J’ai foi dans la sorcellerie. Or, un grand sorcier l’autre soir M’a fait voir de notre patrie Tout l’avenir dans un miroir. Quelle image désespérante ! Je vois Paris et ses faubourgs : Nous sommes en dix-neuf cent trente, Et les barbons règnent toujours.
Un peuple de nains nous remplace ; Nos petits-fils sont si petits, Qu’avec peine dans cette glace, Sous leurs toits je les vois blottis. La France est l’ombre du fantôme De la France de mes beaux jours. Ce n’est qu’un tout petit royaume ; Mais les barbons règnent toujours.
Tout est petit ; palais, usines, Sciences, commerce, beaux-arts. De bonnes petites famines Désolent de petits remparts. Sur la frontière mal fermée, Marche, au bruit de petits tambours, Une pauvre petite armée ; Mais les barbons règnent toujours.
Enfin le miroir prophétique, Complétant ce triste avenir, Me montre un géant hérétique Qu’un monde a peine à contenir. Du peuple pygmée il s’approche, Et, bravant de petits discours, Met le royaume dans sa poche ; Mais les barbons règnent toujours.
Les infiniment Petits Œuvres complètes de Béranger, 1839
T'as déjà parlé à des anarchistes ? Non ? Et bien maintenant tu en as la possibilité ! Il suffit pour toi de cliquer sur ce lien et de nous rejoindre ! https://discord.gg/sHavEjU