Super_Soft4
2021-10-31 00:24:45
Les zones commerciales :https://image.noelshack.com/fichiers/2020/42/2/1602600377-cover-r4x3w1000-5c6bc464ac98c-faa3a114359ffc1ed64ee33bbb08ffca7ebe30ec-jpg.jpghttps://image.noelshack.com/fichiers/2020/42/2/1602600618-870x489-20643931-1568936889836371-1465455818-n.jpghttps://image.noelshack.com/fichiers/2020/42/2/1602600629-zone-commerciale-montgeron-01.jpg
Les zones pavillonnaires :https://image.noelshack.com/fichiers/2020/42/2/1602600419-838-034-281739.jpghttps://image.noelshack.com/fichiers/2020/42/2/1602600497-maxresdefault.jpghttps://image.noelshack.com/fichiers/2020/42/2/1602600509-photo249451.jpg
Les zones industrielles :https://image.noelshack.com/fichiers/2020/42/2/1602600430-zi-lille-vue-aerienne.jpghttps://image.noelshack.com/fichiers/2020/42/2/1602600449-zonindus.jpghttps://image.noelshack.com/fichiers/2020/42/2/1602600667-zi-mi-plaine-aerienne-1831.jpg
Les cités :https://image.noelshack.com/fichiers/2020/42/2/1602600525-image.jpghttps://image.noelshack.com/fichiers/2020/42/2/1602600532-images-2.jpeghttps://image.noelshack.com/fichiers/2020/42/2/1602600540-maxresdefault-2.jpg
Les zones de bureaux :https://image.noelshack.com/fichiers/2020/42/2/1602600560-parc-orly-rungis-vue-2-amesterdam.jpghttps://image.noelshack.com/fichiers/2020/42/2/1602600574-20181207-18553714997abfdafd3406b15d3bc058cb765e.jpghttps://image.noelshack.com/fichiers/2020/42/2/1602600579-pulse-immeuble-de-bureaux-a-saint-denis-bfv.jpg
Derrière ces destructions apparemment distinctes des paysages français, il y a la même logique : celle de la rentabilité.
La beauté n'est pas utile, pas nécessaire, pas rentable.
À l'ère de la technique, le bâtiment est réduit à sa fonction, à son usage : habitation, commerce, industrie.
Elle n'est présente dans aucun cahier des charges, dans aucune ligne de bilan comptable, au mieux elle coûte plus qu'elle ne rapporte.
Toujours moins chers, toujours plus vétustes, les bâtiments modernes sont laids et conçus pour durer une trentaine d'années tout au plus, le long terme n'est plus envisagé.
Aujourd'hui on fait ses courses dans des boîtes de conserve géantes, on habite entassés dans des cubes de bétons sans âme, on travaille dans des bocaux de verre fumé.
Bien que cela soit déjà choquant, il ne s'agit que de la partie émergée de l'iceberg.
En réalité, tous les domaines de la société sont touchés par cette destruction systématique de la beauté, par l'hégémonie du court terme et de la logique comptable.
D'abord, l'art, évidemment, avec la musique, la littérature et le cinéma en première ligne, mais aussi et plus généralement l'éducation et la pensée, qui se vident progressivement de leur substance, pour ne garder plus que ce qui est économiquement utile, que ce qui représente un intérêt matériel.
Comme l'écrit Hannah Arendt dans La Crise de la culture (1961), la massification de la culture qui caractérise la modernité a transformé celle-ci en une multitude d'objets de consommation éphémères.
La priorité est donnée au divertissement et la culture devient loisir : « Le résultat est non pas, bien sûr, une culture de masse qui, à proprement parler, n’existe pas, mais un loisir de masse, qui se nourrit des objets culturels du monde ».
Même constat du côté de Baudrillard, qui écrit quelques années après Arendt La Société de consommation (1970), où il explique que la société d'abondance dans laquelle nous vivons a façonné notre manière de vivre et d'agir.
Ainsi, l'homme moderne est avant tout un consommateur, dont la pensée est conditionnée par la publicité, et sa culture même est soumise aux modes cycliques qu'impose le marché, au point où nous sommes socialement définis à travers ce que nous consommons.
La société nous incite à jouir au maximum de notre existence, en jouant sur notre narcissisme à travers les modèles qu'elle nous propose : la consommation est devenu un mode de vie à part entière, qui n'épargne rien, pas même le corps ni le sexe.
Ce qui amène Baudrillard à la conclusion suivante : « Plus de transcendance, plus de finalité, plus d’objectif : ce qui caractérise cette société, c’est l’absence de « réflexion », de perspective sur elle-même. […] Elle est hantée désormais par l’absence des fins. ».
La consommation est donc devenue bien plus qu'une simple action d'échange, c'est en réalité la manifestation d'une société totalitaire qui nous conditionne et nous transforme en profondeur, à l'image des paysages qu'elle a défigurés en l'espace de quelques générations.