Marion, 28 ans, violée et tuée par un collègue
En mai 2018, la jeune femme avait été retrouvée morte chez elle, rue de Picpus à Paris (XIIe). Un collègue avait fini par reconnaître ce meurtre d’une rare violence. Il est jugé à partir de ce lundi aux assises.
Par Caroline Piquet Le 20 juin 2021 à 12h28, modifié le 20 juin 2021 à 12h27
Blanca est rongée par l’inquiétude, ce vendredi 11 mai 2018. Toute la journée, cette mère de famille a tenté, en vain, de joindre sa fille Marion, 28 ans. Elle a même appelé à l’agence où la jeune négociatrice en immobilier est employée depuis deux ans. Mais sa fille ne s’est pas présentée à son travail. Blanca est allée sonner chez elle, rue de Picpus à Paris (XIIe). Personne. Plus inquiétant encore : la banque de Marion l’a contactée, pour signaler des retraits suspects sur le compte de sa fille. Blanca, paniquée, contacte les secours à 21h30.
Un peu plus d’une heure plus tard, les pompiers découvrent le corps de la jeune femme, entièrement nu, sur son lit, avec un drap bleu et une serviette blanche enroulés autour de la tête. Il présente de nombreux hématomes et lésions, dont une d’une douzaine de centimètres, semblable à une brûlure, sur le bras droit.
Aucune trace d’effraction n’est relevée mais un grand désordre règne dans l’appartement. Placards, armoires et tiroirs sont ouverts, comme s’ils avaient été fouillés. De nombreux objets et vêtements sont éparpillés. Les restes d’une soirée arrosée s’amoncellent un peu partout : bouteilles de vodka, de champagne, sachet de cannabis, préservatifs usagés… Mais aussi quatre couteaux, deux rasoirs — dont un brisé — et une boîte vide de souricide professionnel.
Une amie de la victime menacée et séquestrée
L’autopsie révèle que Marion est morte étranglée, après avoir été frappée et violée de façon particulièrement brutale. Un crime sordide, qui a traumatisé le voisinage. Cette « jolie femme », « grande brune » toujours « apprêtée » selon un voisin, ne semblait pas avoir une vie particulièrement dissolue. Bien au contraire. Elle avait longtemps vécu dans cet appartement avec sa grand-mère, qui perdait la tête. Marion endossait avec abnégation un rôle d’auxiliaire de vie. « Elle s’est occupée d’elle jusqu’à sa mort. Nous la trouvions admirable », salue un autre résident de l’immeuble. « Elle avait toujours le sourire, un visage rayonnant. C’était quelqu’un qu’on remarquait », ajoute une voisine.
Fanny C., la meilleure amie de Marion, va très rapidement mettre les policiers du 2e district de police judiciaire (DPJ), saisis des investigations, sur la piste de Thomas J., 20 ans. Quand la jeune femme, inquiète de ne pas avoir de nouvelles, appelle sa copine dans la matinée du 11 mai, c’est cet étudiant, en alternance dans l’agence immobilière de Marion, qui finit par décrocher. Thomas assure à Fanny que Marion ne peut pas lui parler parce qu’elle a trop bu, mais qu’elle veut la voir. Fanny se rend aussitôt chez son amie. S’ensuit un huis clos glaçant. Selon le récit de Fanny, Thomas lui ouvre, puis lui place un couteau sous la gorge, menaçant de la tuer.
Thomas commence ensuite à l’étrangler avec le bras. Fanny aurait réussi à lui faire relâcher son étreinte en le griffant violemment. Le jeune homme aurait ensuite proposé un verre d’eau à Fanny. Après une gorgée, Fanny se sent rapidement faible. Elle raconte être restée assise dans le canapé du salon, incapable de bouger, pendant deux ou trois heures, jusqu’à ce que le jeune homme concède à la laisser partir.
Le jeune homme l’aurait étranglée d’une clé de bras
Après cette séquestration, Thomas a effectué plusieurs retraits avec la carte bancaire de Marion, pour un montant de plus de 1 500 euros. Avant de s’évaporer dans la nature. Un mandat de recherche est lancé contre lui. Le 17 mai, la mère de Thomas appelle la police : son fils s’est présenté chez elle, à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes). Il reconnaît avoir tué Marion et souhaite se rendre. En garde à vue, il avoue avoir tenté, sans succès, sa chance avec Marion. Il raconte que le 10 mai, la victime et lui auraient convenu de se voir en début de soirée pour boire un verre. Vers 22h20, une dispute aurait éclaté au sujet de Fanny, que Thomas jugeait « toxique ». Marion lui aurait demandé de partir, et l’aurait giflé. Thomas aurait alors étranglé la jeune femme d’une clé de bras, jusqu’à ce qu’elle arrête de bouger. Ensuite, dit-il, « c’est le trou noir ».
Toujours selon ses déclarations, Thomas se serait réveillé, paniqué, vers 1h30 du matin. Il aurait alors ingurgité un sachet de souricide, avant de sombrer dans le sommeil. Il se réveille le lendemain vers 10 heures. Là, il transporte Marion jusqu’à sa chambre. Il la déshabille et l’enroule sous une serviette et des draps. Il finit par reconnaître des actes sexuels, mais affirme qu’ils se seraient déroulés après la mort de la jeune femme. Il se défend en outre de l’avoir frappée. Mais ses déclarations résistent difficilement aux expertises, qui ont relevé de nombreuses lésions traumatiques ante mortem sur tout le corps. Avec, notamment, des déchirures musculaires sur les cuisses, caractéristiques d’une scène de viol. Des traces de chloralose, le principe actif du souricide, ont également été retrouvées dans le contenu gastrique de la victime.
Une altération partielle du discernement ?
Pendant l’instruction, Thomas s’est muré dans le silence. « Je ne m’en souviens plus et même si je m’en souvenais, je ne voudrais pas vous le dire », a-t-il notamment déclaré. Le procès du jeune homme, aujourd’hui âgé de 23 ans, s’ouvre ce lundi devant les assises de Paris pour le meurtre, le viol et la torture de Marion, ainsi que la tentative d’assassinat et la séquestration de Fanny. Pour la juge d’instruction, le mobile « semble être celui du dépit amoureux ». À l’agence immobilière, de nombreux collègues avaient noté que le jeune apprenti « était toujours collé à Marion ». « C’était comme une hystérie amoureuse de sa part », a notamment déclaré Aurélien, qui était en passe de devenir le petit ami de Marion. « Le fait que Marion et moi nous rapprochions a été l’élément déclencheur d’une jalousie de Thomas poussée à l’extrême. »
Dans leur rapport, deux psychiatres ont conclu à l’altération du discernement de Thomas, jeune homme parfaitement inséré et sans antécédent judiciaire, sous l’effet de l’alcool. Des conclusions qui devraient animer les débats devant la cour d’assises.
Le 24 juin 2021 à 20:21:01 :
Thomas*
- le nom à été changé pour cause de discrétion.
T'inquiètes, y a de bons p'tits Français qui font des trucs bien horribles aussi.
Tcheck "Rudy Carlin" sur Google News.
Marion, 28 ans, violée et tuée par un collègue : l’inexplicable coup de folie d’un jeune homme «ordinaire»
Au procès de Thomas J., jugé pour le viol et le meurtre de sa collègue Marion à Paris en mai 2018, les experts ont parlé «d’énigme sur le plan psychopathologique» au sujet de ce jeune homme sans antécédent judiciaire.
Par Caroline Piquet Le 23 juin 2021 à 07h00
Le docteur Marie-Élisabeth Meyer-Buissan, entendue en visioconférence depuis Caen, tord machinalement ses doigts sur la table. « Ce crime reste une énigme sur le plan psychopathologique », reconnaît la psychiatre, au premier jour du procès de Thomas J. jugé pour le viol et le meurtre de Marion, 28 ans, en mai 2018, rue de Picpus à Paris (XIIe). Comme elle, les quatre autres psychiatres et deux psychologues qui se sont penchés sur ce cas semblent s’y être cassé les dents. Comment un jeune homme « ordinaire » d’à peine 20 ans, inséré et sans aucun antécédent judiciaire, a-t-il pu passer à l’acte de façon aussi brutale ?
Pour la psychiatre, le caractère « très psychopathologique du passage à l’acte tranche avec la nature habituelle » de l’accusé, décrit comme « calme », « introverti », « fuyant voire évitant ». « Il ne s’est jamais montré violent, ni impulsif, malgré une rixe avec un détenu », pendant l’instruction. En garde à vue, Thomas J. a pourtant reconnu avoir étranglé sa collègue, négociatrice immobilier, d’une clé de bras, alors que celle-ci le priait de partir de chez elle. Les constatations médico-légales ont révélé qu’avant sa mort, Marion avait été violée d’une façon particulièrement barbare. À tel point que la juge d’instruction a retenu les qualifications pénales d’« actes de torture » dans son ordonnance de mise en accusation.
La « froideur affective » et le « manque de compassion envers les victimes » de Thomas J., ainsi que « la bizarrerie de son passage à l’acte », peuvent correspondre aux caractéristiques d’un « crime impulsif commis par les schizophrènes », estime le docteur Meyer-Buissan, qui n’a pu expertiser l’accusé que sur dossier — ce dernier a refusé de se soumettre à l’examen : « Mais il serait hasardeux de poser un diagnostic. Il n’est pas exclu que cet état psychotique bref soit un acte inaugural, une porte d’entrée vers la schizophrénie. Seule l’évolution du sujet pourra le dire. »
Un adolescent « solitaire, introverti, qui se réfugie dans les jeux vidéo »
Aux yeux du docteur Meyer-Buissan, les « raisons du passage à l’acte sont probablement multifactorielles ». Pour les éclaircir, il faut d’abord se plonger dans « l’enfance abandonnique » d’un garçon manifestement « carencé ». Thomas J. a deux ans lorsque ses parents se séparent. Il vit chez sa mère, mais il est gardé par sa grand-mère paternelle. Il est « proche » de cette femme, qui « le laisse faire ce qu’il veut », souligne l’enquêtrice de personnalité. Entre mère et fils, les relations sont en revanche plus conflictuelles : « Il a tendance à se décharger sur elle. » L’étudiant n’est pas non plus « particulièrement proche » de son père, un homme « strict et autoritaire ».
Thomas J. connaît une enfance plutôt « extravertie », « active », « sans problème particulier », selon l’enquêtrice de personnalité. Mais les choses se gâtent au collège, où il aurait été harcelé à cause de son appareil dentaire. L’adolescent « se referme sur lui-même » et se réfugie dans les « jeux vidéo ». « Solitaire », « introverti », il « communique peu avec ses parents ».
Quand il est au lycée, sa mère quitte la région parisienne pour s’installer dans le sud de la France. « Elle abandonne réellement son fils, pour le coup, précise le psychologue Bertrand Phesans. Thomas reste seul avec sa grand-mère. Il redouble sa seconde, et s’enferme un peu plus dans les jeux vidéo. » En terminale, il rejoint sa mère à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes). « C’est le plus beau jour de ma vie », déclarera Thomas à propos des retrouvailles. Mais quelques années plus tard, le compagnon de sa mère le met à la porte. « Mon conjoint n’a pas accepté Thomas », avoue à la barre la mère de l’accusé, qui « regrette beaucoup » avoir envoyé son fils chez son père : « Il a cru que je me débarrassais de lui. »
« Thomas travaillait sous l’aile protectrice de Marion »
Mais Thomas se heurte au rejet de la femme de son père, qui refuse de l’accueillir. Le jeune homme sombre dans la dépression. Le père de Thomas quitte alors sa femme et s’installe avec son fils dans un appartement de la rue Cambronne (Paris XVe). « J’avais de gros soucis psychologiques. Je prenais des antidépresseurs, je buvais régulièrement quand je rentrais du bureau. Je n’étais pas vraiment un soutien pour mon fils, confesse le père, engoncé dans une parka noire malgré la chaleur étouffante de la salle. La perte de mon frère et la séparation de mon ex-femme, ça faisait beaucoup pour moi. »
C’est dans ce contexte que Thomas J. entame, en septembre 2017, un BTS immobilier en alternance dans l’agence où est employée sa future victime. « Thomas travaillait sous l’aile protectrice de Marion. Elle le considérait comme son petit frère, précise le docteur Daniel Zagury. Il se noue entre eux une relation semble-t-il assez proche, mais désexualisée ».
Les parties civiles dénoncent « un manipulateur »
Mais Thomas bascule dans le « déchaînement pulsionnel » après avoir notamment appris, quelques jours avant les faits, que Marion flirtait avec Fanny. Il ne supporte pas non plus que Marion se rapproche d’Aurélien G., un collègue. « Thomas perçoit la sexualité de Marion, dont il a été privé. Il s’est probablement senti floué, attaqué dans son fondement narcissique, analyse le docteur Zagury. Thomas n’aurait pas non plus supporté d’être une nouvelle fois mis à la porte, « en résonance avec son enfance ». « Les digues se rompent. C’est une explosion atomique. Il est submergé, » retrace le psychiatre.
C’est le « contraste entre la personnalité de base » de Thomas et « l’explosivité » de son passage à l’acte qui a fait pencher les experts en faveur de la thèse de « l’altération du discernement ». Des conclusions contestées par l’avocat des parties civiles, Me David Lepidi, convaincu d’être au contraire face à un « manipulateur ». « L’instrumentalisation, nous ne pouvons pas l’exclure. Mais ce n’est pas ce que nous avons retenu du dossier », répond le docteur Meyer-Buissan. L’avocat de Thomas J., Me Sorin Margulis, avance pour sa part la thèse d’un « accès délirant » qui pourrait avoir été provoqué par le verre de souricide que son client affirme avoir ingéré avant le meurtre de Marion, dans un but récréatif, comme un « succédané de l’ecstasy ».
Thomas aurait alors étranglé la jeune femme d’une clé de bras, jusqu’à ce qu’elle arrête de bouger. Ensuite, dit-il, « c’est le trou noir ».
Une clé de bras ? Pas plutôt un étranglement ?
Sinon oui cette formulation fait vraiment forumeur "sans déconner"
Enfin à ce moment là le fait qu'il soit Nolife n'a rien à voir. C'était un détraquax laid. Un détraquax beau ça existe aussi, ça s'appelle Ted Bundy