[BORDEL] Ce GAMIN de 15 ans ÉCLATE 100% du FORUM

J'ai 15 ans, presque 16, j'ai découvert Florent tavernier, barbare civilisé et cie il y a un an et demi. J'avais lu Nietzsche avant, je l'ai relu depuis, à chaque fois je découvre de nouvelles optiques sur son œuvre, qui se rapproche du système de pensée que j'avais élaboré plus ou moins seul avant, ses écrits m'enrichissent. J'ai eu une période communiste, maintenant je lis Ayn Rand et j'évoluerai encore, ainsi ce n'est pas par affinité idéologique que je réponds à cette vidéo (même si c'est un excellent motif, pour ceux d'entre vous "de gauche", vos commentaires et points de vue sont très intéressants, ils m'offrent un argumentaire opposé), mais pour le fond, je vais donc résumer l'influence qu'ils ont eu sur moi et mon rapport avec leurs vidéos.

J'ai découvert leurs vidéos via un ami, avec qui je discutai de Nietzsche et Spinoza "regarde leurs vidéos elles sont pas mal", me dit-il. Je regardai, je succombai, le parcours de Florent tavernier, le nihilisme des jeux vidéo, sa "remontée" via Nietzsche, je n'avais lu de Nietzsche qu'ainsi parlait Zarathoustra, je lisais le Canon (Le crépuscule des Idoles, ASZ, Généalogie de la morale, Le gai savoir...). J'ai regardé toutes leur vidéo pendant le confinement, leur méthode de développement et d'anti-procrastination, dans un contexte de confinement, me motivais, j'étais "fan" et quelques vidéos portent la trace de mes commentaires (que je n'effacerai pas, afin que vous puissiez constater).

La première étape de mon désenchantement commença avec... les douches froides. Je ne comprenais (ni ne comprends toujours) pas comment se doucher à l'eau froide permet d'atteindre le surhomme, pour moi, le Surhomme est avant tout un idéal intellectuel, éthique et moral, une certaine manière d'envisager le monde, un prisme de compréhension, l'homme doit être une corde entre l'animal et le surhumain, sa quête doit être difficile, lente, on ne change pas en prenant des douches froides. Le parcours que préconise Nietzsche, pour moi, c'est de progresser sur soi-même, suivre sa voie intellectuelle vers un idéal d'esprit libre, capable de penser et de Créer. De mon point de vue, ces douches froides ne sont que stérile ascétisme et je songeais à Nietzsche hilare et furieux de voir son idéal supra humain dévoyé de la sorte. Ils se privaient de toutes sortes de conforts, mais progressaient-ils vraiment ? Ils avaient le sentiment illusoire d'avoir vaincu une part d'eux même, mais ce n'était pas une victoire philosophique, ils n'avaient pas détruit et reconstruits leur philosophie, détruits tout ce qu'ils avaient conçus par la pensée, non, assurément pas.

C’est à cette époque que nous commençâmes, mon ami et moi à les appeler « la secte des cols roulés », si cette remarque peut sembler pure critique de style, je tiens à rappeler que Nietzsche met en garde contre ceux qui s’attachent aux artifices et leur uniforme me semblait signe désespérant d’une morale de troupeau.

Ensuite, commença la période des statues. Nietzsche, l’homme qui avait tant lutté contre les Idoles, et en était devenu une lors de sa maladie, contre son gré, se voyait sculpté dans la plâtre, destiné à trôner sur des bibliothèques, Nietzsche le légiste de Dieu devenait Dieu lui-même. C’est cela qui me dégoûta profondément, la divinisation de Nietzsche au statut d’idole, de dogmateur, lui qui faisait l’apologie de compagnons qui se suivent lui-même devenait un objet commercial, cet acte pour moi prouve une compréhension bien faible de Nietzsche. Que l’on vende des bustes de Napoléon, cela passe encore vis-à-vis plan idéologique du personnage et il en serait heureux et encore, on produit à tours de bras des « bustes » de plâtre, de plâtre, que l’on vend au prix du marbre. Napoléon, Nietzsche, Dostoïevski et St-Exupéry ( ?????), se voient désormais vendus comme l’on vend des stylos, ce sont des goodies, des signes d’appartenance à une communauté. Lorsque l’on achète un buste, c’est par ce que l’on admire une figure ou que l’on s’en sent proche, au point de vouloir l’être physiquement, mais, quel admirateur de Napoléon, pour 200€, choisira du plâtre plutôt que du bronze, quel lecteur de Nietzsche, de Dostoïevski ou de st Exupéry préférera un buste à une édition solide et complète des œuvres de son inspiration ?

Puisque je parle du prix, 200€, pour du plâtre, sur Etsy (où ils vendent), ils sont parmi les plus chers et pour la même taille environ (sans le socle, très grand), les prix tournent autour de 50-100€. Certes les entreprises, surtout les petites, ont des frais incompressibles grands par rapport à leurs revenus, mais il est un temps pas si lointain où les prix, chez l’atelier Missor étaient plus bas, beaucoup plus bas et où chaque statue se voyait accompagnée d’une petite présentation fort bien exécutée; au lieu d'une citation creuse. Aujourd’hui c’est un site tout ce qu’il y a de plus banal, semblable à celui des marques de parfums, avec une vidéo presque épique (peut être la raison du coût nouveau des sculptures), fait du storytelling sur une musique classique. Ce n’est plus la même clientèle, désormais l’on (s’) expose chez un collectionneur de l’empereur qui est trop heureux d’avoir son idole entre les mains, mais pour ceux plus justes, qui, alléchés par leurs vidéos, veulent acheter un idole, la chose est ardue.

Le marketing de cette entreprise repose en effet, à mon sens, sur l’impact de leur vidéo, après quelques jours, gavé de Nietzsche ® (méthode de développement personnel et philosophique), on souhaite entrer dans le club, moi-même j’ai failli succomber, retenu par l’état de mes finances. Or ces vidéos changent elles aussi, Missor a effacé son passé plus « provocateur », et l’on songe amèrement aux débuts où ils voulaient construire une entreprise en accord avec leurs idéaux, peut-être ont-ils changés, ce qu’ils affichent d’eux-mêmes en tout cas l’a fait.

Que l’on ne cherche dans mon commentaire nulle trace de haine, seulement une double déception, d’une part la trahison de ces vidéastes-sculpteurs envers Nietzsche (qui n’a pas besoin de moi pour se défendre), la seconde envers leur vieux public des débuts, maintenant qu’ils ne sont plus underground, la troisième, à mon sens envers eux-mêmes.

Voilà, merci si vous avez lu jusque-là, libre à vous de juger, de vous forger votre propre opinion, si vous êtes curieux, vous pouvez toujours lire mon Wattpad où j'expose mes idées, mon parcours (oui je me fais un peu d’auto-publicité, mais cela pourrait vous faire), un peu délaissé, mais avec la rentrée je pourrais m’y remettre.