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2021-09-30 19:10:42
Comment mieux accueillir les élèves transgenres à l'école: la circulaire préparée par Blanquer
INFO LE FIGARO - Le ministère de l'Éducation nationale s'apprête à publier un texte destiné à mieux accompagner les «transitions de genre» en milieu scolaire.
« Transgenres », « non binaires »* et « intersexes »**. Le ministère de l'Éducation nationale, après des mois de tergiversations, s'apprête à clarifier le rôle que doit tenir l'institution face à ces «transitions de genre» que de plus en plus d'élèves manifestent et souhaitent voir reconnues au sein de leur établissement scolaire. Après avoir auditionné les représentants de la communauté éducative, la rue de Grenelle va publier une circulaire intitulée « Pour un meilleur accueil des élèves transgenres en milieu scolaire ».
La version provisoire de ce texte, que Le Figaro s'est procurée, tente, tant bien que mal, de fixer les règles pour répondre aux demandes de changement de prénoms, mais aussi concernant les tenues vestimentaires et l'usage de lieux d'intimité, comme les toilettes, vestiaires et chambres d'internat. Car sur le terrain, d'un chef d'établissement à un autre, d'un professeur à un autre, la situation de ces élèves, qui fait écho à l'intime de chacun, est très variablement accueillie.
La question du changement de prénom
La question du changement de prénom et de l'utilisation de pronoms correspondant au genre, d'abord. Si l'élève est mineur, lorsque la demande est faite avec l'accord des deux parents, « il s'agit de veiller à ce que le prénom choisi soit utilisé par l'ensemble des membres de la communauté éducative », indique le texte. Ce « prénom d'usage » serait alors utilisé dans « tous les documents qui relèvent de l'organisation interne de l'établissement » : liste d'appel, carte de cantine, de bibliothèque et espaces numériques de travail (ENT). En revanche, il ne sera pas pris en compte pour les épreuves des diplômes nationaux, où seul le prénom inscrit à l'état civil est valide.
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Dans le cas où les parents d'un élève mineur s'opposent à l'utilisation du prénom d'usage demandé par leur enfant, « l'établissement ne peut pas modifier celui-ci » pose le texte. Une règle claire ? Sur le terrain, force est de constater qu'actuellement, les choses ne sont si simples. Dans un lycée de l'Oise, Hubert Salaün, représentant de la Peep, la 2e fédération de parents, raconte l'histoire de cette jeune fille qui a voulu se faire appeler d'un « prénom neutre ». «Les parents étaient séparés. Le père était d'accord, pas la mère , explique-t-il. Les enseignants, eux, avaient accepté d'utiliser le prénom d'usage. À l’exception de l'un d'entre eux. Il continuait de faire l'appel en utilisant le prénom de l'état civil. Et marquait systématiquement l'élève absent . Des lycéens ont alors signé une pétition contre l'enseignant, qui a menacé, lui, de porter plainte. »
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«Leur corps leur appartient»
Pour le représentant de la Peep, le débat le plus tendu porte sur « la question de savoir si l'école peut adopter le prénom choisi par l'élève sans que ses parents en soient avertis» car, après tout, « leur corps leur appartient ». Il ne le pense pas et plaide pour le dialogue avec les familles, pour qui ces situations sont la plupart du temps « un choc ».
Ce n'est pas l'avis de Sud Éducation, très en pointe sur le sujet de la transidentité. Dans un tract publié le 21 septembre dernier, le syndicat invite le personnel à mieux accompagner les élèves qui souhaitent changer de genre, sans en parler à leur famille. « Laissez les élèves, qui sont des enfants et/ou des adolescent·e·s se définir elles/eux-mêmes (...) Utilisez les pronoms et prénoms choisis par l'élève s'il ou elle vous le demande », écrit-il.
La jupe pour tous, mais pas les toilettes
Sur les tenues vestimentaires, le projet de circulaire indique qu'il s'agit de s'assurer que les règles « ne font pas l'objet de consignes différenciées selon le genre ». « Les vêtements et accessoires autorisés et interdits le sont pour tous les élèves sans distinction », pose-t-il. En d'autres termes, la jupe pour tous, mais pas forcément le «crop top», au nom de la décence.
Enfin, concernant l'usage des « espaces d'intimité » - toilettes, vestiaires, dortoirs - le texte liste « différentes options », en fonction de « la disponibilité des lieux ». En règle générale, l'élève peut choisir d'utiliser les toilettes et vestiaires « conformes à son identité de genre ». Même principe pour la chambre d'internat. L'élève peut utiliser des « toilettes non genrées », si l'établissement en dispose. L'établissement peut aussi « convenir avec l'élève de la mise en place d'horaires aménagés pour l'utilisation des vestiaires et douches collectives ». Des choix qui doivent, « dans la mesure du possible » s'appliquer lors des déplacements, sorties et voyages scolaires.
«Parcours de transition» dès le primaire
Cette circulaire de bonnes pratiques s'adresse à l'ensemble des personnels, du primaire au secondaire, car les « parcours de transition » commencent « dans le second degré et parfois même dès l'école élémentaire », explique-t-elle.
Le texte rappelle que l'Éducation nationale est engagée « depuis plusieurs années dans la lutte contre l'homophobie et la transphobie » et que cet engagement s'inscrit dans une dynamique interministérielle.
« Il convient de rappeler que la transidentité n'est pas une pathologie », pose-t-il en préalable. « Les institutions de santé, notamment l'OMS reconnaissent désormais que la non-congruence entre le genre de naissance et le genre vécu ne constitue pas un trouble psychiatrique (...) Le seul indicateur fiable de l'identité de genre d'une personne, quel que soit son âge, est son autodétermination ».
- Personne qui ne s'identifie ni comme homme, ni comme femme
- Personnes nées avec des caractéristiques sexuelles qui ne correspondent pas aux définitions types des corps féminins ou masculins
https://www.lefigaro.fr/actualite-france/comment-mieux-accueillir-les-eleves-transgenres-a-l-ecole-la-circulaire-preparee-par-blanquer-20210930