Il m'est arrivé une dinguerie à Carrefour hier

MienPeuRER
2021-07-23 11:03:31

Hier dans l'après-midi, je vais faire les courses avec ma copine. En sortant du Carrefour, on passe devant un clochard, ma copine jette un œil à son chien et dit:
"Tiens, il a une grosse bite ce chien".
Puis elle me regarde en souriant. Sur le moment, la remarque m'amuse et je lui rends son sourire. Mais quelques minutes plus tard, alors que nous sommes de retour à l'appartement, un doute s'installe en moi. Quel doute ? Je ne sais pas, mais la phrase résonne dans mon esprit et refuse de se faire oublier.
"Tiens, il a une grosse bite ce chien".
Certes, c'est amusant, mais ce genre de facétie ne lui ressemble pas. Quelque chose ne tourne pas rond. Elle est en train de ranger les courses. Assis sur le canapé du salon, je pose un regard absent sur la télévision éteinte en face de moi, le visage de ma copine s'imprime sur l'écran noir et je vois encore le sourire étrange qu'elle m'a lancé après sa petite remarque. La scène se répète en boucle, le son augmente de plus en plus, à présent je l'entends crier.
"Tiens, il a une grosse bite ce chien !".
Je passe une main dans mes cheveux pour me calmer, mes doigts secs touchent un front recouvert de sueur. Pourquoi parler de la bite du chien ? Ça n'a aucun sens... à moins d'avoir une idée derrière la tête. Peut-être voulait-elle insinuer quelque chose, pour faire passer un message. Mais quel est le message ? Le chien à une grosse bite, contrairement à moi ? En tout cas, son sourire n'était pas anodin. Putain de clébard. Tout allait bien jusque-là.
"Ça va ?", me demande-t-elle depuis la cuisine.
Je réponds un "oui oui" machinal.
Pourquoi ça n'irait pas ? Cinq minutes de silence suffisent à l'inquiéter, ça non plus ne lui ressemble pas. Mais peut-être sait-elle que j'y pense depuis tout à l'heure, elle a planté une graine dans mon esprit et se renseigne sur la germination. "J'espère qu'il a compris le message", se dit-elle en rangeant bêtement les boites de pâtes. Mais je m'emporte, peut-être. Après tout, le mieux serait de lui poser la question directement. "Qu'est-ce que tu as voulu dire?", c'est simple comme question, et je serais fixé. Non, c'est sûrement ce qu'elle attend. Elle va nier, prétendre que ce n'était qu'une remarque sans arrière-pensée et me faire un procès en paranoïa. J'aurais l'air d'un con, elle pourra raconter à ses copines qu'elle a réussi à rendre son mec jaloux d'un clébard de SDF. Cette garce. J'aurais dû réagir tout à l'heure au lieu de sourire comme un idiot.
"Tiens, il a une grosse bite ce chien".
"Hein ? Pourquoi tu dis ça ?"
Je joue cette scène alternative dans mon esprit, elle me soulage. Car mon étonnement sur l'instant n'aurait rien eu de suspect, et aurait obligé ma copine à s'expliquer sur son étrange observation. À présent, c'est trop tard, si je la questionne elle saura que ça m'aura travaillé pendant trente minutes, et ça c'est hors de question. J'aurais dû jeter un oeil en arrière, aussi, pour vérifier que le fameux chien était si bien membré, le contraire aurait prouvé que la remarque n'était pas innocente.
Maintenant que j'y pense...
"J'ai oublié d'acheter des bières, je reviens dans dix minutes"
"Ok, à toute de suite"
Impossible qu'elle devine mon projet véritable. Je quitte l'appartement, puis l'immeuble et traverse la rue à toute allure, porté par la prière intime que le clochard n'ait pas terminé sa journée. Au détour de la banque qui fait angle à la rue du Carrefour, j'ai presque atteint le pas de course, mais je stoppe net mon allure. Il est là, je le vois. Assis en tailleur sur un plaid sali par le temps, le digne mendiant est fidèle à son poste. Près de lui, j'aperçois l'objet de mes tourments, un petit chien terrier au pelage blanc tâché de noir ici et là. J'essuie d'une manche le nuage de sueur sur mon front et reprends mon souffle avant de l'approcher, sous l'air d'un promeneur innocent.
"Bonjour monsieur", me dit poliment le SDF.
"Bonjour."
Après une courte hésitation, je fais mine de caresser l'animal pour l'observer de plus près, et me voilà figé par le soulagement qui soudain m'envahit.
"Vous n’inquiétez pas, il ne mord pas », me rassure le clochard.
Mais je n'ai plus besoin d'être rassuré, car le terrier a tenu ses promesses. "Grosse", le mot était faible, ce chien a une bite énorme. Un miracle de la nature, c'est presque une cinquième patte. Si tantôt j'avais vu l'engin, je n'aurais pu retenir une remarque à voix haute. Caressant encore sa tête poilue, je me trouve pris d'affection pour cette petite créature qui plus tôt avait mis ma virilité en sursis.
Libre, à présent.

PsychoPasCher
2021-07-23 11:09:00

Interessant.

MichelInternet
2021-07-23 13:59:03

up car cocasse

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