Sauliman
2021-09-20 13:59:04
« Si tu es mieux placé que moi... »
12 juillet 2017
On ne s’était pas revus depuis l’élection présidentielle. Nous nous sommes retrouvés dans un restaurant thaïlandais du boulevard Latour- Maubourg. Nicolas Dupont-Aignan aime les endroits discrets, à l’écart des lieux fréquentés par le Tout-Paris médiatique et politique. Il me conte les quelques jours qui ont bouleversé sa vie, quand il a osé la transgression suprême : l’alliance avec le diable lepéniste qui tétanisait toute la droite depuis quarante ans. Je l’entends me justifier au milieu des bruits de baguettes sa stratégie politique dont il est visiblement faraud : « Tu comprends, il faut faire comme Mitterrand en 1972. À l’époque, il ne pèse
pas lourd, et les socialistes ont fait 5 % à la présidentielle de 1969. Le parti communiste, lui, est à 20 % exactement comme aujourd’hui pour le FN. Il faut donc s’allier avec lui pour aspirer ses électeurs. Tu te rappelles, Mitterrand disait qu’il leur prendrait les trois cinquièmes de ses électeurs. Il a réussi. »
Son œil pétille derrière ses verres épais et il en oublie de piocher dans son assiette. Je n’ai pas besoin de sous-titres : il a endossé le costume et le chapeau de Mitterrand.
Je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire narquois qu’emporté par sa fougue, il ne remarque pas. C’est au mot près ce que je lui avais expliqué au téléphone, pour vaincre ses hésitations, lorsque je fus un des rares qui, avec Patrick Buisson, lui conseillèrent de franchir le Rubicon. Nous sommes tous les mêmes. Quand une idée ou un argument nous plaît, nous nous l’approprions sans vergogne, en oubliant même qui nous l’a enseigné. Mon vieil ami Philippe de Saint-Robert m’a raconté qu’un jour Chirac l’avait convoqué dans son immense bureau de la mairie de Paris, pour lui réciter certains passages d’un livre dont il était fier... que Saint-Robert connaissait fort bien puisqu’il en avait été le « nègre »...
L’alliance n’avait pas été de tout repos. Il était intarissable sur les « défauts » et les « limites » de sa nouvelle alliée. Marine Le Pen n’avait pas lu un livre, elle ne travaillait pas, elle ne comprenait rien à l’économie, ne s’intéressait qu’à ses chats et ses plantes, c’était une boutiquière qui conduisait son parti en épicière, d’une méfiance maladive pour couronner le tout. Son calamiteux débat télévisé face à Macron avait révélé à toute la France ce que seuls les initiés murmuraient jusque-là. « Elle nous a fait honte », la phrase était revenue le lendemain dans toutes les bouches patriotiques. Dupont-Aignan me décrit sans se lasser l’accueil chaleureux que lui ont réservé les militants du Front national. Je lui rétorque que je n’en suis guère étonné ; j’en rencontre moi-même beaucoup lors de mes visites en province pour mes livres ; ce sont pour la plupart de braves gens
et de braves Français, classes populaires laissées pour compte, méprisées par les élites médiatiques et culturelles, un mélange épars de deux anciennes sociologies politiques, celle du parti communiste et de l’ancien RPR, ouvriers, employés, indépendants, petits commerçants, petits patrons, petits agriculteurs, anciens adversaires de la lutte des classes unis dans un même destin funeste, vaincus concassés de la mondialisation.
Son œil s’embue. C’est un sentimental au cœur tendre qui veut à tout prix être aimé. Je connais Nicolas depuis de longues années. Nous nous retrouvions naguère dans les mêmes lieux de villégiature. Nos enfants ont le même âge. C’était un papa poule que je taquinais pour sa trop grande mansuétude.
C’est sur une plage de la Méditerranée qu’il me proposa de le rejoindre sur sa liste aux élections européennes de 2014.
On évoque déjà celles de 2019, et la présidentielle de 2022. Il me dit qu’il faut tenir bon, que « le système » est condamné. C’est une question de temps. Il est hanté par l’exemple d’Émile Ollivier, ce grand républicain qui rallia Napoléon III en 1869, à la veille de la défaite de 1870 face aux Prussiens ; et qui passa le reste de sa longue vie à se justifier dans des mémoires interminables. Surtout ne pas être Émile Ollivier...
Il me dit que je devrais me lancer, que je pourrais être moi aussi candidat à la présidentielle. Il ajoute d’un air détaché : « Si tu es mieux placé que moi, je m’effacerais volontiers. Pour moi, tu sais, l’important, c’est qu’on gagne. » Je vois dans ses yeux qu’il n’en croit pas un mot. Il dit le contraire de ce qu’il pense. L’important, pour lui, est d’être candidat même si « on » perd.
Il règle l’addition ; il plie la facture avec le ticket de Carte bleue qu’il range avec soin dans un portefeuille.
« Je fais très attention à pouvoir tout justifier. Ils sont prêts à tout pour me planter. » Son regard se fige soudain derrière ses verres épais.
Pour les prolohttps://image.noelshack.com/fichiers/2021/30/5/1627677975-hommestylecigarbourbon.png
Sauliman
2021-09-20 14:00:03
Le 20 septembre 2021 à 13:57:24 Hubert20 a écrit :
NDA et son égo démesuré ?
Évidemment qu'il va se représenter
C'est ce que pense zemmour égalementhttps://image.noelshack.com/fichiers/2021/30/5/1627677975-hommestylecigarbourbon.png
"Il me dit que je devrais me lancer, que je pourrais être moi aussi candidat à la présidentielle. Il ajoute d’un air détaché : « Si tu es mieux placé que moi, je m’effacerais volontiers. Pour moi, tu sais, l’important, c’est qu’on gagne. » Je vois dans ses yeux qu’il n’en croit pas un mot. Il dit le contraire de ce qu’il pense. L’important, pour lui, est d’être candidat même si « on » perd."
zemmouristo
2021-09-20 14:02:23
NDA Asselineau et Philippot se présenteront tous les 3
grâce au Z aucun ne dépassera 1%https://image.noelshack.com/fichiers/2017/12/1490497882-zemmourrire.png
meritax pour ces 3 ahurinshttps://image.noelshack.com/fichiers/2017/12/1490497882-zemmourrire.png