Aviachinois19
2021-09-28 18:28:05
Jour après jour les stocks s'épuisent pour les entreprises britanniques et aucun réassort n'est possible. Et pour cause, personne ne peut livrer les commandes. Le Royaume-Uni fait face à une pénurie de chauffeurs poids lourds depuis de longs mois.
Le Brexit est à l'origine de cette situation qui s'est aggravée avec la crise sanitaire. Les chauffeurs européens sont rentrés chez eux et n'ont pu revenir reprendre leur poste faute du visa nécessaire pour travailler en Grande-Bretagne. Bilan: 100.000 chauffeurs manquent à l'appel.
Dans les entreprises, les conséquences sont déjà perceptibles. Des produits manquent déjà dans les rayons des supermarchés. Par manque de lait, McDonald's a retiré les milkshakes de sa carte. Nando’s, la chaîne sud-africaine de restaurants spécialisés dans le poulet mariné, a fermé une cinquantaine de restaurants par manque de volailles. Même scénario chez KFC, Greggs, Subway, les supermarchés Tesco et l'ensemble des commerces d’Angleterre, d’Écosse et du Pays de Galles.
Désormais, la menace pèse sur les fêtes de Noël prévient Richard Walker, directeur général d'Iceland, une chaîne de produits surgelés, qui a dû annuler du planning une cinquantaine de réassorts quotidiens.
"Nous avons beaucoup de marchandises à transporter d’ici Noël et une chaîne d’approvisionnement solide est vitale pour tout le monde. Nous tirons la sonnette d’alarme pour éviter de devoir annuler pour la seconde fois les fêtes de Noël", déclare Richard Walker lors d'une émission de Radio 4 BBC.
Augmentation de salaires
Pour relancer la logistique, les entreprises sont confrontées à deux enjeux, garder les chauffeurs actuellement en poste et en recruter. Dans les deux cas, le nerf de la guerre à un prix qui ne cesse de grimper. Selon le site de recrutement Adzuna, le salaire annuel moyen est passé de 30.000 à 37.000 livres (35.000 à 43.000 euros) depuis mars 2020.
Selon le Financial Times, certains transporteurs proposent plus de 50.000 livres, soit près de 60.000 euros, pour un chauffeur. Mais ils sont de moins en moins nombreux. Entre 2010 et 2020, le nombre de permis poids lourds en Grande-Bretagne est passé de 91.000 à 69.000 selon le ministère des transports britannique.
Aaron Leventhal, 37 ans, pilote de ligne qui travaillait pour la compagnie low cost Flybe n'a pas hésité à se reconvertir après la faillite de sa compagnie à cause du covid, raconte le Daily Mail. En passant de l'avion au poids lourds, son revenu est passé de 30.000 livres (35.000 euros) à 40.000 livres (46.000 euros) grâce au permis qu'il a passé à l'armée 10 ans auparavant.
Malgré ces salaires, les candidats ne sont pas nombreux. Trop dur, le métier n'incite pas les anciens à reprendre le volant d'un camion pour passer des jours entiers sur les routes britanniques et européennes. Quant aux autres qui chercheraient à se reconvertir, il faudra attendre plusieurs mois avant qu'il soient opérationnels.
Conséquence du Brexit
En attendant, les entreprises demandent au gouvernement d'ajouter au plus vite les chauffeurs routiers à la liste des travailleurs qualifiés comme les ingénieurs, les soignants ou les scientifiques européens. Ce visa ne demande que trois semaines pour l'obtenir, permet d'avoir accès aux services de Santé du Royaume-Uni (UK’s National Health Service, NHS). Le secrétaire aux Affaires, Kwasi Kwarteng, n'est pas favorable à cet assouplissement expliquant que "ce serait une solution temporaire à court terme".
Les chauffeurs européens, notamment ceux des pays de l'Est, reviendront-ils au Royaume-Uni? Rien n'est moins sûr. Depuis qu'ils ont quitté les îles britanniques, ils ont trouvé du travail en Allemagne, en France ou en Pologne, constate le syndicat britannique du transport routier.