Larrychance777
2021-05-23 16:20:21
Comme la plupart de ses compatriotes, Hsueh Sheng Wang est du genre discret. Il a installé ses bureaux au premier étage d’un petit bâtiment décati sans indication aucune, en plein cœur du Chinatown d’Auvervilliers, devenu premier centre d’import-export textile d’Europe. Impossible de deviner que ce Wenzhounais de 46 ans, arrivé dans notre pays à l’âge de 13 ans, est un homme d’affaires en pleine ascension. Après avoir travaillé dans le restaurant de ses parents, puis monté une petite société en 1993, il est aujourd’hui à la tête d’Eurasia, un groupe coté en Bourse de 22 millions d’euros de chiffre d’affaires, qui loue à des grossistes 300 000 mètres carrés d’entrepôts. Jamais à court d’idées, Wang s’apprête à créer un immense centre d’import-export de meubles dans le port du Havre, et il va construire 115 appartements à Aubervilliers, plus un centre commercial et un hôtel-résidence à Saint-Denis. «Ce n’est qu’un début, nous travaillons sur des projets immobiliers beaucoup plus importants», prévient-il, mystérieux.
D’après Richard Beraha, auteur de «La Chine à Paris», une famille sans papiers avec deux enfants (dont un né en France) peut, au bout de dix ans, économiser jusqu’à… 240.000 euros. Selon le sociologue, qui a côtoyé des centaines de migrants entre 2000 et 2010, ils travaillent dur et consomment peu. Grâce au capital accumulé et aux prêts consentis par les proches, ils peuvent ainsi in fine acheter un commerce. Par contre, les dons récoltés, qui dépassent rarement les montants offerts en retour, n’enrichissent pas les familles.
La réussite est encore plus flagrante pour la deuxième génération des 50 000 Indochinois arrivés dans les années 1950, au moment de l’indépendance, et des 250 000 «boat people» vietnamiens, cambodgiens et laotiens qui ont fui leurs pays dans les années 1970 et dont la majorité était en fait d’origine chinoise. Après de brillantes études, beaucoup de leurs enfants sont aujourd’hui médecins, cadres, ingénieurs ou hauts fonctionnaires. Et les fils de migrants venus de Chine populaire à partir des années 1980 s’en sortent plutôt bien aussi : selon la seule étude disponible sur le sujet, publiée par l’Insee et l’Ined, 27% des descendants de parents asiatiques occupent aujourd’hui un poste de cadre, contre 14% en moyenne pour les Français toutes origines confondues, 9% pour les fils de Maghrébins et 5% pour ceux d’Afrique subsaharienne.
Mais comment expliquer une telle percée, alors que tant d’autres immigrés – et de Français de souche – peinent à sortir de la misère ? D’abord, pour une simple question de culture. En Chine, travail, discipline et respect de l’autorité sont des valeurs ancestrales. «Depuis plus de mille ans, les élites de ce pays sont recrutées par un système d’examen national accessible à tous, qui permet aux plus pauvres de se hisser tout en haut de la pyramide»
https://www.capital.fr/economie-politique/immigration-pourquoi-les-chinois-reussissent-mieux-que-les-autres-793871
Pourquoi ils viennent pas plus en France ?https://image.noelshack.com/fichiers/2021/18/7/1620572127-jesus-barbe-serein.png