HeureGrave
2021-07-24 21:57:35
Du début à la fin
Au début elle était normale, jusqu’à la fin de l’école primaire j’avais des amis, et ça a commencé à se dégrader vers le CM1/CM2 lorsque les autres avaient le droit d’inviter des gens à leurs anniversaires, et d’aller aux anniversaires des autres, de faire des « booms » et j’en passe alors que moi non, mes parents ne me laissaient pas sortir à plus de 10 mètres de la maison.
Ça a été le tournant. A partir de ce moment là j’ai commencé à accumuler du retard dans mon développement des relations humaines. Et ce retard s’est accentué avec l’arrivée au collège. J’ai commencé à subir du harcèlement scolaire car j’étais le mec qui connaissait aucun film, aucune musique, aucun élément de la culture, qui sortait jamais. Mes amis de la primaire ont commencé à me lâcher pour s’intégrer avec les autres, et j’ai été repoussé par à peu près tout le monde de par ma « bizarrerie ».
Le collège a été un enfer, je me faisais moquer, voler mes affaires, tout le monde se réunissait pour se foutre de moi. J’ai commencé donc à avoir des pensées noires. Je me haïssais du plus profond de moi même et je croisais les doigts pour me faire écraser par une voiture sur le trajet de chez moi au collège.
Je me suis réfugié dans les jeux vidéos pour me créer une bulle à moi. Un monde dans lequel je me sentais à ma place, à défaut d’être à ma place dans le monde réel.
Le lycée a été la continuité du collège, je suis resté un paria. Le seul point positif c’est qu’au lieu d’être harcelé j’étais juste ignoré de tous à part quelques vannes de temps en temps. J’en vois certains qui se plaignent d’être invisible, mais moi j’ai trouvé que c’était génial au contraire. Je préfère 1000 fois être invisible que d’être considéré uniquement au travers de moqueries et d’insultes.
A la sortie du lycée je n’avais toujours aucun ami, je n’étais jamais sorti, je n’avais jamais fait de soirées, la dernière fois que j’avais fêté mon anniversaire remontait à mes 10 ans.
La fac a été la période qui m’a le plus déprimé. C’est là que j’ai encore plus senti le gap qui s’était creusé entre les gens normaux et moi, à quel point ma vie était à l’opposé des leurs. J’avais la sensation de ne pas être du même monde. J’ai fait mes 5 ans de facs, de la L1 au master à ne parler a personne, sauf en M2, ou quelques personnes daignaient me parler mais c’était uniquement pour récupérer mes cours.
En parallèle de la fac j’ai commencé à travailler. Au début j’étais très mauvais et mes chefs ne voulaient pas de moi, mais j’ai persévéré et ai eu la chance d’avoir un collègue qui m’a pris sous son aile. Aujourd’hui j’ai énormément progressé, et je suis même un très bon élément. Mais malgré ça je ne suis rien de plus que le collègue sympa qui travaille bien, mais dont l’existence devient invisible une fois le travail terminé.
Au final aujourd’hui j’ai l’impression d’être un robot juste bon à travailler. Rien de plus. Personne n’a vraiment de considération pour moi, même mes parents me méprisent (ils me l’ont dit à plusieurs reprises).
Je déteste ce que je suis, je me hais vraiment depuis que j’ai 11 ans, soit 14 ans a me haïr.
Mais je n’ai aucune motivation à changer, car j’ai aucun espoir. J’attends plus rien de la vie si ce n’est la fin. En attendant je ne fais que travailler, car c’est la seule chose que j’arrive à faire.
J’ai pas de passion, j’ai envie de rien, j’ai l’impression que je viens d’un autre monde et que je n’ai ma place nul part.
Vous noterez que je n’ai même pas évoqué le sujet des femmes, car c’est évidement le néant absolu, j’ai jamais rien vécu à part une relation à distance de 2 semaines à mes 20 ans.