WagnerOdegard
2021-06-30 23:39:30
Parfois tout s'accélère. L'espace de quelques heures, on ressent plus de choses qu'en un mois entier.
Parfois, on sait à l'avance que cette accélération va avoir lieu ce soir-là, du moins on l'espère. On l'appréhende depuis plusieurs jours, depuis qu'on sait qu'elle va venir. Chaque jour au travail, on l'envisage, quelques instants. Alors qu'elle est dans le bureau d'à côté.
Le soir venu, tout est grisant, tout devrait être mémorisé. Mais trop de choses sont oubliées. Comme ce qu'elle m'a dit quand on redescendait l'escalier tous les deux à la fin de la soirée. Je me souviens du moment où elle a franchi la porte des toilettes. Puis de celui où elle a mis sa main dans mon dos pour m'inviter à la suivre, que je me suis exécuté en silence à travers le bar déserté.
Je me souviens de ce moment où l'on a commencé à se tutoyer, où la bière nous a fait oublier qu'elle était ma chef. Où les autres collègues discutaient mais que je ne les entendais pas. Je me souviens avoir trinqué en silence avec elle, je ne sais combien de fois, ce soir là, sans jamais n'être rassasié du regard qu'elle m'offrait au choc de nos verres. Le moment où elle m'a demandé de lui apprendre à nager et que j'ai trouvé ça ridicule.
Je me souviens des derniers instants sur la banquette arrière de la voiture de mon collègue qui nous raccompagnait. Je savais qu'on ne se tutoierait plus à 8h le lendemain matin. Alors on l'a fait une dernière fois par sms. Et le lendemain, la vie a repris son cours.