Sidoux9
2021-09-22 10:36:55
Les nationalistes ont du mal à le reconnaître mais en réalité ils sont bel et bien intégralement responsables de leur propre déclin et des valeurs qu’ils portent.
À plusieurs reprises ils n’ont pas pu rester tranquilles mais se sont laissés entraînés par la ferveur nationaliste qu’ils déclenchaient, tout en la nourrissant par une habile propagande.
L’Allemagne voulait des colonies dans le monde, mais la France et le Royaume-Uni, déjà à l’étroit, voulaient l’en empêcher.
La France voulait aussi récupérer l’Alsace-Moselle, et déployait depuis des décennies une propagande active pour ne pas que l’on oublia de regarder vers la « ligne bleue des Vosges ».
Le Royaume-Uni prenait ombrage de la nouvelle puissance maritime allemande caractérisée par la formidable flotte que Guillaume II avait mise sur mer.
L’Italie voulait s’agrandir notamment en prenant pied sur l’autre rive de l’Adriatique.
La Russie visait les mers chaudes de la Méditerranée et Constantinople qu’elle souhaitait reprendre au Turc, l’« homme malade de l’Europe », et soutenait les pays des Balkans par Panslavisme.
L’Autriche-Hongrie voulait affermir sa prise sur ces mêmes États des Balkans et surtout chercha à venger l’assassinat de son héritier à Sarajevo.
Or la Russie assurait la Serbie de son soutien sans faille, ce qui la conforta dans sa position face à l’Autriche-Hongrie en refusant que des inspecteurs autrichiens enquêtent directement sur son sol.
L’Autriche-Hongrie finit par lui déclarer la guerre. En réaction la Russie, elle, commença donc à mobiliser, ce qui était perçu à l’époque comme un véritable acte de guerre, et qui poussa l’Allemagne à lui déclarer la guerre à son tour avant qu’elle ne puisse rassembler ses immenses forces
Et comme par le jeu des alliances cela induisait donc que la France fut d’office engagée dans le conflit, l’Allemagne déclara la guerre la France aussi, elle qui n’en demandait pas tant.
L’Europe était une véritable poudrière depuis plusieurs années, chaque pays ne demandant qu’à en découdre pour faire valoir des prétentions.
Les guerres, fréquentes, étaient alors perçues comme le cours normal des choses depuis plusieurs siècles, et même un devoir des souverains. Si un monarque n’aimait pas guerroyer mais préférait la « vie molle et paisible » alors il n’était souvent pas estimé par ses sujets.
La Révolution industrielle bouleversa cependant les méthodes de la « guerre en dentelles », la guerre devint elle aussi industrielle, inhumaine, avec un nombre de morts comme il n’y en avait jamais eu.
Ce n’est pas pour rien que des organismes comme la Croix-Rouge apparurent au milieu du 19ème siècle quand les conflits devinrent insupportables pour les soldats et les populations.
Mais les États-majors européens n’ont pas tenu compte de tous ces avertissements, pas plus que de la Guerre civile américaine et de son grand nombre de victimes, ou de la guerre sino-japonaise qui démontrait déjà très bien la prédominance de la défensive sur l’offensive, ce qui était l’assurance de futurs massacres.
Non les États-majors se contentèrent de pouvoir lever d’immenses armées de plusieurs millions d’hommes et de pousser les gouvernements à agir le plus vite possible pour ne pas être pris de court par les pays ennemis.
Tout le monde se dirigea ainsi simultanément et avec allégresse vers une grande boucherie générale qui coûta au continent plus de 10 millions de vies, qui laissa une animosité forte entre Européens et de nombreuses autres poudrières qui ne demandaient qu’à exploser à leur tour, cependant que des conflits se poursuivaient en Europe de l’Est et du Sud.
L’Europe était ébranlé, les États-Unis prenaient l’ascendant, les Soviétiques s’installaient durablement dans l’Empire tsariste renversé.
Puis, parce qu’elle avait un désir de revanche ou parce qu’elle s’estima lésée, l’Allemagne et l’Italie devinrent fascistes, prônant des valeurs guerrières.
Et ce fut la catastrophe.
Lorsque Hitler a dévoilé ses premiers plans d'expansion et d'annexion, c'est à dire acquérir un espace vital à l'Est, même son État-major était consterné.
Il faut savoir que selon une tradition prussienne datant d'après Iéna (1806) l'armée avait un droit de regard sur la politique extérieure. Et lorsqu'elle a fait part de sa désapprobation au Führer celui-ci a juste pété une crise et leur a retiré ce droit...
Remilitariser la rive gauche du Rhin d'accord cela peut se comprendre qu’un pays veuille assurer sa sécurité et ne plus se faire envahir comme la France l’avait fait entre 1923 et 1925 . Mettre en oeuvre l'Anschluss, l'intégration de l'Autriche, passe encore, les Autrichiens l’avaient demandés à plus de 95%. Mais à partir de l'annexion des Sudètes et de l'occupation de la Bohême ça a commencé à partir dans tous les sens.
Cela a définitivement braqué l'opinion française et anglaise, même le premier ministre Chamberlain, qui comprenait les motivations de Hitler, a jeté l'éponge : Hitler venait juste de démontrer que l'Allemagne avait menti et n'était pas digne de confiance, elle voulait bien plus que regrouper les germanophones dans un seul pays.
La guerre était à nouveau inévitable. Par miracle elle n’était pas survenue lors des coups d’éclats précédents et avait été désamorcée lors de sommets entre nations. Mais lorsque Hitler attaqua une fois encore, la Pologne, alors la France et le Royaume-Uni, pourtant si démoralisés par le conflit précédent, durent répondre à leurs obligations.
Cette nouvelle guerre fut encore plus meurtrière, l’Europe fut irrémédiablement jetée à bas, ruinée et partagée entre Américains et Soviétiques, les empires coloniaux abandonnés.
Et les gens en ont eu marre du nationalisme, il faut bien que vous compreniez ça, nationalisme qui en l’espace d’à peine 30 ans et de deux guerres civiles européennes a fait passer l’Europe de première puissance de l’univers à l’ombre d’elle-même… C’était la fin définitive de l’ordre ancien, des aristocraties et des castes militaires.
À partir de ce moment, par dépit ou conscientisation, les genss ont préféré la coopération et la solidarité d'intérêts via le commerce, les interconnections et la supranationalité (ONU, CECA puis Union Européenne, etc).