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2021-06-12 08:46:48
https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/nantes-juge-pour-un-coup-de-couteau-mortel-dans-le-tramway-5176fb18-a2d5-11eb-865f-8333e4f65ebb
Vidéo glaçante. En ce mercredi après-midi, la présidente de la cour d’assises de Loire-Atlantique fait passer en boucle ces images de vidéosurveillance du tramway de Nantes. Hamdi Ben Feki, dans le box, aimerait bien baisser les yeux. Mais doit les regarder, comme lui enjoint de le faire la juge.
On le voit entrer dans le tram avec trois autres jeunes, parler avec deux autres, déjà assis. Dont Oussama Nadi. Nous n’entendons rien, la vidéo est muette. Pas de coups échangés. L’on peut deviner des voix qui s’emportent.
Tous se connaissent. Ou tout au moins se sont croisés dans la soirée, ce vendredi 21 juillet 2017. Place du Commerce. Hamdi Ben Feki y a frappé un ami d’Oussama Nadi. Violemment. « Il m’avait carotté 1 g de cocaïne et a insulté ma mère et mon père », tente-t-il de justifier aujourd’hui à la présidente. « J’étais énervé à mort », répète-t-il. D’autant qu’il avait dû battre en retraite quand « une vingtaine d’Algériens » étaient intervenus pour aider leur compatriote.
Ce soir de juillet, après cette bagarre, Hamdi Ben Feki, jeune homme âgé alors de 23 ans, originaire de Tunisie, se promet de les retrouver. Pour se venger. Il ordonne à ses amis d’aller lui chercher dans son appartement, du côté de Talensac, un pistolet et un couteau. Il est minuit et demi quand ils parviennent à retrouver
Oussama Nadi et son compagnon d’infortune, qui fait lui aussi l’objet d’une Obligation de quitter le territoire. Dans le tramway, à l’arrêt, à côté du CHU.
Une plaie de 6,5 cm d’où gicle le sang
Sur la vidéo, Oussama Nadi semble calmer les velléités belliqueuses de Hamdi Ben Feki. Rien ne laisse présager du pire. Tout le monde est assis. Soudain, un ami de Hamdi Ben Feki se lève, pointe un pistolet sur la tempe du copain d’Oussama Nadi. Va-t-il tirer ? Non. Mais Hamdi Ben Feki fond sur Oussama Nadi. Lui plante un coup de couteau dans le cou, au niveau de la carotide. Le geste est précis. Comme s’il l’avait répété des centaines de fois. Une plaie de 6,5 cm d’où gicle le sang.
Oussama Nadi, 22 ans, décédera quelques minutes plus tard, après s’être traîné vers les Urgences du CHU. Pendant que Hamdi Ben Feki et ses trois amis prendront la fuite.
Cette scène terrifiante, les parents d’Oussama Nadi ne la verront pas. Leur demande de visa ayant été refusé, ils n’ont pu venir assister au procès. La cousine de la victime se trouve là, avec son mari. En voyant ces images qui passent au ralenti, elle lâche un cri d’épouvante.
« Ça me choque de revoir cette scène, lâche Hamdi Ben Feki. J’étais pas dans mon état normal. J’avais pris beaucoup de choses dans mon cerveau, un cacheton, de la coke, de la vodka… » Il dit aussi avoir entendu des voix. Est-il responsable pénalement ? Les avis des experts divergent. Le jeune homme a multiplié les séjours dans les services psychiatriques.
La présidente est perplexe : « Vous avez tout de même organisé votre fuite. » Hamdi Ben Feki a été interpellé en Allemagne plus de deux mois après l’homicide. Après un périple en Suisse et en Italie. Verdict vendredi.