PaletoJett
2021-09-16 14:13:28
"Tu N'Es pAs Un EnFaNt deS aNnEes 90 si tA paS coNnu çA"
[Images d'objets difformes et multicolores]
...
Hier soir, alors que j'étais avec une meuf en train de "chiller". Celle-ci, un poil hystérique, me fait découvrir la page Instagram "nineties memes", remplie d'images, de vidéos et autres Starter pack ayant pour but de plonger les 20-30 ans dans la nostalgie des années 90.
Et effectivement ça a eu l'effet escompté dans un premier temps : J'ai ri, j'ai souri, etc... Jusqu'à ce que je me rende compte qu'en fait, 90% des enfants de notre génération ont eut droit aux mêmes jouets, aux mêmes dessins animés, aux mêmes petits déjeuners...
Et c'est là qu'on se rend compte que tout a été fait pour uniformiser nos cerveaux malléables. La majorité des souvenirs et des goûts de notre tendre enfance ne reposent en fait que sur des inventions industrielles pensées pour la rentabilité, par des types en costards haut perchés dans leur tour réfléchissant à comment ils vont pouvoir empoisonner un maximum de gosses. Les gosses, c'est nous.
En parcourant les images en question, je me suis rendu compte à quel point tout n'était en fait que dégueulis de couleurs ultra flashies, d'objets en plastique plus laids les uns que les autres et totalement décorrelés de toute notion d'artisanat, de beauté, d'intelligence, avec des modes qui changent tous les mois.
Nous étions les cibles parfaites des marketeux sans vergogne qui se sont servis de notre temps de cerveau jeune et disponible pour nous farcir de tout un tas de saloperies, mauvaises pour notre corps et notre esprit.
Que ce soit les céréales, les bonbons et les goûters infects qu'ils nous ont fait avaler pendant tant d'années (',Couilles de Mammouth, chocapics'' et j'en passe.)
Les dessins animés insipides et ultra-cuttés qui nous empêchaient de nous concentrer en cours et rendait la lecture des bouquins sans intérêt (On se rappelle tous des génériques de dessins animés, parfois même connaît-on les paroles par coeur, mais qui ici peut lister plus de dix livres qui lui ont été donnés à l'école ?)
La musique pour teenagers : Des artistes au look toujours plus délirant qui sont en réalité des produits commerciaux montés de toute pièce, avec un nouveau groupe à la mode chaque semaine et des morceaux qui tournent en boucle, reprennent les mêmes thèmes sans profondeur et les mêmes accords, avec seulement trois mouvances : le rock, l'électro et le rap/RnB. On notera le gros turn-over des ces artistes, ainsi que la quantité non-négligeable de ceux qui deviennent des épaves ou meurent d'overdose, y compris chez les chanteurs pour enfants. (Coucou Miley Cyrus)
La mode : de nombreuses marques colorées et flashies, avec des logos bien voyants et toujours cette manie de proposer des nouveautés chaque semaine. Il suffit de regarder une photo de Lorie en 2004 pour se rendre compte que le beauté n'était pas vraiment au centre des préoccupations des stylistes. Tout ne consistait qu'à être nouveau, provoc, et cher.
Idem pour les jouets, des cartes Pokémon aux fiches Diddl en passant par les toupies Beyblade. C'est très mignon tout ça mais une fois de plus, il ne faut pas oublier qu'il y a une histoire de gros sous derrière et que le but final n'était pas de rendre notre enfance heureuse mais bien de soutirer un maximum de tunes à nos parents.
Tout ça est très grave :
Premièrement parce que tous ces trucs qui nous ont fait kiffer dans notre enfance reposent sur une industrie ultra-polluante, que ce soit pour l'environnement mais aussi et surtout pour les humains : travail précaire, travail forcé en Asie, pression au boulot, petites entreprises locales et artisanales qui ferment (difficile d'imaginer un petit fabricant de jouets en bois ou un marionnettiste traditionnel faire face à ce raz-de-marée de divertissement à bas prix)
Deuxièmement parce qu'en plus d'avoir ingurgité de la merde pendant les années fondamentales de notre vie (physiquement et intellectuellement), ce qui a freiné notre bon développement, on a appris à AIMER ça et à rejeter ce qui est vraiment bon pour nous : ça devient difficile d'apprécier le goût des haricots verts après s'être goinfré de Kellogg's, et encore plus de tomber un livre de 200 pages quand on a passé la matinée à regarder bob l'éponge
Et enfin parce que ça nous a conditionné à être de parfaits petits rouages du système, et à grandir avec l'idée que notre place dans la société dépend de nos possessions matérielles, peu importe si on est médiocre ou pas. On a tous connu à l'école et au collège une mini échelle de dominance sociale avec tout en bas ceux qui s'habillaient avec les vêtements de leur grand frère, et tout en haut ceux qui possédaient les dernières converses, les toupies Beyblade les plus tunées, les cartes Pokémon brillantes, etc... Les élèves qui avaient l'audace de bouquiner un peu, de ne pas avoir de télé chez eux ou qui ne mangeaient pas de sucreries étaient carrément exclus de l'échelle, vus comme des extra-terrestres
Voilà la vérité sur ta "merveilleuse enfance" : Elle a été violée par un système publicitaire et marchand sans vergogne.
Vous me trouvez trop extrême ? Vous pensez que je délire ?Pourtant si on y réfléchit bien, pas grand chose n'a changé. Aujourd'hui on n'est plus des gosses, officiellement, mais on voit bien sûr tout ce qui intéresse le mec ou la meuf lambda de 20-30 ans c'est : regarder Netflix, avoir le dernier iPhone, essayer d'avoir beaucoup d'argent, un peu de statut social, avoir une jolie copine ou un jolie copain, se bourrer la gueule le week-end. Et c'est à peu près tout, prendre des antidépresseurs si ça va pas et recommencer inlassablement jusqu'à la retraite. Tandis que celui qui n'arrive pas à avoir tout ça est exclu de la société.
Je ne pense pas que ce soit un hasard.
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