jerome_cahuzac
2021-05-13 02:40:20
Comment l'industrie agroalimentaire règne et intimide en Bretagne
La Bretagne est le 1er producteur d'agroalimentaire en Europe. Cette industrie fait l'objet d'enquêtes de journalistes ou associations particulièrement au sujet des dégâts qu'elle fait sur l'environnement. Avec des représailles à l'arrivée. Comme le probable sabotage de la voiture de la journaliste Morgan Large
https://www.franceinter.fr/emissions/camille-passe-au-vert/camille-passe-au-vert-15-avril-2021
Début avril,dénoncer les pressions exercées sur les journalistes. Menaces, violences, intimidations, omerta, collusions politiques... Les intervenants se sont élevés contre l'emprise de l'agro-industrie sur le territoire breton. Rencontre avec ceux qui disent non à une région sous influence.
Des champs de colza jaune fluo, quelques douces collines verdoyantes, une brise porteuse d’effluves marins… la Bretagne est belle comme une carte postale pour qui la traverse en touriste. C’est ce qu’on se dit en parcourant les routes qui nous mènent jusqu’à Rostrenen. La bourgade est depuis quelques jours au centre d’un événement inédit. Mardi 6 avril s’est tenu un rassemblement pour défendre la liberté de la presse et dénoncer les menaces diverses et variées qui pèsent sur les journalistes qui ont le mauvais goût d’enquêter sur les pratiques de l’agro-industrie. Les mots « omerta », « loi du silence », « pratiques mafieuses » sont lancés. Et voilà que, sous le soleil frisquet, Rostrenen prend des allures de village sicilien.
https://charliehebdo.fr/2021/04/societe/agro-industrie-la-bretagne-veut-en-finir-avec-la-loi-du-silence/
Pressions sur des journalistes : il ne fait pas bon d'enquêter sur l'agro-industrie en Bretagne
Le mercredi 31 mars, la journaliste bretonne Morgan Large s'aperçoit que sa voiture a été sabotée. Cet acte de malveillance fait suite à plusieurs événements curieux qui se produisent dans sa vie. Bien qu'un cap soit franchi, les journalistes ont l'habitude de subir menaces, pressions et intimidations dans la région.
C'est une histoire qui évoque plutôt la Russie que la France. Alors qu'elle se dirigeait vers sa voiture, le mercredi 31 mars 2021, Morgan Large, qui se présente à Marianne comme une « petite journaliste locale » en Bretagne, découvre deux boulons : l'un devant chez elle, l'autre sur la route qui mène à sa maison. L'incrédulité passée, elle comprend que ce sont ceux de son propre véhicule. « J'ai roulé avec pendant plusieurs jours, mes enfants à l'intérieur » relate celle qui est également éleveuse. Si elle ne s'en était pas rendu compte, la roue aurait pu se décrocher/.
TENTATIVES D'INTIMIDATION
Ce n'est pas le premier acte de malveillance qui la touche. Bien qu'elle affirme n'avoir « aucune idée d'où ça vient », ses récents déboires commencent après la diffusion du documentaire le 17 novembre 2020 « Bretagne, une terre sacrifiée » dans lequel elle n'est qu'interviewée. Lors de son intervention, Morgan dénonce les méfaits de l'agriculture intensive dans la région.
Malheureuse coïncidence, le soir de la diffusion, elle est ciblée par la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles de Bretagne (FRSEA). Dans un tweet, supprimé depuis, le syndicat défendait les « élevages familiaux » de Bretagne. Si le message ne la mentionne pas, il est accompagné d'une photo de son visage.
Le sabotage de la voiture de Morgan Large est un fait inédit. Pour autant, dans la région, les opérations musclées semblent ancrées dans la culture locale.« Concernant Morgan, il serait pas étonnant que ces attaques viennent d'individus du milieu agricole » théorise Alan Kloareg, président de la radio associative. « Entrer dans le rapport de force est quelque chose de classique. »
« On peut dire qu'en Bretagne, les agriculteurs savent s'organiser et connaissent l’intérêt d'un rapport de force » affirme l'associatif qui évoque une culture du « faire ensemble ».
« Harceler ses voisins, déposer du fumier, tout cela fait partie de cette tradition de rapport de force dans la région » confirme le syndiqué. « Quand on est journaliste à Morlaix, on y réfléchit à deux fois avant de couvrir un sujet sur l'agriculture. »
Le patron de la rédaction considère qu'aujourd'hui, le milieu a « appris à communiquer et présente un profil plus lisse ». Où alors, peut-être que les petites rédactions et autres journalistes indépendants sont plus faciles à intimider, au point d'utiliser des méthodes dignes des Balkans.
https://www.marianne.net/societe/agriculture-et-ruralite/pressions-sur-des-journalistes-il-ne-fait-pas-bon-enqueter-sur-lagro-industrie-en-bretagne