azaza13
2021-10-31 19:51:51
Commençons avec les chiffres de l'Allemagne, puisque depuis la décision de Merkel d'ouvrir les portes en 2015, c'est le pays qui focalise toutes les attentions. Il se trouve que le Ministère de l'Intérieur allemand collecte des données sur les suspects par nationalité/statut.
En 2014 :
https://image.noelshack.com/fichiers/2016/10/1457693841-crime-allemagne.jpg
Pour les chiffres de 2016, il s'agira de se fonder sur le travail de Inès Laufer et sur les chiffres du ministère de l’Intérieur allemand : https://www.bka.de/DE/AktuelleInformationen/StatistikenLagebilder/PolizeilicheKriminalstatistik/PKS2016/pks2016_node.html
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/07/5/1518738002-polizei1.jpg
D'après les données du Ministère de l'intérieur allemand, les étrangers ont un taux de criminalité ~3,5 fois supérieur à celui des Allemands. Pour les réfugiés, le ratio est de ~7,3.
Précisons que cela exclut les violations du droit des étrangers, donc la comparaison avec les Allemands est parfaitement valide.
Dans le cas des crimes violents, c'est encore pire. Pour ce type de crimes, le taux de criminalité des étrangers est ~5 fois plus élevé que celui des Allemands, tandis que celui des réfugiés est ~15,1 fois plus élevé.
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/07/5/1518738006-polizei2.jpg
Dans le cas des agressions sexuelles et des viols, le ratio est de ~5,2 pour les étrangers et ~15,2 pour les réfugiés.
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/07/5/1518738010-polizei3.jpg
On constate la même chose pour la plupart des autres types de crimes.
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/07/5/1518738013-polizei4.jpg
Les étrangers sont soupçonnés de meurtre ~4,8 fois plus souvent que les Allemands, tandis que pour les réfugiés le ratio est d'environ 10,6. Dans le cas des viols en réunion, le ratio est de ~10,3 pour les étrangers et ~42,7 pour les réfugiés.
Dans le cas de ces crimes, le taux de base est si faible qu'il est facile d'arriver à des ratios très importants, mais c'est tout de même impressionnant.
D'autre part, ces chiffres viennent de la police et concernent les gens soupçonnés d'un crime, donc il est possible qu'ils soient biaisés. Peut-être que les gens ont plus tendance à porter plainte quand un crime est commis par un étranger et/ou que la police a plus tendance à enquêter sur ce genre de gens, mais 1) ça n'a rien d'évident et il pourrait même y avoir un biais dans l'autre sens à cause de la peur du racisme (je renvoie le lecteur à ce qui s'est passé à Rotherham en Angleterre, un autre "fantasme" d'extrême-droite, si vous croyez que c'est impossible) et 2) les disparités sont bien trop importantes pour être uniquement le fruit de ce genre de biais.
D'ailleurs, si ces chiffres étaient principalement le résultat d'un biais de la police allemande, on devrait s'attendre à ce que la disproportion soit plus importante pour les crimes moins sérieux, car pour les crimes graves les policiers sont moins libres de donner libre cours à leurs biais. Or il se trouve que c'est précisément l'inverse qu'on observe : les disparités sont d'autant plus importantes que le crime est grave.
L'Allemagne n'est pas un cas unique : on constate la même chose partout en Europe. Voici par exemple un rapport de 2005 sur les personnes soupçonnées de crimes par la police suédoise : https://www.bra.se/publikationer/arkiv/publikationer/2005-12-14-brottslighet-bland-personer-fodda-i-sverige-och-i-utlandet.html
Traduisons le tableau qui nous intéresse avec Google Translate. On voit que les étrangers d'une façon générale et notamment ceux qui viennent d'Afrique du Nord, d'Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient sont largement surreprésentés.
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/07/5/1518738017-polizei5.jpg
Il est aussi intéressant de constater que, même chez les natifs, ceux dont les parents sont étrangers sont surreprésentés.
Les chiffres datent de 2005 parce que, depuis cette date, le gouvernement suédois a, dans sa grande sagesse, décidé de ne plus les publier.
Et la France, me direz-vous ? Idem eadem idem. L'administration pénitentiaire collecte des données sur la nationalité des détenus (http://www.justice.gouv.fr/art_pix/ppsmj_2014.PDF) qu'on peut croiser avec les chiffres de l'INSEE sur la population pour calculer les taux d'incarcération par nationalité : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2874048?sommaire=2874056&geo=FE-1
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/07/5/1518786503-polizei-9.jpg
Les données disponibles aux liens indiqués ci-dessus suffisent à calculer les taux d'incarcération par nationalité. Voici d'abord une comparaison du taux d'incarcération des Français avec celui des étrangers.
Mais il est encore plus intéressant de décomposer ça par pays/région d'origine, ce que les données de l'administration pénitentiaire permettent. Le graphique ci-dessous montre ce que ça donne.
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/07/5/1518738159-polizei7.jpg
En 2017, les chiffres par le ministère de la Justice viennent de sortir le 1er Février : les prisons françaises comptaient alors 69 077 détenus et les détenteurs de la double nationalité ne sont pas comptabilisés : http://questions.assemblee-nationale.fr/static/15/questions/jo/jo_anq_201807.pdf
La liste est la suivante : http://questions.assemblee-nationale.fr/q15/15-890QE.htm
Roumaine 1 496
Algérienne : 1 954
Marocaine : 1 895
Tunisienne : 1 002
C'est fou comme les données officielles ont tendance à confirmer les fantasmes d'extrême-droite. C'est sans doute l'effet du "racisme d'État" dont on nous rebat les oreilles.
ADDENDUM 1 : Par un heureux hasard, une étude vient de paraître sur l'effet de l'arrivée des migrants sur la criminalité en Basse-Saxe (https://www.bloomberg.com/view/articles/2018-01-03/germany-must-come-to-terms-with-refugee-crime), qui confirme les conclusions qu'on peut tirer des chiffres sur les suspects dont je parle plus haut.
ADDENDUM 2 : il est évident que les différences de structure par âge, de statut socio-économique, etc. jouent un rôle, mais 1) ça n'explique pas tout (dans le cas de la France, Hugues Lagrange avait montré ça pour la délinquance, montrant que les noirs fils de cadres commettaient plus de délits que les fils d'ouvriers français de souche.) et 2) ne change rien à l'effet sur la criminalité (sans l'immigration elle serait moins importante).
Ainsi les noirs américains (12% seulement de la population américaine totale) les plus riches commettent 2 fois plus d'homicides que les blancs américains les plus pauvres et presque 5 fois plus que les asiatiques les plus pauvres :
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/07/7/1518910734-1489453260168.gif
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/07/7/1518910753-1489463354877.jpg
Pendant que nous y sommes, ajoutons que les données de l'Enquête trajectoires et origines de l'Ined et de l'Enquête emploi de l'INSEE (qui a des variables sur le pays de naissance des parents) montrent que des différences socio-économiques importantes persistent même chez les descendants d'immigrés.
Par conséquent, même dans l'hypothèse où leur taux de criminalité était identique à celui des autres natifs à niveau socio-économique égal, les descendants d'immigrés auraient quand même en moyenne un taux de criminalité plus important, ce qui est important parce que l'effet de l'immigration sur la criminalité ne se limite pas à celui des immigrés mais comprend aussi celui de leurs descendants qui sont nés en France.
ADDENDUM 3 : les différences socio-économiques et démographiques sont donc loin de tout expliquer. Si vous en doutez, jetez un coup d’œil à l'étude dont je parle dans le précédent addendum ou regarder la décomposition des données du BKA par nationalité et vous constaterez qu'il y a une grande hétérogénéité du taux de criminalité chez les immigrés et réfugiés en fonction de leur origine géographiques, même dans les cas où a priori leurs caractéristiques socio-économiques/démographiques sont sensiblement les mêmes.
ADDENDUM 4 : pour calculer les taux d'incarcération qui apparaissent dans ce graphique, les gens en prison pour violation du droit des étrangers ont été retiré, cas qui de toute façon sont très peu nombreux.