Noblewolfhutler
2021-09-11 21:49:43
Message du khey Link-Kenedy, mort de la maladie de Charcot il y a deux ans. Que ceux qui se plaignent de ne pas assez baiser viennent encore se plaindre
J'ai 22 ans et fin 2014 on m'a diagnostiqué la maladie de Charcot. C'est assez inhabituel à mon âge, en termes de probabilités je devais avoir autant de chances de gagner au Loto, mais la vie a fait un autre choix. J'ai lentement perdu de la souplesse, de la force et de la mobilité, à commencer par ma jambe et mon bras droit. Etant droitier je me suis rapidement adapté avec ma main gauche mais la maladie a commencé à toucher également le côté gauche.
C'est au printemps dernier que ma vie sexuelle (enfin, la masturbation) a commencé à devenir compliquée. Déjà sachez que cette maladie ne touche pas les appareils génitaux, tout reste fonctionnel et la libido reste présente. A cette période j'étais encore relativement autonome, je me déplaçais à l'aide d'un déambulateur et pouvais donc me coucher quand je le souhaitais, j'en profitais donc pour me faire plaisir le soir. Mais c'était devenu terriblement épuisant, à tel point qu'un soir j'ai fini par chuter et me blesser en essayant de rejoindre mon lit. Finalement l'effort n'en valait presque plus la peine.
Après en avoir parlé avec ma mère et pour réduire le risque j'ai commencé à le faire sous la douche. Elle me laissait seul tranquille durant parfois une heure avec l’eau dirigée sur moi. Mais sans que je le vois venir ça m'était tout simplement devenu impossible, mon bras gauche n'était plus assez fort.
J'ai d'abord essayé de me faire une raison, croyant que je pourrais m'en passer. Après tout je m'étais déjà fait à l'idée que je n'aurai plus de relation amoureuse, ça pourrait bien être pareil pour le sexe… ça n'a pas fonctionné. J'ai dû tenir même pas deux mois avant que l'envie ne ressurgisse. Et bordel, si des mecs me lisent, je vous souhaite de ne jamais vivre ça, sincèrement.
Parce que ça n'est pas qu'une simple question de frustration, ça va au delà. Quand je suis le plus "en manque" je n'arrive même plus à me concentrer plus de 10 minutes sur quoi que ce soit, inévitablement je finis par me perdre dans mes pensées (et je vous laisse deviner quel genre de pensées). L'autre chose particulièrement désagréable et source de situations profondément gênantes c'est les éjaculations nocturnes. Finir la nuit avec le boxer trempé et se taper la honte avec tes parents au réveil, ça fait rêver.
Comme j'étais dans une impasse j'ai finis par en discuter avec le psy de l'hôpital que je vois occasionnellement pour le suivi de la maladie. Je ne m'attendais pas à trouver une solution auprès de lui mais c'était déjà ça d'en parler. Il m'a parlé du métier d'assistant(e) sexuel. Grosso modo ce sont des personnes qui sont formés à accompagner les personnes handicapées dans leur vie affective et/ou sexuelle. Ce n'est pas de la prostitution, même si ça y ressemble, c'est plus compliqué que ça. Le métier existe depuis plusieurs années dans divers pays d'Europe et outre Atlantique, depuis 2015 l'état Français autorise les sessions de formation. Ironique quand on sait qu'en revanche la pratique est illégale car assimilée à de la prostitution, au grand dam des associations qui militent pour. Nouvelle impasse.
En me renseignant sur une de ces associations je découvre qu'ils ont choisi, à leurs risques et périls, de tout de même mettre en contact des handicapés et gens formés. Je remplis donc un questionnaire pour définir mon orientation sexuelle, mes attentes, etc.
Je suis un peu perplexe, dans les chiffres que j'ai pu apercevoir sur le net le métier est d'avantage exercé par des hommes et si j'obtiens les coordonnées d'une femme il faut encore qu'elle me plaise. Ma principale attente a beau être une aide manuelle, ça reste quelque chose d'intime et si je n'ai pas un minimum d'attirance physique ça ne va pas être possible.
La réponse a mis deux mois à arriver, la faute à leur forte sollicitation. Malheureusement j'ai beau vivre en région parisienne mais ils n'ont personne proche de chez moi. Troisième impasse.
Arrivé à ce point je décide de passer par des voies encore moins légales : les annonces d'escortes girl. Si j'avais su que j'en arriverai là un jour... Je ne critique pas, chacun fait ce qu'il veut, c'est juste que jamais j'avais eu envie ou prévu de faire ça.
Bon, j'avais vu des témoignages d'handicapés qui avaient essayé et c'était pas forcément rassurant, un s'était fait arnaquer en tombant sur une femme qui ne parlait pas un mot de Français et qui lui avait fait payer plus que prévu, un autre s'était carrément fait voler sa carte bleue !
Bref, j'appréhende un peu mais je tente le coup. Et c'est le début du parcours du combattant. Déjà pour environ 3/4 des annonces c'est elles qui reçoivent, ce qui vu ma situation ne m'arrange vraiment pas. Parmi les annonces restantes il faut encore retirer celles qui veulent être contactées uniquement via appel. C'est compréhensible, elles veulent avoir une première impression, le problème c'est que j'ai des difficultés d'élocution depuis maintenant plusieurs mois, impossible de tenir une conversation téléphonique. Mine de rien ça a déjà fait un gros tri. Il est maintenant temps de s'intéresser aux tarifs. Le gouffre ! Mon AAH ne va pas faire long feu si je m'adonne régulièrement à ça. En moyenne pour 1h les prix varient de 150 à 300 euros. A noter que c'est plus cher lorsqu'elles se déplacent et qu'elles demandent en plus que le client finance le taxi aller/retour. Sachant que je suis en abstinence depuis des mois il est clair que je n'aurais jamais l'endurance pour profiter d'une heure entière, ça fait cher les quelques minutes de plaisir.
Mais l'envie est trop forte, vous savez, ce désir si intense que vous êtes prêts à dépasser certaines de vos limites, quitte à le regretter après coup.
Je contacte donc les annonces qui me plaisent dans celles qu'il reste mais c'est la débandade. Au pire je n'ai tout simplement aucune réponse, au mieux elles sont rebutées par mon handicap. A ce point là je crois que seules deux femmes étaient d'accord pour me rencontrer, mais lorsque que j'ai expliqué que je vivais encore chez mes parents et qu'inévitablement ça serait un d'eux qui les accueillerait, je n'ai plus eu de réponse. Je peux comprendre que ça les ait refroidi, faut reconnaitre que c'est peu conventionnel. Moi même ça m'embête de devoir demander à ma mère d'aller retirer des sous et de me laisser la maison pour avoir un peu d'intimité pour ça. Mais voilà, quatrième impasse.
Je ne sais plus quoi faire. J'en viens même à envisager la castration parfois. C'est triste de devoir en arriver là je trouve.