Antigolemite7
2021-09-10 18:17:31
Pour bien saisir la signification véritablement Christique p de la « manifestation » de Platon, à l’aurore de la culture occidentale, il faut d’abord rappeler sa naissance « virginale » telle que nous la rapporte Diogène Laërce, et qui fait de lui un avatâra d’Apollon, donc de l’aspect solaire du Principe (1 bis).
Il faut ensuite observer que son œuvre écrite se présente avec des traits bien singuliers. Elle nous est parvenue en entier (alors que les quatre cinquièmes de celle d’Aristote sont perdus) et a joui tout de suit d’un immense prestige (on a retrouvé en Egypte des fragments de manuscrits postérieurs de 50 ans seulement à la mort du Maître).
Pendant plus de mille ans, elle fut commentée à l’intérieur de l’Académie (l’ashram platonicien), à l’instar d’un texte révélé. Enfin elle représente comme un « commencement absolu », tant par sa forme que par son contenu
Platon constitue si bien un commencement qu’on peut dire que nous pensons à partir de lui ; c’est lui qui a ordonné et structuré notre champ spéculatif, si bien qu’il nous est très difficile, à travers la forme platonicienne qu’a revêtue la gnose en Occident, de pénétrer et de comprendre l’esprit des textes pré-platoniciens. Tant il est vrai que toute Ecriture se lit à travers une tradition vivante et ininterrompue, à défaut de quoi elle devient quasiment lettre morte.
Il a fallu qu’un événement important se produise dans cet espace de soixante à quatre-vingts ans qui sépare le début du Ve siècle du début du IVe, un événement d’une exceptionnelle gravité, capable d’entraîner la ruine définitive de l’intellectualité occidentale. Si le platonisme n’avait pas providentiellement redressé le mouvement de destruction qui s’était alors emparé de l’intelligence grecque, le sort de l’Occident eût assurément été différent. Les doctrines chrétiennes et islamiques n’eussent point trouvé, dans leur rencontre avec le platonisme, la synthèse métaphysique qui, à travers tous ces « fils de Platon » que furent Clément, Denys, Augustin, Sohrawardî (Shaykh al-Ishrâq), Ibn’Arabi (shaykh al-Akbar), leur permit de maintenir et de sauver la lumière de la véritable gnose, et, par là, de vivifier de l’intérieur les formes les plus exotériques de la théologie comme de la vie religieuse.