, la réponse maintenant :
Réponse simple :
Non. Une femme trans opérée ne bénéficie pas d’une greffe vaginale et non plus d’un utérus, de trompes, d’ovaires etc. Alors après je ne sais pas exactement quels organes, glandes, etc sont responsables des sécrétions vaginales mais clairement la femme trans n’a pas ce qu’il faut.
Ce qu’on appelle la mouille recouvre plusieurs types de sécrétions dont les sécrétions lubrifiantes, les glaires cervicales et je ne sais quoi (au passage j’ai un peu honte de ne pas savoir justement).
Ceci étant dit, passons à la…
… réponse moins simple :
Les femmes trans opérées peuvent néanmoins produire des sécrétions qui participent de la lubrification et de donner à leur vagin néo-formé un parfum typiquement sexuel.
Et là ça se complique parce que ça dépend de la méthode utilisée par le chirurgien pour former son vagin.
Deux techniques différentes au moins, et je schématise :
_il utilise le fourreau du pénis pour former le conduit vaginal. Le vagin aura donc une matière lisse et douce comme la peau du pénis, qui aura de base ses propriétés à imprégner une odeur hormonale.
Mais comme la femme (le mec si vous êtes à cheval sur les chromosomes, comme vous voulez) et ses organes sexuels baignent dans un cocktail d’hormones typiquement féminines (œstrogènes, progesterone) et non plus masculines (testostérone), l’odeur n’est plus la même.
Source : mec crois moi, je suis trans (mais pas opérée).
Les hormones changent entre autres choses (psychiques et physiques) les odeurs corporelles comme la transpiration, l’haleine, les urines (ça c’est ce qui m’a frappé, quand je vais aux toilettes, ça n’a plus rien à voir).
Et on en revient au canal vaginal et à la peau en général : les sécrétions du nouveau vagin seront essentiellement assimilables à une transpiration, comme elle évoluera dans un milieu globalement autonome (parce que « fermé », comme un vagin, une flore indépendante se forme, isolée du reste du corps, et du milieu d’extérieur, donc des mélanges avec d’autres éléments, avec sa propre température et taux d’humidité, et en fin de compte ce milieu se régule tout seul comme un vagin (on ne nettoie pas un vagin, qu’il soit formé in utero ou via la chirurgie. On se limite à la vulve et encore on ne fouille pas trop dans les petites lèvres).
Il existe aussi une autre technique, et peut-être d’autres, avec des variantes, dont je ne suis pas au fait :
Il s’agit de la greffe d’une petite portion du colon. Si je ne m’abuse, les tous premiers centimètres du vagin sont toujours formés du fourreau du pénis ( la jonction entre les lèvres et le delta du canal vaginal, mais ensuite le chirurgien utilise une petite section du colon pour constituer la profondeur du vagin.
Ça a deux avantages :
pour les femmes trans ayant un petit pénis (lotterie génétique, perte de longueur due aux hormones), ça va permettre de donner au vagin une longueur normale, inatteignable avec le peu de matière pénienne disponible.
L’autre avantage c’est que le colon est un tissu « retourné » que le corps connaît bien donc il le laissera tranquille là où il bugue devant la présence d’un pénis retroussé. C’est la raison pour laquelle les femmes qui passent par la première opération doivent faire des dilatations régulières (qui s’espaceront beaucoup au fil du temps) pour faire une piqûre de rappel à son organisme (pas touche, cette « anomalie », je m’en sers, on garde)
Edit :
Oui et du coup pour les sécrétions avec cette technique : c’est le point faible de cette technique. Comme c’est une greffe de colon, la flore vient avec. Donc odeur de colon et de ses bactéries (je ne connais pas l’odeur d’un colon propre donc je peux pas vous dire). Mais apparemment, la flore se modifie avec le temps. D’ailleurs il existe des capsules fongicides pour les femmes ayant une mst ou un dérèglement du pH. Alors pourquoi pas pour ce cas de figure, je sais pas.
Enfin en tout état de cause les femmes sécrètent essentiellement une sorte de transpiration, qui du fait du site de cette production, remplit une fonction de lubrifiant et de parfum sexuel. Le truc étant qu’en terme de quantité et de vitesse de sécrétion, cette production est le plus souvent insuffisante pour un coït confortable. Le lubrifiant sera un compagnon appreciable.
Voilà les kheyous.
Je précise tout de même que je ressors tout ça de ma mémoire tout à fait faillible et que j’ai pu glisser dans mon pavé des inexactitudes voire des énormités médicales. Si tel est le cas, ce n’est pas intentionnel et je suis preneuse de toute correction des Jean-Médecins du forum.
Edit 2 : ah, un petit point sur la vulve :
La vulve, on sait la former. Ce sont les mêmes tissus. On se sert de la peau du scrotum pour lui donner corps.
Le clitoris c’est la même : on se sert du gland et de se ses terminaisons nerveuses, qu’on conserve, pour l’implanter. Il y’a donc de bonnes sensations, que les kheys connaissent bien via leur gland.
La différence c’est qu’un clitoris cest plus qu’un bouton qui émerge de la vulve comme un iceberg. C’est une structure plus étendue qui plonge pour entourer la région vaginale. Et ça évidemment, la matière disponible du gland ne permet pas de le faire.
Pour info, voici une modélisation 3D du clitoris. Et on ne le sait que depuis très peu de temps.
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/44/7/1636283193-2ca09f45-b58a-4749-8cc5-57ca8919de97.jpeg
Le gland et le clitoris, ça reste le même type de tissus et de nerfs donc c’est intéressant de les comparer pour ce qu’ils sont et ce qu’on en peut en tirer comme stimuli. Lors d’une stimulation clitoridienne, dans un premier temps, ça va provoquer les mêmes stimulations que chez une personne ayant un vagin formé par la biologie.
Ensuite évidemment, ça ne va pas irradier dans tout le clitoris, puisque son périmètre est limité chez les MtF et ça ne va pas stimuler d’autres réactions chez les muscles du vagin par effet cascade.
Mais sinon les femmes trans ont une prostate. Combiné à une stimulation « clitoridienne » ça doit être sympa aussi.
Cela dit, beaucoup de femmes qui ne connaissent pas leur anatomie sont dans ce cas de figure. La femme est peu au fait des capacités de son anatomie sexuelle. Heureusement, l’info est de plus en plus disponible et les tabous moindres.
Et bon dimanche, en dépit de la météo.
talmood3
2021-11-07 19:19:00
Le 07 novembre 2021 à 19:00:00 :
C'est super instructif comme pavé, merci
Ça me fait plaisir de pouvoir vulgariser ce que je sais sur le sujet, même si je suis pas ultra calée. Et je suis contente que ça t’ait intéressé.
Après je ne sais pas si le 18-25 était le plus approprié pour
C’était une motivation de plus pour l’écrire.
Je sais que ce genre de topic passe mal ici, parce qu’un pourcentage des connectés ne supportent pas l’altérité et profitent du système de modération automatique pour censurer. Heureusement la modération est toujours disponible pour étudier les demandes de réclamation. Il faut juste être poli et prendre patience.
Et oui, du coup, à part ce petit pourcentage de forumeurs, je sais qu’il y a pleins de ghostfags qui lisent et des personnes qui se sentent concernés par le sujet, personnellement ou pas.
Parfois il y a des échanges vraiment intéressants.
Je suis un peu dans l'autre sens. AFAB mais en questionnement sur mon genre. J'hésite encore entre non-binaire (neutrois) et masculin (mais alors plus un "masculin androgyne" qu'un "mec alpha").
Je vois bien quel genre de mec tu es. (Ça te va si je te genre au masculin ?)
Je trouve ces personnes, trans ou cis, magnétiques. Ils dégagent quelque chose qui me plaît beaucoup.
Tu as un exemple de personne connue que tu vois comme un modèle ?
Je comprends pour la réticence à la chirurgie des parties génitales. Après tout, 99% des cas, y a que toi qui sais à quoi elles ressemblent. Enfin perso ça me crée beaucoup moins de dysphorie que ce que je peux avoir avec la poitrine, que ça je sais déjà à 95% que je vais finir par me faire enlever.
Je comprends tellement pour la poitrine. Chez moi elle pousse et elle hyper sensible. Alors moi j’adore mais j’essaie d’imaginer combien ça doit être un problème pour quelqu’un chez qui elle trigger la dysphorie.
Tu vois moi mon pénis la plupart du temps chez moi j’arrive à osef. Mais en fait c’est parce que j’ai fini par m’insensibiliser. J’occulte mentalement sa présence.
Quand je doit sortir en revanche, tous les jours en fait, pour le travail, c’est une tristesse. Mais bon on fait avec, on a pas le choix.
La vulve, j’ai tellement hâte. Je me sentirais enfin à la maison. Au travail, j’ai développé une complicité avec mes consœurs (pas toutes, forcément) au fur et à mesure que les hormones changent mon corps.
J’ose à peine imaginer le sentiment de plénitude qui m’habitera le jour où je me glisserai dans mon une pièce à la piscine.
C'est chouette de voir des personnes concernées qui ne sont pas des trolls ici, c'est malheureusement tellement rare
Je pense qu’on est quelques uns et unes et qu’on se rend compte progressivement que si, on a le droit de cité, même parmi les kheys.