Autour de la place du Président-Salvador-Allende, qui jouxte directement la mairie de Pantin, une quinzaine de commerçants se sont rassemblés mercredi après-midi. Tous habitués du Magenta, le marché dominical qui se tient à proximité de la porte de la Villette, ces vendeurs sont venus faire part de leur colère après que la municipalité a décidé d’augmenter le tarif de leur droit de place.
La mesure concerne uaimement les forains dits « volants », c’est-à-dire les non-abonnés, qui sont placés à la journée sans place attitrée. Ils représentent la majorité de la centaine de commerçants accueillis chaque dimanche au marché Magenta. La mairie a décidé de faire passer le prix du mètre linéaire, qui leur est appliqué, ce qui représente une augmentation supérieure à… 145 %.
Une hausse difficile à digérer pour les vendeurs, qui la considèrent « très brutale et unilatérale » et qui se sont rebellés contre son entrée en application en mai. « C’est une espèce de dictature ! Ni nous, ni la Fédération des marchés de France n’avons été consultés avant leur décision. On a fait signer une pétition [contre], elle a été unanimement signée par les patrons et les clients du marché Magenta », assure David, le porte-parole des commerçants.
« Cela fait sept mois qu’on n’a pas travaillé et pendant le confinement, on double les prix ? Ce n’est pas sérieux », s’exclame Mohammed, vendeur volant depuis plusieurs années à Magenta, et dont le commerce a été perturbé jusqu’au 12 mai, comme ses homologues.
Les commerçants ont peur d’être chassés
« Les vendeurs abonnés sont là tous les dimanches, ils structurent et font vivre le marché. C’est normal qu’ils aient accès à un tarif préférentiel et actuellement, ce n’est pas le cas », explique Bertrand Kern, maire (PS) de Pantin.
« S’il n’y a pas de monde sur le marché, le volant peut aller chercher du profit ailleurs. Ici, l’abonné est contraint de s’adapter à l’affluence, il est donc normal que les volants payent plus cher. C’est une histoire de rééquilibrage économique. Les travaux du Grand Paris arrivent, le marché va devoir déménager pendant deux ans. Nous avons jugé l’occasion bonne d’enfin réévaluer les tarifs », défend encore l’édile.
Le Grand Paris express inquiète justement les manifestants, qui soupçonnent qu’on veuille les faire partir pour les remplacer par « des commerces pour les bobos (…). Pour l’image. » Autrement dit des vendeurs proposant des produits différents et de gamme supérieure à ceux de ces volants. Sur ce point, ces derniers ont notamment dans le collimateur l’adjointe au maire en charge du dossier, dont ils exigent le départ.
Un « geste d’apaisement » du maire
Mercredi, une délégation de commerçants a été reçue en mairie, à la fin de la manifestation. David et deux autres commerçants ont rencontré une représentante de la ville. Lors de cette réunion, qui s’est déroulée « dans le calme » selon les deux parties, les commerçants ont exposé toutes leurs revendications.
Le message est visiblement passé. Bertrand Kern a pris la décision de reporter l’augmentation des tarifs. « J’entends très bien ce que nos commerçants me disent, confie l’élu socialiste. Ils ont besoin de reconstituer leur marge, suite à la crise sanitaire. »
« Donc, en geste d’apaisement, je reporte la hausse au mois de septembre au minimum, annonce le maire. Je veux conserver ce marché, qui est très important à Pantin et en Île-de-France. » Il a également prévu de rencontrer son adjointe chargée du dossier.