sacrifice-ban
2021-05-07 18:45:00
Jusqu’ici, la position de la France semblait ferme sur le sujet, l’argument principal étant qu’une telle mesure serait “sans intérêt”, faute d’outils de production de vaccins adaptés dans les pays intéressés. Emmanuel Macron s’était plusieurs fois opposé à la levée des brevets, lui préférant les dons aux pays démunis. “Le sujet, nous le savons aujourd’hui, n’est pas celui-là. C’est celui du transfert de technologie, de la mobilisation des capacités de production”, avait-il ainsi déclaré le 23 avril.
Son secrétaire d’État chargé des Affaires européennes Clément Beaune avait aussi souligné en avril, devant l’Assemblée nationale, que ça ne “sert à rien” de lever les brevets faute d’outils de production suffisants dans les pays en développement, tandis que la ministre déléguée à l’Industrie Agnès Pannier-Runacher avait qualifié la mesure de “fausse bonne idée”.
Homere-2
2021-05-07 20:58:02
Pourtant, lorsque l’on y regarde de plus près, Emmanuel Macron ne s’est pas totalement contredit ce jeudi. Même si, en effet, le “non” catégorique s’est transformé en “avis favorable” face à l’engouement suscité par la proposition américaine, dans le détail, Emmanuel Macron ne masque pas son scepticisme.
Il a d’ailleurs rappelé ce jeudi que, selon lui, la levée des brevets ne serait pas vraiment efficace. Il s’est pour cela appuyé à nouveau sur les arguments que son gouvernement déploie depuis plusieurs mois.
“Ce que j’ai dit simplement, c’est qu’aujourd’hui vous avez un goulot d’étranglement, ce qui rend difficile l’accès au vaccin. Vous pouvez transférer la propriété intellectuelle à des fabricants pharmaceutiques en Afrique, ils n’ont pas de plateforme pour produire de l’ARN messager. Notre sujet, c’est de transférer la technologie et de savoir-faire pour qu’il y ait des plateformes qui produisent des vaccins à ARN messager en Afrique, c’est ça la clé”, a expliqué le chef de l’État pour justifier l’évolution de sa position. Tout en insistant sur la priorité de produire et d’envoyer des doses aux pays pauvres qui n’en ont pas les moyens.
Dans la journée, son secrétaire d’État aux Affaires européennes Clément Beaune martelait encore cet argumentaire: “Cela fait 1 an qu’on agit au lieu de brandir des slogans. Aujourd’hui ce qui est utile c’est d’exporter des doses. L’Union européenne le fait, pas les États-Unis”.
Pas de grand changement donc dans l’idée de fond, mais peut-être une tentative de paraître à la page face au géant américain.
Longtemps réticentes, plusieurs puissances mondiales ont aussi été inspirées jeudi par l’annonce la veille de l’administration américaine en raison des “circonstances extraordinaires” de la pandémie en cours. La Commission européenne et l’Allemagne se disent désormais prêtes à en discuter et le président russe Vladimir Poutine a indiqué voir d’un bon œil cette idée défendue depuis des mois par de nombreuses ONG, de syndicats ou de pays comme l’Inde ou l’Afrique du Sud.
https://www.huffingtonpost.fr/entry/brevets-de-vaccins-macron-a-t-il-retourne-ou-simplement-reajuste-sa-veste_fr_6093fb7ae4b046202711089e
L'auteur qui ne lit pas jusqu'au bout