eussoudore30
2021-10-21 04:02:08
J'axerai mon propos à partir de cet article.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2021/03/27/qui-fera-le-bonheur-des-exclus-du-sexe_6074710_4497916.html
No abo : https://diaspora-fr.org/p/6511197
Sur le rapport de séduction
L'article de Maïa Mazeurette qui se développe de la sorte :
1 - Les sociétés humaines étaient à l'origine polygames, parce que les hommes les plus riches ou les plus beaux se partageaient les femmes qui, elles, ne désiraient que ces hommes. Or, ces sociétés étaient violentes, car les hommes exclus extériorisaient leur frustration.
2 - La monogamie aurait ensuite été institutionnalisée pour redistribuer les femmes équitablement. Maïa en conclut que notre civilisation à pour fondement l'oppression de la femme qui devrait réprimer ses désirs pour rester fidèle à un homme qu'elle n'a pas nécessairement choisi
3 - Le féminisme libère les femmes et leurs désirs, et nous serions en train de vivre une phase transitoire entre la monogamie et une nouvelle polygamie de sorte qu'une élite d'hommes se partagerait la plupart des femmes tandis que de plus en plus d'hommes seraient de nouveau exclus.
4 - La frustrations générée peut être résolue avec la libéralisation de la pornographie, de la prostitution, ou par une redéfinition du rapport à l'exclusion.
Je reproche beaucoup de chose à cette argumentation. La qualité du désir de l'homme est niée, elle n'a aucune importance, comme si l'homme pouvait désirer indifféremment n'importe quelle femme : dans la monogamie, seule la femme est dite opprimée alors que l'homme non plus ne choisit pas nécessairement sa femme. Or, l’homme aussi a ses exigences, lui aussi il sélectionne.
On me répondra : certes Eussoudore, il faut tu aies raison puisque certaines femmes sont repoussées par des hommes. Seulement, une majorité de femmes choisissent et une majorité d’hommes réclament. Nous voilà donc à la fameuse loi de Pareto appliquée au marché de la séduction. Bien que cette application ne repose sur aucun fondement sociologique, je vais la tenir pour vrai. Je vais faire semblant d’y croire alors que je n’y crois pas.
Admettons donc : je concède que la majorité des femmes choisit une minorité d’hommes, mais vous admettez vous-mêmes que ce fait supposé n’est qu’une tendance, et non une loi contraignante. Par conséquent, vous êtes forcez d’admettre deux choses : certains hommes rares qui pourraient appartenir à l’élite minoritaire choisissent de ne pas enchaîner les conquêtes ; certaines femmes rares que pourraient sélectionner un homme parmi ceux qui enchaînent les conquêtes ne le font pas.
Ce sont, suivant le principe de Pareto, des exceptions. Certes, mais elles existent et survivent grâce aux marginaux. Ceux qui n’agissent pas comme n’importe qui, ceux qui, enfin je le dis, dépassent les lois du marché de la séduction.
Voici le cœur de mon attaque : sous quel prétexte faudrait-il prendre la tendance majoritaire comme l’unique garantie de nos rapports ? Vous glorifiez implicitement, Maïa, ces femmes qui sélectionnent les mêmes hommes : mais vous glorifiez seulement la norme ! Fallait-il être aveugle pour ne pas le comprendre, vous qui prônez des valeurs progressistes et libérales ?
Contre Maïa, j’oppose la prolifération des goûts atypiques. Contre Maïa, j’oppose la diversité des beautés. Contre Maïa, je glorifie ces femmes rares qui cherchent des hommes rares. Cette journaliste connait les mécanismes pragmatiques de la séduction, je lui réponds avec l’authenticité des amours hors norme et sans raison. Pourquoi avez-vous donc à cœur d’omettre les relations qui prennent une forme unique ?
Il y a, bien entendu, des exclus. Houellebecq le décrit à merveille. Mais ces individus ne sont pas des marginaux, ils sont parfaitement intégrés aux mécanismes de la séduction, ils en sont les acteurs indispensables. Ces hommes sont tout à fait médiocres : laids ou inaptes, ils voudraient être sélectionnés par ces femmes au goût ordinaires, par n’importe laquelle d’entre elle, mais ils n’y parviennent pas. Evidemment, ils repoussent également les marginales, parce qu’ils sont absolument médiocres, il n’y a rien de plaisants chez eux.
Ce n’est pas tout, mon opposition englobe tout le propos de la journaliste, qui poursuit de la façon suivante :
En réponse à la menace d'une recrudescence de la violence des hommes frustrés, Maïa propose la masturbation, la prostitution et le renversement du rapport à l'exclusion sexuelle : ne plus associer cette exclusion à une image dévalorisante de soi. Je trouve l’argument parfaitement dérisoire, le socialisme n'est pas né en apprenant aux ouvriers à ne pas se sentir dévalorisés par leur condition matérielle d'existence. D'autre part, un couple ne se réduit pas au sexe et c'est pourquoi la masturbation ne compensera jamais la détresse affective vécue par certains hommes.
Contre Maïa, je propose une autre solution qui consisterait à apprendre aux femmes à être entreprenantes, y compris en séduction et à apprendre aux hommes à l'être moins. Le but n'est pas d'inverser la tendance mais de rééquilibrer les rapports de force qui sont à l'œuvre dans le phénomène social de la séduction. La femme n'est plus seulement une proie, l'homme n'est plus seulement un prédateur, les deux rôles sont à peu près équitablement partagés. De cette façon, la femme aurait moins l'impression de se faire harceler par des demandes incessantes, et l'homme éprouverait moins le rejet et la solitude.
Maïa me rétorquerait que la femme est naturellement sélective, et qu'elle filtrerait les hommes pour n'aborder que l'élite, les fameux 20%, mais je lui dirais alors qu'elle transforme une simple tendance socialement causée en une caractéristique qui essentialise la femme. Je lui dirais également que l'homme ne désire pas n'importe quelle femme, que lui aussi peut être exigent contrairement à ce qu'elle pense, et que par conséquent, les membres de la fameuse élite masculine pourraient tout-à-fait n'aimer et ne désirer qu'une femme, ou peu de femmes au cours de leur vie. D'autre part, en rééquilibrant le rapport de force à l'œuvre dans la séduction, davantage de femmes subiraient l'insuccès auprès des hommes. De cette façon, les hommes et les femmes qui ne connaissent pas le succès pourraient se convoiter entre eux, et s'aimer peut-être, à défaut de se désirer.
Pour parvenir à ce résultat, et je rejoins la cause féministe : il est nécessaire d’éduquer les filles pour qu’elles prennent davantage l’initiative, et d’éduquer les garçons pour qu’ils la prennent un peu moins. L’éducation serait à adapter suivant les cas particuliers, évidemment, le but étant de fabriquer de nouvelles tendances plus équilibrées.
Voici, en deux points, l’attaque frontale que je fais à Maïa :
- Ce qu’elle décrit n’est qu’une norme que rejette les marginaux
- La frustration des exclus ne se résous pas symboliquement ou sexuellement mais tendanciellement